Fin d’année oblige, une petite séance de rattrapage s’impose. Entre le retour de vieilles gloires, la dissolution de nos idoles adolescents, ou l’ascension de nouveaux talents, ces douze mois ont offert une palette sonore riche et audacieuse. Audace et créativité ont été les maîtres-mots, donnant naissance à des œuvres qui marient les genres, défient les stéréotypes et explorent de nouvelles textures. Des collaborations inattendues aux performances qui marqueront l’histoire, 2024 restera gravée dans les mémoires comme une année où la musique a su réinventer ses propres codes. Voici une sélection d’albums qui ont rythmé l’année 2024.
Gojira – Mea Culpa ( Ah ! Ça ira !)
Quel coup de projecteur phénoménal pour la scène Metal en France ! A la surprise générale, la prestation de Gojira aux fenêtres de la Conciergerie, restera l’un des moments marquants de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Accompagné de la chanteuse lyrique Marina Viotti, Gojira nous aura régalé avec une interprétation enflammée de l’hymne révolutionnaire, « Ah ! Ça ira » composé en 1790, à l’occasion du 14 juillet.
Les groupes venus de Bergen, en Norvège, ont plutôt tendance à jouer du Black Metal et être amateur de Corpse Paint. Slomosa, c’est justement tout l’inverse : un stoner chaleureux et réconfortant. On a totalement poncé leur deuxième opus, « Tundra Rock » ; un objet envoûtant où la ligne mélodique du single, « Cabin Fever », est devenu une addiction pour nous. Slomosa figure parmi les têtes d’affiche du prochain Desertfest…
Knocked Loose – You Won’t Go Before You’re Supposed To
La dernière livraison de la bande à Bryan Garris est diablement sulfureuse. Le groupe de deathcore pousse l’auditeur dans ses derniers retranchements. Knocked Loose maitrise parfaitement la recette pour nous amener dans un état de rage, d’énervement et de frustration inégalé. Le groupe est récemment passé en prime time, lors du célèbre Jimmy Kimmel Show, déclenchant une polémique – certains spectateurs s’offusquant de voir une musique aussi « violente » à une heure de grande écoute…
Julie Christmas – Ridiculous And Full Of Blood
On avait presque oublié Julie Christmas depuis sa collaboration avec Cult of Luna sur « Mariner », il y a 8 ans. La vocaliste revient avec un album, post-metal riche et bien construit. Son single « Supernatural » suffit à convaincre de la qualité de cet album solo. Son passage sous un déluge de plus restera l’un des moments marquants du dernier Hellfest.
Glass Beams – Mahal
Attention, objet non identifié ! Dans un style rock instrumental, psyché et oriental, le trio Glass Beams déploie un univers des plus mystérieux. L’auditeur se mue en serpent face aux instruments de ces virtuoses charmeurs. Rares sont les groupes capables d’évoquer en quelques notes des images sensorielles aussi claires.
Sum 41 – Heaven :x: Hell
Dans un registre plus pop, Sum 41 termine actuellement sa tournée d’adieu. Une page qui se tourne sur 30 ans de carrière, ça nous rend forcément nostalgique, mais aussi un peu tristes car ce dernier opus est de grande qualité. On trouve le groupe canadien particulièrement généreux : Deryck Whibley s’est longuement exprimé sur les raisons de cette dissolution, la tournée à rallonge passe par des villes de taille moyenne, et 20 titres d’excellente facture en guise de souvenir éternel. Chapeau.
Los Bitchos – Talkie Talkie
Révélé lors des Transmusicales de Rennes en 2019, Los Bitchos poursuit son chemin avec la sortie d’un second album qui met à l’honneur la fusion entre rock psyché et cumbia. « Talkie, Talkie » est un album élégant, festif et foncièrement glamour. Les références sont nombreuses dans cet album instrumental, les rayons de soleil du surf rock ne sont jamais bien loin du kitsch ou des influences latines…
Blood Incantation – Absolute Elsewhere
Si même Philippe Manoeuvre se met à aduler Blood Incantation, c’est que le groupe de Denver a réussi à s’affranchir des frontières habituelle du death metal. « Absolute Elsewhere » est une odyssée sonore où le krautrock se marie au beatblast, où la naïveté New Age rencontre la radicalité brutale des guitares. Loin d’être démonstratifs techniquement, Blood incantation nous offre en revanche une immersion totale dans un univers pink floydien.
Slift – ILION
Désormais signé au sein du mythique label Sub Pop, le groupe toulousain prend une autre envergure avec son second album. « ILION » est une œuvre titanesque, où le heavy rock est joué à pleine mesure, où les musiciens semblent ne jamais relâcher leurs efforts poussant leurs instruments jusqu’à l’incandescence. Ce deuxième album a été salué unanimement par le public et la critique.
REZN – Burden
Le groupe de doom de Chicago livre un septième album qui témoigne de la maitrise totale de son univers musical. Entre expérimentations sonores (le groupe embarque des machines, un saxophoniste…) et claques sur la nuque, REZN livre un album plutôt audacieux où se marient à merveille les saveurs doom et shoegaze. A noter que REZN tourne actuellement avec Russian Circles, rien d’étonnant à cela, puisque Mike Sullivan apparait sur le single « Chasm ».
Thrown – EXCESSIVE GUILT
Thrown, c’est un direct du droit. Dans le sillage de Knocked Loose, le groupe suédois défend son premier album, « EXCESSIVE GUILT », simple, direct, sans fioritures. 20 petites minutes qui se positionnent entre l’album néo-metal des années 2010, et la scène deathcore récente. A voir si le groupe saura se renouveler, mais voici déjà un premier essai transformé.
Jerry Cantrell – I Want Blood
Signe des Grands, on reconnait instantanément une ligne de guitare jouée par Jerry Cantrell. Membre fondateur d’Alice in Chains et figure de la scène de Seattle, Cantrell signe un cinquième album solo, comme un miroir de son existence : intense, flamboyante et souvent marquée par les écorchures. Accompagné par un casting de cadors (Greg Pucciato, Robert Trujillo, Duff Mc Kagan, ….), ce nouvel effort contient de belles harmonies vocales, comme sur « Afterglow ».
Hot Water Music / Quicksand – Split
La rencontre entre Hot Water Music et Quicksand nous offre un bien bel objet à mettre sous le sapin, en cette fin d’année ! Quatre petits titres échangés entre deux formations majeures : « Fazer » et « Undertow » repris par Hot Water Music, « Free Radio Gainesville » et « Supercollider » réinterprétés par Quicksand. C’est une belle petite pépite qu’on attendait pas !
Castle Rat – Into the Realm
Voici des amateurs de Doom qui ont un peu trop regardé Conan Le Barbare… Castle Rat livre un premier album qui se joue des stéréotypes du genre, sans grande originalité – certes – mais avec une terrible efficacité. Retour nostalgique au moment où Black Sabbath dessinait les contours du genre, avec « Master of Reality ».
Chat Pile – Cool World
Entre noise, sludge et hardcore, le deuxième album de Chat Pile, « Cool World », est une œuvre terrifiante, profondément dysfonctionnelle où les paroles horrifiques rivalisent avec la brutalité des instruments. Profondément nihiliste et violent, Chat Pile nous invite dans un monde sans aucune harmonie.
Speed – Only One Mode
On attendait depuis un petit moment la sortie du premier album de Speed. Le buzz montait doucement autour de la formation australienne au fur et à mesure de la diffusion des clips de leurs futurs singles. Oui, même les groupes de hardcore doivent exister par l’image désormais. Mais le succès de Speed ne réside pas que dans la réalisation de vidéos qui parlent à leur public. Le groupe n’a de cesse de tourner, et s’est ancré solidement dans le Pacifique Est avant de partir à l’assaut de l’Europe l’été dernier. Que ce soit au Hellfest ou à l’Olympia en première partie de Turnstile, Speed a montré toute sa personnalité et s’est forgé une solide fan base.
Heriot – Devoured by the Mouth of Hell
Deuxième album pour Heriot, qui s’affranchit des stéréotypes de la scène metalcore / deathcore actuelle pour nous livrer un objet insolite aux influences indus et sludge. Emmené par l’étonnante Debbie Gough, devenue égérie des guitares Jackson, la formation anglaise lance une petite bombe qui allie radicalité et virtuosité.
DIIV – Frog in Boiling Water
Né de la florissante scène musicale DIY de Brooklyn au début des années 2010, DIIV n’a de cesse d’explorer de nouvelles textures. Leur dernier album, entre brit-pop, psychédélisme allemand et shoegaze, contient quelques petites pépites sonores. Pour les amateurs de My Bloody Valentine ou de Slowdive.
Gatecreeper – Dark Superstition
Ces gars là ont troqué leurs guitares pour des tronçonneuses. Signés chez Nuclear Blast, le groupe venu d’Arizona a musclé son jeu avec « Dark Superstition » pour produire un album de death body buildé. Radical sans être rudimentaire, tranchant sans être aseptisé, épicé et non pas édulcoré, ce nouvel album de Gatecreeper aurait la fâcheuse tendance à déplaire aux puristes du style, pourtant voici un album diablement efficace !
Et maintenant, place à 2025, avec son lot de promesses, d’émotions et de surprises sonores à découvrir !