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Interview de Swan, du groupe Blackrain. « On est des gamins des années 90, on a grandi avec Nirvana, avec tous ces groupes qui ont tué la musique qu’on fait aujourd’hui, c’est ça qui est assez marrant ».

Après une rentrée difficile, j’ai bien du mal à me motiver le matin. Depuis que j’ai le dernier CD de Blackrain, la première chose que je fais au réveil c’est d’appuyer sur le bouton lecture de ma platine dont il ne sort pas. Les premiers « na na na na na » agissent comme un ressort et il me faut pile poil la durée de l’album pour me préparer. Dying Breed ne révolutionne peut-être pas le genre mais l’écouter me fait du bien. C’est le coup de pied au cul qu’il me faudrait en ce moment le matin mais en beaucoup plus agréable. Merci pour ça les gars !

Le 6 septembre, au Hard Rock Café à Paris, j’ai pu poser quelques questions à Swan, chanteur-guitariste du groupe Blackrain, dont le dernier album Dying Breed est sorti le 13 septembre.

Vous avez joué au Hellfest en juin comment ça s’est passé ? Vous avez joué des titres du nouvel album ?
On a joué deux titres du nouvel album et ça s’est très bien passé, beaucoup mieux que ce que moi personnellement j’espérais. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde, autant de personnes en train de sauter et de chanter nos chansons, c’était une très bonne surprise à tous points de vue. Même au niveau technique ça s’est très bien passé, on a été très bien reçus, comme sur des roulettes. Très bonne expérience et j’espère que ça se refera très bientôt. C’était juste extraordinaire.

Pour ce nouvel album vous avez travaillé avec Chris Laney, avec lequel vous aviez déjà travaillé en 2008 pour l’album License To Thrill, c’est vous qui êtes allés le chercher ?
Oui, ça faisait un moment qu’on voulait retravailler avec lui mais les choses se sont passées différemment. Cette fois, ça me paraissait important de retrouver un album mixé en Scandinavie parce qu’ils ont une manière de faire assez différente peut-être des autres, je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas d’explication à ça mais en tout cas ils sont assez doués pour mixer ce genre de musique. On connait Chris Laney donc on est allé naturellement lui demander. Il nous a mixé d’abord une chanson, ça nous a convaincus directement donc on a continué.

Tu vis en Suède je crois ?
J’habite dans le sud de la Suède, en fait on habite tous dans des endroits un peu différents. Comme beaucoup de groupes aujourd’hui on fait tout par internet, on a tous de quoi enregistrer à la maison donc on se fait passer la musique et ça marche très bien comme ça pour nous. On se connaît depuis longtemps hein ! c’est assez facile de travailler ensemble, chacun sait ce qu’il doit faire, pas de souci de ce côté là.

Il faut quand même vous retrouver un peu pour vous préparer à la scène non ?
Ça demande un travail personnel assez important avant qu’on se retrouve, ça implique d’apprendre les chansons personnellement et ensuite de faire quelques répètes avant les concerts. On fonctionne comme ça et en général ça se passe bien, tu sais on ne fait pas des trucs très compliqués non plus donc c’est juste le temps de tout mettre en place entre nous, de se mettre d’accord, ça va très vite, trois jours de répètes en général, ça fait quand même longtemps qu’on joue ensemble.

Quand vous avez commencé tu pensais que le groupe tiendrait aussi longtemps ?
Ah oui ! Au départ quand on a commencé , on était quand même assez naïfs et on voyait les choses vraiment en grand donc je pense que c’est pour ça peut être aussi qu’on est toujours là aujourd’hui, on se voyait au top, on avait de grands rêves donc oui on se voyait bien toujours ensemble dans 15 ans.

C’est un rêve réalisé finalement alors ?
Quelque part oui. Dans ce style, beaucoup de groupes ont émergé, ont fait un peu la même chose que nous et on les a tous vus se séparer ou arrêter les uns après les autres donc c’est vrai qu’on est un des seuls finalement à perdurer comme ça. C’est une des forces du groupe

Qui tient à quoi selon toi ?
Je ne sais pas. On se connait vraiment très bien, pour certains depuis l’école, quasiment plus que des amis, on pourrait appeler ça une famille et je pense qu’on a appris à se supporter les uns les autres, on n’est peut-être pas non plus des gens très compliqués, je pense que ça aide.

Vous êtes toujours d’accord sur le choix du style musical ?
On est tous assez ouverts d’esprit, avec des influences assez diverses et comme je t’ai dit on n’est quand même pas compliqués donc ce n’est jamais très difficile de se mettre d’accord sur les directions qu’on veut prendre. Je pense que chaque décision se prend assez facilement donc jamais vraiment de problèmes entre nous. C’est assez agréable, je pense que c’est aussi pour ça qu’on continue à faire de la musique aujourd’hui parce qu’après tout on n’en vit pas.

Vous n’en vivez pas ?
Ah non. Je pense que c’est très rare aujourd’hui les groupes qui en vivent. C’est devenu vraiment proche de l’impossible de vivre de sa musique aujourd’hui.

Ça t’inspire quoi ça ? L’idée que ce soit presque impossible de vivre de sa musique aujourd’hui ?
C’est la différence entre la situation à nos débuts et aujourd’hui. Quand on a commencé on était jeunes, un peu fous, on se prenait pour Mötley Crüe. Même si on se l’avouait pas, on pensait qu’on deviendrait riches, qu’on roulerait en Ferrari et aujourd’hui on a perdu de la naïveté et accepté la réalité à savoir que même les groupes qu’on écoute, qui nous ont beaucoup influencés et sont bien plus gros que nous, on s’est rendu compte que même eux n’en vivaient pas. La musique a changé, les temps ont changé, Spotify c’est super, c’est sympa mais on ne nous donne pas beaucoup d’argent en échange donc voilà après faut l’accepter et organiser sa vie autrement. On a la chance d’avoir tous trouvé à côté le truc qui nous fait vivre et nous permet d’avoir du temps pour le groupe. Après c’est des choix, personne n’est obligé de le faire mais on le fait parce que c’est notre groupe, c’est notre bébé et on prend plaisir à le faire.

Ça prouve au moins que vous ne faites pas ça que pour l’argent !
Ah ben là pour le coup non on ne fait pas ça pour l’argent ! (rires)

Par contre vous continuez quand même à sortir l’objet,l’album en “physique”.
On a vécu la transition, on est quand même attachés à l’objet, à ce qu’il y a dedans, aux détails, à tout ce que ça implique. Les nouvelles générations n’ont pas cette culture, ils n’appréhendent pas la musique de la même manière, c’est un peu dommage quelque part parce que je pense qu’on perd beaucoup de magie, toute cette approche qu’on avait par rapport aux groupes à l’époque, cette mysticité quelque part, je pense que ça s’est perdu avec les nouvelles générations mais si on le fait, c’est que ça se vend quand même un minimum.

Pour l’album précédent, Released, sorti en 2016, vous aviez fait appel à un financement participatif qui avait bien marché il me semble ?
Oui ça avait bien marché puisque ça nous avait permis de sortir l’album. Aujourd’hui, les maisons de disques investissent de l’argent dans le produit pour le sortir mais ne paient pas les heures de studio. Surtout qu’on avait travaillé avec Jack Douglas donc ça a un prix très élevé et on ne pouvait pas se le payer nous mêmes, c’est pour ça qu’on avait fait cette campagne.

Dying Breed est un album qui fait du bien, sans prise de tête.   
C’est ce qu’on aime jouer, on ne recherche pas l’originalité. Il y a beaucoup de similitudes avec les groupes des années 80 mais je pense qu’on en ressort quelque chose de très personnel. Ce n’est peut-être pas l’impression que chacun se fait de notre musique mais ça m’est égal. On se contente de faire ce qu’on aime

Vous n’êtes jamais tentés de composer dans un autre style de rock ? Moins eighties ? Vous êtes jeunes finalement pour être si influencés par les années 80 !
On est des gamins des années 90, on a grandi avec Nirvana, avec tous ces groupes qui ont tué la musique qu’on fait aujourd’hui, c’est ça qui est assez marrant.

Tu te souviens de comment tu as découvert cette musique ?
Je l’ai découverte assez tardivement, j’ai toujours écouté Guns N’ Roses parce qu’ils étaient vraiment incontournables, on les entendait même à la radio en France mais tous les groupes un peu plus obscurs, un peu moins connus qui n’ont pas forcément réussi à arriver jusqu’en Europe, ça on a découvert beaucoup plus tard, par l’intermédiaire de personnes qui ont vécu dans les années 80. Ils nous ont passé tout ça et ça a vraiment fait un déclic, y avait vraiment des “couilles” dans ce qu’ils faisaient et on a découvert que c’était vraiment ça qu’on voulait faire. On est très ouverts aux différents styles de musique, ça a aidé aussi parce qu’il y a quelque chose qu’il faut reconnaître dans le heavy metal en France principalement c’est que les gens sont très fermés, quand on écoute du black metal on n’écoute pas autre chose.

Ou peut-être qu’ils n’osent pas le dire ! j’ai remarqué que c’était compliqué de dire la vérité parfois 
C’est vrai je l’ai remarqué quelquefois aussi, nous on est vraiment open minded et je pense que c’est une force aussi.

J’ai lu dans une chronique que l’album était une réaction face à la tournure que prend la musique actuellement.
Je ne sais pas où tu as lu ça ! Le titre de l’album en effet fait un peu référence au fait qu’aujourd’hui la musique, là encore c’est un point de vue personnel, que la musique se dirige plus vers la médiocrité. La créativité, le sens de l’effort se perdent, aujourd’hui tu vas acheter ton ordinateur et il fait tout à ta place, on n’a plus vraiment besoin d’apprendre à jouer d’un instrument, de faire un groupe, on a juste besoin d’apprendre à se servir de son ordinateur et ça s’arrête là. Je trouve ça dommage. Et je pense que c’est facile, c’est ce qui marche, c’est comme ça, faut l’accepter mais je trouve que c’est quand même regrettable d’en arriver à ce niveau de facilité, c’est mon point de vue.

La “ballade” sur l’album c’est un peu un passage obligé dans un album de glam metal ?
C’est jamais obligatoire, tous les groupes ne le font pas mais nous on l’a toujours fait, ça donne un peu plus de diversité à l’ensemble de l’album, ça fait respirer un peu, c’est quand même bien d’avoir une chanson à ce tempo là plutôt que ça tabasse du début jusqu’à la fin, c’est quand même agréable.

Entre cet album et celui de 2016, tu as le sentiment qu’il y a une évolution musicalement ?
Musicalement, par rapport à l’album de 2016, ce qui a changé c’est que sur Released on s’était beaucoup éparpillés, ça passait vraiment d’un style à un autre, apparemment ça avait perdu pas mal d’auditeurs qui ne comprenaient pas vraiment où ça allait donc là on a pris la décision de se cantonner à une ligne directrice et essayer de faire un album homogène avec des chansons qui se ressemblent un peu finalement, qui sont dans le même style.

On veut faire dans le simple et efficace et je pense que c’est ce qui est vraiment dur à faire. La démonstration, les gros solos, les grosses parties compliquées c’est pas notre truc c’est pas ce qui nous intéresse donc ce n’est pas pour nous

Vous allez faire une tournée avec Kissin Dynamite, vous les connaissez ou bien c’est le label allemand qui a pensé à vous réunir sur une tournée ?
D’une part on les connait ensuite je pense qu’on va bien s’amuser ça va être sympa, c’est un bonne affiche mais par contre non c’est comme pour le studio la maison de disques en général ne s’occupe pas de ça, c’est le tourneur. Mais on les connait on a déjà joué plusieurs fois ensemble et on s’est toujours bien entendus, ça fait longtemps qu’on en parlait d’essayer de faire une tournée ensemble. On a un peu plus de deux semaines de tournée dans plusieurs pays d’Europe on est vraiment très contents et j’espère que ça se refera dans le futur

Vous allez avoir un set de combien de temps ?
40 minutes avec 4 ou 5 morceaux du dernier album qu’il faut promouvoir et qui sera en vente évidemment sur place au stand de merch.

C’est là qu’on vend le plus d’albums aujourd’hui ? 
Oui. Après il faut que les gens continuent à écouter en streaming, à placer les chansons dans les play-lists, ça c’est super important aussi. Ça ne rapporte rien mais c’est important qu’on te mette en avant parce que si tu es dans les play-lists après tu as énormément de personnes qui ne te connaissent pas qui vont tomber sur tes chansons, qui vont commencer à écouter le groupe, à le connaître, à le faire écouter ensuite à leurs amis et ainsi de suite

Mais la tournée quand même ce n’est pas vous qui la financez !
Je ne sais pas exactement comment ça se passe mais en tout cas on ne gagne quasiment rien sur une tournée, on essaie d’être sûrs de rentrer dans nos fonds au moins. La musique ça coûte cher et ça ne rapporte pas grand chose. Seuls les grands groupes peuvent prétendre avoir une vie décente et vivre de leur musique mais ils ont commencé à une autre époque qui n’a rien à voir avec la notre. Je ne sais pas qui aujourd’hui dans notre style, dans le rock, fait encore beaucoup d’argent.

Finalement restent ceux qui sont vraiment motivés
Ben oui du coup, ceux qui pensent faire de la musique aujourd’hui pour devenir riches je pense qu’ils ne durent pas longtemps.

Le mot de la fin ?
J’espère voir le plus de monde possible à nos prochains concerts, notamment à Paris au Petit Bain en octobre et puis j’espère que vous apprécierez notre nouvel album qui sort la semaine prochaine.

Un grand merci à Swan et à Roger de Replica.

Voici la vidéo « Blast Me Up » réalisée au Hellfest en juin dernier :

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