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Le Club des 27 – Tome 1, Amy Winehouse

En octobre dernier, l’éditeur Jungle Thriller a sorti le premier tome du Club des 27. Cette série de bandes dessinées a pour but de retracer la vie des membres de ce triste club, tous âgés de 27 ans et souvent morts dans des circonstances douteuses. Ce premier tome est donc consacré à la diva de Camden décédée le 23 juillet 2011. Ecrite par le critique rock Patrick Eudeline et Christophe Goffette et dessinée par Javi Fernandez, la BD tente de résumer tant bien que mal la courte vie d’Amy Winehouse en quarante-six pages.

Si le concept est intéressant sur le papier, dans les faits certains anachronismes ou raccourcis semblent de mise. En effet, si on compare la bande dessinée au récit biographique de Mitch Winehouse, paru en juin 2012, ou à d’autres publications sur le sujet, il semblerait qu’Eudeline et Goffette aient extrapolé certains faits pour mettre l’accent sur le côté sulfureux de la vie de la chanteuse.

Mais commençons par aborder la structure du bouquin. Les premières pages illustrent l’enfance de la chanteuse, son goût pour la musique, sa découverte de certains artistes comme Frank Sinatra (d’où le titre de son premier album) mais aussi la façon dont elle a (mal) vécu le divorce de ses parents. Puis, très vite, la BD effleure superficiellement la création de Frank, disque inspiré principalement par sa rupture avec Chris Taylor, lorsque la chanteuse avait vingt ans.

Au fil des pages, un paradoxe se fait sentir entre la BD et les différents ouvrages sortis au sujet d’Amy Winehouse. Effectivement, le duo Eudeline-Goffette dépeint une relation conflictuelle entre la chanteuse et son père. Il y est même écrit dans une bulle rattachée à Mitch Winehouse : « Il ne faut pas que tu prennes tout ça trop au sérieux (…) Trouve-toi un beau parti, fais moi de chouettes petits enfants, assure tes arrières… » Cela peut paraître surprenant car le paternel Winehouse a toujours été dépeint – et a toujours dit clairement lui-même – que le plus important était la musique de sa fille. Dans son livre Amy, Ma Fille, on peut même y voir une certaine obsession, l’alcoolisme de sa fille lui paraissant surtout problématique car cela l’empêchait de monter sur scène ou de partir aux Etats-Unis aux remises de prix.

Dans ce premier tome du Club des 27, exit également la descente aux enfers amorcée par la rencontre Winehouse/Fielder-Civil. La suite de la BD est d’ailleurs principalement axée sur cette relation amoureuse tumultueuse et destructrice. Les tentatives de la chanteuse pour remonter la pente et se sevrer elle-même de ses addictions sont complètement passées à la trappe. Les anachronismes semblent en plus être de rigueur. Par exemple, selon la BD, « Rehab » a été écrite quand le couple battait de l’aile. Selon le père de la chanteuse, cela date d’avant sa rencontre avec Blake Fielder-Civil quand, devant l’insistance des amis d’Amy Winehouse, il avait tenté de la persuader de partir quelques semaines en désintoxication et que celle-ci lui avait répondu : « I won’t go, no, no, no ».

Mis à part cela, comme pour Frank, la création de Back To Black en 2006 est abordée de manière très succincte même si le duo d’auteurs semble avoir tenté de montrer l’importance de Mark Ronson, producteur de cet album.

Autre aspect plutôt méconnu de la vie d’Amy Winehouse et mis en avant dans la bande dessinée : sa relation amicale avec Pete Doherty. Selon Eudeline et Goffette, ces deux là se considéraient comme frère et sœur, au point où le rockeur aurait peint un tableau à l’aide du sang de la diva intitulé My Ladylike (vendu ensuite aux enchères en 2012). La BD affirme même – et c’est d’ailleurs le dessin final – que l’ex-membre des Libertines aurait plié bagages pour Paris après la mort de la chanteuse afin de ne plus « voir » son fantôme.

Bref, si du côté du graphisme et du dessin, il n’y a rien à redire, le scénario peut laisser perplexe. En effet, on ne voit rien de l’envers du décor de la vie d’Amy Winehouse comme son combat pour vaincre sa toxicomanie ou ses rechutes perpétuelles vers la boisson, la faisant ainsi rater nombre de ses concerts devant l’incompréhension de ses fans. Le contenu de ce tome 1 ne vaut donc guère mieux que les tabloïds qui avaient fait leurs choux gras de la déchéance de l’une des plus grandes chanteuses du vingt-et-unième siècle. Les prochaines bandes dessinées de cette collection retraceront le parcours de Kurt Cobain, Jim Morrison, Janis Joplin et Jimi Hendrix. Espérons que le côté sulfureux rattaché à la vision caricaturale de Patrick Eudeline et Christophe Goffette de la vie de rock star laissera place à un peu plus de réalisme et d’objectivité.

Le Club des 27. T1. Amy Winehouse. 12,95€.

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