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Entretien avec Cyril et Christelle du groupe Sangham à l’occasion de la sortie de « Intangible ».

La belle surprise de cette fin d’année nous vient du Sud de la France. Trois garçons et une fille ayant emprunté à l’indien le nom de leur groupe, Sangham, désignant un point de confluence – considéré comme un lieu de purification- entre plusieurs rivières ou fleuves. Mais point de rythmes indiens ici, le groupe nous sert un metal progressif de qualité aux multiples explorations. Sangham nous parle de préservation et de protection du monde vivant, de la démesure de l’impact de l’humain sur ses mondes intérieurs et extérieur, sur son environnement. Et on en redemande. Avant de les retrouver très vite dans une salle de concert, Cyril et Christelle nous en disent un peu plus sur les débuts de Sangham et sur la composition de “Intangible”, disponible depuis le 19 novembre 2021 chez Klonosphère.

Pouvez vous présenter brièvement le groupe et son origine aux lecteurs de Vacarm ?
Christelle : Cyril et moi on s’est rencontrés au détour d’internet, il a repéré ma voix et m’a proposé de chanter sur ses compositions. A cette époque je ne faisais que des covers mais j’ai accepté et le premier morceau qui est né de cette rencontre est “Near”. C’était avant la rencontre avec Florian et Calliste, batteur et bassiste du groupe.
Cyril : je compose la musique et Christelle écrit les textes par rapport à ce que ma musique lui inspire. Ma façon de composer c’est de donner un mot qui caractérise ce que m’a fait ressentir la musique et ce mot c’était near.
Christelle : en général Cyril met un mot sur sa musique et je pars dessus ou pas.
Cyril : oui ce n’est pas obligatoire, c’est une piste éventuelle. Near a eu trois liftings
Christelle : on a fait trois ou quatre versions avant d’arriver à la dernière. Donc à partir de là on a commencé à se demander pourquoi on ne ferait pas vraiment un groupe et au fur et à mesure des rencontres, Flo dans une soirée et Calliste sur internet, l’idée s’est concrétisée.

Il s’est passé combien de temps entre cette décision de créer un groupe et la sortie de l’album ?
Cyril : on ne s’est pas trop mis la pression au début parce que j’avais des expériences passées et je voulais avoir une équipe complète avant de m’enflammer. Le problème c’est qu’on a trouvé le dernier membre de l’équipe, Calliste, en mars 2020 et le Covid est passé par là.
Christelle : c’est aussi à ce moment là qu’on a pris rendez vous dans un studio. On avait un an pour composer nos morceaux avec cette situation sanitaire qui nous empêchait de nous voir mais on y est arrivés quand même.
Cyril : la problématique de la situation sanitaire c’est que pendant le confinement on ne pouvait pas se voir mais surtout le processus logique dans un groupe c’est de roder ses chansons, de les travailler en live pour les faire évoluer et avoir une version bien finie au bout de six mois, un an et c’est vrai que ça on ne l’a pas fait et c’est peut-être ça qui a manqué le plus.

Le titre de cet album est Intangible, vous pouvez m’en dire un peu plus ?
Christelle : on a cherché un mot qui pourrait représenter la globalité de l’album
Cyril : il fallait quelque chose de central qui puisse définir un peu l’ensemble de toutes les facettes que représentent les musiques. Pas tout à fait album, Intangible est plutôt un Ep un peu rallongé avec la version acoustique de Macrocosm.
Christelle : on a choisi de prendre ce mot, Intangible, et on a demandé au graphiste qui a fait la pochette de mettre d’une autre couleur le IN de intangible. Le but était de montrer qu’il y avait un dialogue entre le tangible et l’intangible.

Le choix des thèmes pour la composition c’était une évidence pour toi Christelle ?
Christelle : je n’aime pas trop la musique vide de sens avec des paroles limitées c’est pour ça que j’aime les groupes comme Gojira parce que ça résonne avec ce que je ressens ou ce que je pense du monde actuel et pour moi c’était super important de choisir ces thèmes là. Et dans le groupe on est tous d’accord là-dessus donc ça n’a pas été dur de leur faire accepter les textes !

Les textes sont vraiment très bien écrits, sans facilité, sans refrain.
Cyril : c’est peut-être un peu ce qui définit le côté progressiste de Sangham, les constructions ne sont pas faites pour être dans un standard, pour être classiques mais pour raconter vraiment quelque chose. S’il y a un refrain c’est parce qu’il doit y être, s’il n’y en a pas c’est parce qu’il ne doit pas y être.
Christelle : la structure est très évolutive que ce soit dans la musique ou dans le texte.

Et le choix du metal progressif ?
Cyril : c’est une grosse influence, c’est le metal que j’écoute mais je ne suis pas dans le metal prog avec démonstration technique qui revient beaucoup dans ce style. C’est plutôt l’outil de création avancé qui permet d’aller au-delà des limites standards qu’on s’impose avec des constructions plus classiques pour se conformer à une norme. Le côté progressif permet vraiment d’aller jusqu’au bout du message.
Christelle : ça permet de déployer le texte et la musique au fur et à mesure du message.
Cyril : je pense que c’est du metal progressif accessible dans la mesure où ça ne vient pas créer de choses inattendues à outrance. Même s’il y en a, je pense que ça reste quand même quelque chose de lisible.

Quand vous lisez dans une chronique « Intangible est un album à tiroirs, que l’on découvre au fil des écoutes et qui s’insinue en vous comme une prise de conscience inexorable »(Among the Living) ça fait plaisir non ?
Cyril : ça fait plaisir parce qu’indirectement, c’est aussi ce quon voudrait faire. C’est toujours délicat de parler de prise de conscience. Mais quand je vois à quel point ma vision des choses a changé depuis que j’ai eu ce déclic, ça me donne envie de partager ça.

Tu l’as eu comment ce déclic ?
Cyril : J’ai toujours été dans une famille sensible à la nature, à l’environnement, la cause animale mais sans avoir forcément ce discours d’exploitation, le côté négatif, parce que c’est vrai qu’on ne l’a pas forcément facilement et comme je dis c’est comme si j’avais eu des œillères pendant tout ce temps. Quand j’ai commnencé à parler avec Christelle qui était bien calée sur le sujet, moi ça faisait un moment que ça me démangeait et un matin je me suis réveillé et je me suis dit que je ne mangerai plus jamais de viande de ma vie parce qu’il faut arrêter de faire souffrir les animaux. Cette prise de conscience est assez récente et augmente chaque jour.
Christelle : la somme des prises de conscience qui se passe actuellement c’est vraiment une réponse à tous les abus.

Ma génération a été dans le déni je crois.
Christelle : je pense qu’il y avait un déni, dans notre génération aussi d’ailleurs, par exemple par rapport à la cause du sexisme. Quand j’étais adolescente et que je me faisais agresser, violenter verbalement ou physiquement dans la rue, c’est moi que je remettais en question clairement et du coup je suis contente de comprendre maintenant que j’étais victime et pas coupable d’être habillée de telle ou telle façon. Franchement ça m’a semblé alors évident mais c’était tellement inculqué, c’est du formatage inconscient. C’est bien qu’on en prenne conscience et que les choses changent, juste qu’on le verbalise c’est déjà bien.
Cyril  : j’ai un exemple à la con là-dessus. Mes parents ont pris des poules pour avoir des oeufs frais, s’en occuper et je disais à mon père “mais là ta poule tu ne vas pas aller la tuer et la manger”. Il me dit “ben non c’est ma poule”. Et moi je lui réponds “ben tu vois ta poule pour moi c’est toutes les poules de la planète et tous les animaux c’est pareil”. C’est vraiment la meilleure image que je puisse donner parce qu’on est capable d’aimer un être vivant, un animal ou autre parce que entre guillemets il y a une sensation d’émotion, d’appartenance et d’affection et le fait d’être végétarien ou vegane c’est appliquer ça à toute forme de vie.

J’ai lu aussi quelque part que votre metal est qualifié de philosophique.
Christelle : on ne veut surtout pas passer pour des moralisateurs à l’image de Gojira qui ne donne pas de leçons mais suggère des choses et ensuite c’est à toi de sentir si ça résonne en toi ou pas.

Le choix de “Nebulous Era” pour le clip ? C’est le morceau le plus représentatif de Sangham ?
Cyril : je ne dirais pas que c’est le plus représentatif parce que mettre un seul titre pour représenter l’Ep c’est mission impossible mais c’est une des chansons un peu la plus “rentre dedans”, la plus émotionnellement impactante. Tout le monde a été d’accord pour cette chanson, celle qui est peut-être aussi la plus accessible. Je pense que c’est surtout parce que même si toutes nos chansons délivrent un message qui nous parle, celui-ci était peut-être un peu plus direct que les autres.

Le clip est vraiment magnifique, quelques mots sur sa réalisation ?
Christelle : Calliste le bassiste travaille dans le cinéma, on a donc décidé de réaliser le clip avec Elise qu’il a assistée pour le réaliser. Les idées viennent principalement d’Elise. Il y a beaucoup de métaphores dans le clip. Elise a voulu faire dialoguer les deux scènes, l’une ou l’actrice mange une nourriture transformée qu’on lui apporte à profusion et l’autre où l’acteur est prisonnier tout en ayant sous les yeux de la nourriture à laquelle il pourrait avoir accès s’il n’était pas attaché, nourriture qui n’est pas transformée d’ailleurs. Il y a une référence au mythe de Tantale.

Un mot sur votre partenariat avec Klonosphère
Cyril : On leur a envoyé l’Ep masterisé mais sans les visuels et ils ont bien accroché. Le choix de Klonosphère n’était pas complètement anodin parce que Klone a beaucoup de thèmes aussi en rapport avec l’écologie donc ça avait du sens d’aller chez eux en plus d’avoir un support promotionnel effectivement mais ce choix a été fait aussi en toute conscience.

Vous avez des projets de scène ? Les morceaux seront-ils “repensés” pour le live ?
Cyril : on cherche activement des possibilités de concerts pour l’année prochaine. Les titres seront peut-être repensés je ne sais pas encore, là on a plusieurs nouveaux morceaux en cours donc on est plutôt concentrés là-dessus. Sur scène le public pourra donc aussi découvrir de nouveaux titres mais je pense qu’effectivement on se paiera le luxe de faire des petites modifications en live.
La version acoustique de Macrocosm a bien marché, on envisage donc aussi un set acoustique qui peut toucher le même public mais aussi un autre. L’ambiance et l’univers de Sangham s’expriment tout autant avec des instruments acoustiques qui donnent un petit côté tribal ou en rapport avec la nature, ça permet de proposer des versions alternatives.

Le mot de la fin
Cyril : on est hyper heureux de l’accueil qu’a reçu l’Ep, on a eu beaucoup d’attente et a priori, d’après les retours qu’on a, les gens ne sont pas déçus, sont assez étonnés dans le bon sens et on est super heureux.

Merci à Cyril et Christelle pour cet entretien !

Christelle Meunier – Voix /Autrice
Cyril Lhuillier – Voix/Guitare/Compositeur
Florian Le Bozec – Batterie
Calliste Vignalli – Basse

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