Déjà deux jours de festival dans les pattes, et de sacrés courbatures ! Botch nous a mis une belle gifle la veille, et Dvne aussi l’avant-veille. On retourne tendre la joue à la Valley. Spirit Adrift entame les festivités en annonçant la sortie d’un nouvel album, c’est pour eux l’occasion de tester sur scène “Barn Burner”, titre disponible depuis la veille sur les plateformes de streaming. Le heavy metal teinté de doom est des plus efficaces et Nate Garett semble très ému de se produire sur la même scène que ses guitaristes favoris. “Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais aujourd’hui il y a trois de mes guitaristes préférés qui jouent sur cette même scène : Dave Wyndorf, Wino et Kirk Windstein”, avant de lancer un “Ride into the light” galopant.
La tension retombe rapidement avec King Buffalo. Sous un soleil de plomb, la pelouse se transforme en poussière et la Valley prend de plus en plus la forme du désert californien. Le trio aux allures de Yawning Man fait planer une ambiance psychédélique en interprétant ses titres phares, “Burning” ou “Centurion”. Crowbar prend la relève avec son sludge qui prend aux tripes.
Kirk Windstein déboule sur scène, l’air grincheux et barbe grise, “Nous sommes Crowbar et nous venons de la Nouvelle Orléans”, avant de lâcher un mollard dans le ventilo. Le groupe place quelques morceaux de son dernier album en date, “Zero and Below”, mais c’est surtout l’occasion de triper sur “Planets Collide” pour ceux qui n’ont pas pu assister au passage de Crowbar au Hellfest en 2018. Autre pointure, The Obsessed, remet le couvert avec Wino aux commandes. Le groupe était en tête d’affiche du Desertfest cette année, et on comprend pourquoi. Voici un groupe 100% estampillé Valley, avec toute la lourdeur de ses guitares et ses influences blues recrachées dans un amas de distorsion. “Brother Blue Steel” fait mouche !
A l’heure du dîner, Earthless nous livre un jam bien chargé en guise de repas. Les saveurs sont acidulées et les épices qui parfument le plat ont des effets psychédéliques sur le public, qui en vient à s’allonger quelques instants pour profiter de la douceur du ciel. A la guitare, Isaiah Mitchell nous offre quelques envolées qui nous rappellent qu’il n’y a pas que des bonbons qu’on peut glisser sous sa langue…
Monster Magnet va faire un peu de remue-ménage après ce temps calme, le groupe qui célèbrera bientôt ses 35 ans d’existence fait toujours preuve d’une certaine vigueur, avec un Dave Wyndorf, figure du rock burné, au top de sa forme. La setlist est diablement efficace puisque le groupe joue ses gros titres “Space Lord”, “Powertrip”, “Negasonic Teenage Warhead”. Les enceintes de la Valley s’éteignent comme nos oreilles dans un bourdonnement continu après le passage de Clutch. Le charisme naturel de Neil Fallon embrase la fosse dès les premières notes de “Slaughter Beach”. Grooves percutants et riffs de guitares puissants, Clutch est la fusion parfaite entre le rock, le blues et le stoner. Le concert s’achève sur un enchaînement diablement efficace “Electric Worry” / “The Face”.
Juste en face, la programmation hardcore de la War Zone est d’excellente facture. La grosse bagarre commence avec les français de Hard Mind, avec leur beatdown féroce. La première sensation de la journée s’appelle Zulu, mené par l’infatigable Anaiah Lei, qui semble mue par ses pulsions les plus primaires. Mieux vaut ne pas être au milieu de la fosse, car leur message incisif, semble avoir piqué au vif les adeptes d’un pit invivable. On retiendra nécessairement l’interprétation de leur single “Fakin’ Tha Funk (You Get Did)”, où la fin du concert sur “52 fatal strikes”.
Direction Las Vegas, Nevada avec les coreux de Spiritworld. On aurait pu croire à une bonne blague avec leur backdrop ambiance “Western Spaghetti” et leurs costumes mexicains aux couleurs vives mais il n’en fut rien. A 13h35 et pendant les 40 minutes suivantes la Warzone fut digne de son nom. Slams, pogo et autres mosh pits furent de rigueur bien aidé par le flamboyant Stu Folsom au micro.On attendait avec impatience la venue de Mindforce, finalement annulée et remplacée par EYES. Les Danois ne sont pas passés par quatre chemins pour nous expliquer qu’ils méritaient leur place sur cette scène, à cet instant. Enorme set avec un chanteur en furie.
Un peu plus tard dans la journée, les vétérans de Pro-Pain ont décidé de transformer la War Zone en lessiveuse. Figé derrière son micro, l’imposant Gary Meskil reste impassible devant la foule qui s’éviscère sur les refrains de “Voice of Rebellion” et “Deathwish”. Le groupe clôture 50 min de baston généralisée sur un message de paix, “Make War Not Love”.
Black Flag jouera sur les mêmes planches glissantes de sueur dans la soirée, la formation compte pour seul membre originel Greg Ginn, à la guitare. Les trois autres musiciens ont rejoint Black Flag lors de sa reformation en 2013. Bien que le groupe interprète tous ses titres les plus connus – “Nervous breakdown” dès l’entame, “Six Pack” et “My War” un peu plus tard, “Rise above” et “TV Party” en fin de set – la prestation n’est pas très convaincante. Le groupe dénote un peu par son style après le passage des livreurs de patates en série, et c’est franchement statique sur scène. Dernier groupe à passer, Municipal Waste va redonner un peu d’adrénaline au public avant d’aller se coucher. Ryan Waste lance le show avec le riff épique de “Demoralizer”. Tony Foresta tient parfaitement son rôle de frontman, invitant son public au sein du circle pit. Municipal Waste a prévu quelques enchaînements particulièrement énervés, tel que “Grave Dive” suivi de “You’re Cut Off” et “Sadistic Magician”. Le concert s’achève à 2h du matin sur un titre de rigueur “Born to Party”.
Sur la Altar, la présence de Lorna Shore fait sensation. Malgré un créneau horaire loin d’être évident (Iron Maiden est sur la MS1 en même temps) l’affluence est là. Il faut dire que la musique proposée par la bande à Will Ramos ne joue pas tout à fait dans la même catégorie puisque nous avons à faire à du bon gros deathcore des familles. Le vocaliste est en pleine forme et toute l’étendue de sa panoplie vocale fut déployée au grand plaisir du pit ! Scream, chant guttural, pig squeal, j’en passe et des meilleurs, un grand moment du Hellfest.
Sur les Main Stage, on aura pu assister à l’excellent concert de Puscifer. Le groupe de Maynard James Keenan, accompagné au chant par Carina Wound, arbore des costumes noirs et un look très Men in Black. Au-delà de la performance artistique, on retiendra la scénographie où des aliens coursent les musiciens, et où ses derniers semblent sincèrement prendre plaisir à être sur scène et communier avec leur public. La tessiture si particulière de la voix de Maynard James Keenan est toujours une expérience étonnante à vivre en live. Que ce soit sur “Fake Affront”, “UPGrade” ou “Man Overboad”, les mélodies semblent noyées dans l’éther, et chaque musicien tient une place prépondérante dans l’interprétation des morceaux. Le concert s’achève sur “The Remedy” sous l’acclamation d’un public conquis.
Après plus de 11h à mater du concert, on en a pleins les yeux, pleins les oreilles. Il est temps de rentrer car demain, c’est le grand final avec Slipknot, Pantera et les Melvins !