Ce soir au Nouveau Casino, nous avons fait une rencontre du 3e type. Père fondateur d’un style musical qui lui est propre, Brant Bjork a initié quelques uns des plus grands groupes de la mouvance Desert Rock. De Kyuss à Fu Manchu, en passant par pléthore de participations Brant Bjork est un compositeur hors-norme qui s’est épanoui au sein de ses projets solo. Il fut successivement batteur et guitariste au sein du légendaire boys band Kyuss (Josh Homme, Nick Oliveri, John Garcia …) et des peroxydés Fu Manchu ce qui confère une « patte » unique à son blues-rock ensoleillé.
La veille du concert au Nouveau Casino, Gods & Godesses, nouvel album du bluesman californien vient de faire sa sortie en France. Celle-ci passe inaperçue, à l’exception du noyau dur de fans qui entoure Brant Bjork, fortement reconnu pour ses savoureuses mélodies blues rock planantes, en contraste complet avec les riffs lourds et pêchus qu’il a pu produire par le passé. Difficile de se procurer l’album chez les disquaires, pourtant une bonne partie du public va chanter en cœur avec l’artiste sur ses nouvelles compositions, telles que « Little World », « Porto » ou « Radio Mecca ».
On aurait pu imaginer un Brant Bjork charismatique occultant la performance des musiciens qui l’accompagnent. Pourtant, le songwriter moustachu à la peau mat va laisser tout le terrain d’expression à un bassiste exceptionnel. D’une étonnante présence à gauche de la scène, jouant au doigt, Billy Cordell va émettre des vibrations intenses qui vont transcender le public. A l’arrière, on retrouve un batteur dreadlocké, Giampaolo Farnedi, qui, derrière des parties sans fioritures, révèle toute la subtilité et la précision de son jeu. Quant à Brant Bjork, accompagné du guitariste Brendan Henderson à sa gauche, il va véritablement nous dévoiler ses talents sur de longues improvisations, rarement hasardeuses. A l’image du mythique « Too many chiefs…not enough indians », Brant Bjork va se lancer dans un long solo pentatonique qui mettra le public à genoux.
Brant Bjork a pris le parti ce soir de nous faire voyager dans son univers, jusqu’au fin fond du désert californien, tout en douceur. Le concert sera une longue montée d’adrénaline, débutant par des titres plutôt calmes, laissant place à l’introspection sur « Low Desert Punk », « Porto» ou « Radio Mecca » avant de quitter prématurément la scène après le magique « Too many chiefs … not enough indians », laissant le public avec un sentiment de frustration comme si le concert n’avait jamais commencé. Pourtant, quand Brant Bjork va remonter sur scène pour 4 titres de rappel la foule sera définitivement en délire, engendrant un pogo furieux sur « ‘73 ».
Les passages de Brant Bjork sont définitivement trop peu fréquents en France. Il jouera bientôt au Hellfest aux côtés de ses ex-compères Nick Oliveri et John Garcia mais on ne peut qu’espérer le voir bientôt revenir à Paris. Voilà un artiste qui vaut le détour !
.: Setlist :.
Freaks of nature
Dr.Special
Low Desert Punk
Little world
The future rock (We Got It)
Porto
Hydraulicks
Oblivion
Radio Mecca
Somewhere Some Woman
Lazy Bones / Automatic Fantastic
Too many chiefs… not enough Indians
Turn yourself on
Adecante
‘73
Good Time Bonnie