
Qui n’a jamais rêvé de prendre sa revanche vingt ans plus tard ? Ou revenir à l’âge de son adolescence, paire de Doc Martens aux pieds, à boire une bière entre potes au bar du village ? Cachemire évoque tout cela dans Suffit juste d’une seconde, son nouvel album. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on se prend une bonne claque d’un excellent rock acéré durant toute son écoute !
Plus de dix ans que Cachemire « secoue le cocotier du rock français ». Pour leur dernier né, les cinq musiciens frappent une nouvelle fois à grands coups de guitares électrisantes, de batterie pugnace et de textes bien aiguisés. C’est peut-être le meilleur album de leur carrière, celui qui sonne comme un tournant. Côté scène, ils n’ont pas hésité à troquer leurs vieux cuirs contre des robes blanches éclatantes. Un immense triangle lumineux inversé, symbolisant la féminité et les énergies yin dans le domaine spirituel, les surplombe. Le Cachemire nouveau est arrivé, faisant apparaître une fraîcheur semblant les sortir de tout travers. Car oui, cet opus fleure bon le renouveau. Celui d’un groupe décidé à ne pas sombrer dans la routine.
Avant d’en dévoiler davantage, il est utile de revenir un peu en arrière, lors des enregistrements en studio. Alice n’avait pas encore rejoint la formation. Les garçons ont fabriqué leur opus sans elle. Fred voulait un son brut, un son rock. Mais il sentait qu’il faisait fausse route, et sa maison de disques le confirmait. Ils décidèrent de tout jeter. Ou presque. Farid admet que c’est l’album le plus dur à faire de sa carrière. Le plus passionnant aussi. Seb reconnaît que leur persévérance les a conduits à produire quelque chose de plus poussé. Comme ils le chantent dans « Reset », « il suffit juste d’une seconde pour changer ta vision du monde ». Le résultat est sans appel.
Suffit juste d’une seconde est taillé pour la scène et dans le rock, comme ils le disent si bien. C’est un album qui donnera inévitablement envie de se déhancher dans son salon. De chanter en hurlant dans sa voiture. Ce sont treize titres très efficaces. Treize morceaux qui prennent aux tripes, les uns comme les autres. Treize histoires que Fred Bastar nous raconte, et qui font réfléchir. Dont déjà trois relatées par Vacarm, à l’instar de « Pied au plancher », « Ma gueule », et « Mouscash ». C’est également une envie de faire danser les gens qui viennent vous voir à votre enterrement, que tout le monde fasse la fête, comme on l’entend dans « Chanson pour sépultures ».
Ce nouvel opus fait voyager dans le temps. Avec un son purement « cachemirien » et le clavier de Corentin Pujol, qui a fait l’honneur de sa collaboration, « À l’ancienne » fait retourner en adolescence. « 20 ans plus tard », quant à lui, vous ramène au présent, lorsque vous avez acquis la force nécessaire pour vous défendre contre le gamin qui vous plaquait contre un mur, dans votre jeunesse. « 2080 », avec ses riffs par à-coup, vous plonge dans un futur qui raconterait les atrocités de notre présent de manière impensable. Enfin, « Suis-moi baby ! » promet un avenir qui vous sortirait de la routine, de changer d’avis et de changer de vie.
Si « Rien à foutre » donne l’envie de fuir ce cousin qui vous ennuie avec ses histoires lors des repas de famille, « Ces voix » exprime la volonté de quitter leur souffrance pour ceux qui sont atteints d’une maladie mentale. Ils partent, hélas, au combat chaque matin, avec des voix dans leur tête. Sur des tons plus posés et solennels, « Adam » traite le sujet délicat de l’identité sexuelle. Il s’agit d’une petite fille qui veut devenir un garçon. « Seul », quant à lui, vous plonge dans la peau de celui qui reste. Celui qui vit le décès brutal de l’être cher avec qui il a partagé sa vie. Dans ces deux titres à l’ambiance pesante, Fred donne l’impression de dire : « Viens, assieds-toi et écoute, c’est important ».
Suffit juste d’une seconde est un album sorti le 10 octobre 2025 par Enragé Prod et Les Deux Grands Secs Production. Il est disponible en vinyle et en CD, tous deux de couleur blanche, ainsi qu’en pack collector. La pochette est rouge-orange. Le visuel choisi est un bras vêtu de blanc à la diagonale, probablement celui de Farid, la main ouverte dans laquelle se trouve un triangle noir inversé. Foncez vite vous le procurer : une fois que vous l’aurez, vous ne pourrez plus vous en passer !


.: Tracklist :.
- Reset
- Mouscash
- Ma gueule
- À l’ancienne
- Pied au plancher
- Adam
- 2080
- Suis-moi baby !
- Ces voix
- 20 ans plus tard
- Rien à foutre
- Seul
- Chanson pour sépultures


