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[Motocultor 2022] Interview : Benighted

Durant cette édition 2022 du Motocultor Festival, par ailleurs probablement la dernière sur le site de Kerboulard (on ne se lassera jamais de ce nom !) à Saint-Nolff , les amateurs de metal extreme on dû faire un choix difficile : aller voir Regarde Les Homes Tomber ou Benighted ? Un choix cornélien qui nous aura été difficile de faire, mais il le fallait. On a profité de l’occasion pour rencontrer Julien Truchan, leadeur et chanteur du groupe, pour lui poser quelques questions.

Motocultor 2022 J3 5 Benighted (14)

Hello Julien et merci de nous recevoir ! Comment vas-tu ?

Bah écoute plutôt bien ! Bon, un peu de fatigue quand même, c’est le troisième festival en trois jours. Mais on a l’Energie et qu’une hâte, c’est de monter sur scène tout à l’heure pour ce Motocultor et profiter sur scène avec les gens qui seront là !

Depuis peu, le groupe a un musicien en moins sur scène. Comment ça se passe ?

On a choisi de rester à une seule guitare sur scène pour l’instant, sachant qu’on va vite venir à un système pour sampler la guitare manquante. Pour l’instant, on a fait une setlist qui marche très bien à quatre musiciens. Il se retrouve que Benighted demande énormément d’énergie… et Fabien a commencé à être vraiment très très fatigué des tournées intenses. On a tous des jobs à côté à temps plein et c’est exténuant. C’est pour ça que le line-up a beaucoup changé au fil du temps. Ca demande beaucoup d’énergie. Fabien s’est donc senti vraiment fatigué, à devoir parfois annuler quelques venues. Il est arrivé au bout de ce qu’il pouvait donner, il était temps qu’il s’arrête avant qu’il lui arrive quelque chose sur la route par exemple. C’est totalement normal. Je suis le seul rescapé du line-up d’origine !

Et toi, tu tiens comment ? Tu as une hygiène de vie spéciale ?

Ecoute pour l’instant ça va toujours (rires) ! A croire que j’ai un métabolisme spécial, mais vraiment on ne peut pas du tout exiger ça de tout le monde ! Mais je n’ai pas vraiment d’hygiène de vie imaginée en fonction du rythme de Benighted. Je fais la bringue, je ne m’écoute pas vraiment. Je suis toujours dans le mouvement. Mais je fais aussi beaucoup de sport, ça m’aide énormément.

Cette setlist travaillée autour de quatre musiciens, ça vous a posé des problèmes en particulier ?

Non, pas franchement. La setlist de base est quasiment inchangée en fait. On a éclipsé les morceaux où vraiment les deux guitares étaient essentielles. Et puis c’est momentané, on les fera revenir quand on aura ce système de sample au point pour les prochaines dates. Donc non ça a été relativement facile pour nous de revoir la setlist. La plupart de nos « hits » se prêtent très bien à l’exercice, même si cela s’est décidé très vite. On a déjà fait cinq dates sans lui et aussi bien de notre côté que celui du public, ça s’est très bien passé. Les gens disent que ça sonne super bien quand même et on trouve aussi que ça rend la musique encore plus précise.

Cette formule à quatre est-elle temporaire ?

On pense très franchement que non. On découvre aussi qu’on a une bonne osmose dans cette configuration, que ça marche très bien comme ça. On gardera les guitares samplées manquantes pour certains titres, mais on ne peut pas pour l’instant accueillir un nouveau membre au sein du groupe. Tu sais, c’est beaucoup d’énergie aussi d’intégrer quelqu’un, il faut recruter, reprendre des bases ensemble, la scéno… Et pour la composition, c’est quand même Manu qui compose majoritairement, on va dire 99,9% de la musique. Donc ça ne changera pas énormément notre façon de faire. Peut-être même qu’on limite les risques à rester sur un fonctionnement à quatre.

Motocultor 2022 J3 5 Benighted (18)

Sortir un album en pleine pandémie, c’était comment ?

Ah bah mortel bien sûr (rires) ! Non plus sérieusement, c’était très frustrant. Il a fallu qu’on prenne énormément sur nous pour se faire à l’idée qu’on ne pouvait pas tourner pour promouvoir « Obscene Repressed », notre nouvel album. Après on s’est adaptés, comme tout le monde. Il y a toujours plus malheureux que nous. On a utilisé notre temps-libre pour composer un titre qui a servi à récolter de l’argent pour une salle de concert à Lyon. Cette salle, c’est le Rock’n’Eat, elle est tenue par des amis très proches à nous. Ils se sont retrouvés en grande difficulté financière suite à cette période noire. On a voulu les aider comme on pouvait. On a aussi sorti trois autres titres durant ces deux années-là, histoire de se maintenir personnellement et de maintenir Benighted dans l’actualité.

Comment s’est passé la reprise des concerts pour vous ?

Nous, franchement ça a été. Sauf la première date qui a été bizarre. Il a fallu qu’on retrouve nos repères, c’était particulier. Le problème était double : les confinements ont aussi appris aux gens qu’être tranquille chez soit et de profiter de son temps. Quand on y trouve ce bénéfice secondaire, c’est compliqué pour les gens de se remettre en selle et de fréquenter les salles de concerts aussi souvent qu’ils pouvaient le faire avant. Sortir de chez soit est devenu moins important, malheureusement. Après ce n’est pas à mon sens gravé dans le marbre, on est tous réadaptable. Mais c’est ce que j’ai remarqué autour de moi, en ce qui me concerne. Le public est un peu plus timide, les gens viennent moins nombreux qu’avant. C’est un peu compliqué à dire… Tout ne repose pas là-dessus non plus. Quand les vannes se sont réouvertes, tous les groupes se sont remis à tourner. L’offre était trop grosse à mon avis, pas adaptée à une reprise qui aurait du se faire plus en douceur. On parle quand même de presque deux ans à vide avec beaucoup de passages émotionnels difficiles pour tout le monde, ce n’est pas rien. Puis certains se sont aussi retrouvés dans des grosses difficultés financières, surtout les jeunes. L’affluence était très irrégulière.

Et toi, est-ce que ça a changé ton rythme de fréquentation des salles en tant que public ?

Dans mon entourage, j’ai vu des personnes qui ont commencé à nettement moins sortir qu’avant, pour des raisons variées. En ce qui me concerne, pas du tout ! Je suis très hyperactif, j’adore sortir, voir des gens… Donc moi je n’attendais que ça !

Et pour Benighted ?

On habite assez loin les uns des autres, donc on a toujours fonctionné à distance entre nous. Pendant la pandémie, on est resté en contact comme d’habitude. On a continué à bosser ensemble, à s’envoyer des morceaux, des riffs, des messages… La dynamique n’a pas été affectée et notre lien les uns avec les autres. C’est vraiment la partie live qui a manqué. Mais tu vois, on a encore plein de dates de calées d’ici à l’hiver… En Finlande, en France, une tournée en Europe… Bref, on est booké jusqu’à fin 2023 déjà ! On a vraiment de quoi faire et de quoi rattraper le temps perdu ! J’évite soigneusement d’accepter les dates et tournées qui se programment pendant les périodes de vacances scolaires. Mes collègues qui ont des enfants sont très contents que je fonctionne comme ça, du coup j’ai presque tout le loisir de poser mes congés un peu comme je veux en dehors de ces périodes-là. Je dois être le seul con qui pose des jours en plein mois de janvier par exemple (rires) ! Au boulot, ils savent très bien que j’ai besoin de prendre des jours non pas pour mon confort mais pour Benighted et ils sont hyper compréhensifs, surtout que comme je le disais, moi je ne prends rien sur les périodes demandées massivement par mes collègues qui ont des enfants. C’est un bon équilibre. Après, quasiment toutes mes vacances passent dans Benighted, c’est un style de vie. Quand ça suffit pas, je prends du sans-solde, mais ça n’arrive vraiment pas souvent. J’arrive à très bien me débrouiller pour en avoir suffisamment. Les années où on tourne moins, je remplis mon compte épargne-temps et je m’en sers plus tard quand il y a besoin. Le seul compromis, c’est que je pars très peu en vacances !

Enfin pour en revenir au confinement à titre personnel pour chacun, moi bossant dans le milieu hospitalier… J’ai continué à bosser. Pierre est infirmier comme moi, donc c’est pareil pour lui, la vie a continué. Ça n’a pas changé grand-chose pour nous deux. Kevin, le batteur, a son studio chez lui, donc il pouvait continuer à enregistrer s’il en avait besoin. Manu est prof de guitare, il a forcément été impacté mais il a quand même eu du boulot. On n’a pas été coincé à la maison sans rien faire, personne n’est intermittent du spectacle dans Benighted.

Et cette salle à Lyon, Rock’n’Eat, où en est-elle aujourd’hui ?

Elle a réussi à se relever ! C’est une salle qui fait normalement trois à quatre concerts par semaine. Ils sont toujours très actifs. Ils avaient ouvert en 2019, donc même pas un an avant la pandémie, avec beaucoup d’argent investi. Bref, pas assez pour tenir le choc, mais aujourd’hui c’est bon pour eux et heureusement !

© Vacarm.net
Propos recueillis par J-M
Photos par Matt

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