Sidilarsen – Que la lumière soit

C’est le bal des vieux briscards chez Verycords. Après Black Bomb A et quelques semaines avant les marseillais de Dagoba, Sidilarsen revient avec son album post-COVID. Que la lumière soit : le titre laisserait presque à penser que ce huitième disque a été pensé en antithèse de son prédécesseur. Involontairement prophétique dans ses thématiques – nombreux sont ceux qui pensaient aux premières heures de la pandémie qu’une partie de la population mondiale allait grignoter les pissenlits par la racine –, On va tous crever était clairement le disque le plus sombre des Toulousains. S’il s’inscrit finalement dans la relative continuité des travaux passés du groupe, ce nouvel album apporte néanmoins son petit lot de changements.

Les Sidi ont toujours maintenu un rythme relativement soutenu niveau sorties. Pour la première fois de sa carrière, la formation aura pris le temps de souffler. Une probable conséquence des confinements et des multiples blocages de la production live, qui ont contraint les musiciens à jouer dans des conditions particulières voire à « hacher » des tournées. Mais pas que. Samuel Cancel, batteur et membre fondateur, a souhaité par ailleurs stopper l’aventure et s’orienter vers de nouveaux projets personnels. C’est le jeune Marvyn Palmeri qui reprend le matraquage, avec une fouge qui habille parfaitement un disque certes moins compact que le précédent mais malgré tout bien tranchant. Sidilarsen annonce toujours la couleur avec un titre d’ouverture d’une redoutable efficacité, et « Adelphité » ne fait pas exception à la règle. Le riffing est puissant, le refrain parfaitement troussé et les habillages électroniques subtils mais utiles. La formule Sidi a fait ses preuves et elle reste parfaitement appliquée sur ces nouveaux morceaux : une fusion bien calibrée entre agressivité et mélodies, à mi-chemin entre le rock, l’indus et le néo-metal. C’est hyper-soigné sans être clinique, le quintet maitrisant sa science du refrain qui fait mouche comme peu de formations nationales. Que la lumière soit en compte à ce titre une sacrée palanquée.

Que la lumière soit ne marque pas de cassure ou de nouveau départ dans la discographie bien fournie du quintet. Mais il respire davantage, joue un poil plus des contrastes et des ambiances. Un très gros boulot a été apporté au niveau des samples et des machines, qui amènent à plusieurs reprises une dimension presque grandiloquente. Voire lorgnent vers des sonorités quasi-mystiques qui donnent au titre du disque tout son sens. C’est notamment le cas du premier single « On revient sur terre », de l’interlude « Luminaria », qui introduit l’énorme « Miroir Océan », ou encore de l’hymne final « Inanité ». La quasi-majorité des titres de ce nouvel album sont de potentiels singles en puissance, et possèdent l’aspect fédérateur qui tabasse méchamment en live – l’intensité affichée par ce V(e)mpire, c’est quelque chose –. Benjamin « Viber » et David Cancel se connaissent par cœur, et se répondent / complètent comme toujours parfaitement au micro. On pourrait bien faire les pointilleux sur quelques rimes un poil moins habiles, mais ce serait vraiment pinailler pour pinailler, tant les deux chanteurs font raisonner le français avec brio et abordent sans lourdeur des thématiques très actuelles. Et ce même lorsqu’ils se risquent à plancher sur des sujets délicats comme les théories conspirationnistes – le très bon « Intox » –.

S’il est clair que Sidilarsen est une énorme référence de la scène française en matière de live, c’est toujours un énorme kif que de les retrouver sur album. Sans révolution, le groupe pose une huitième pierre de qualité pur premium à un édifice en acier trempé. Well done.