{multithumb}Alors qu'il ne semble faire que quelques degrés au dessus de zéro, c'est dans la bonne humeur que le public lillois fait le pied de grue devant la salle du Splendid. L'impatience règne, ce qui ne s'avère finalement que peu surprenant compte tenu de l'affiche haute en couleurs de la soirée. Premier groupe à investir la scène, Sidilarsen effectue son tout premier concert dans le pôle nord de la France. Lançant le show par « A qui je nuis me pardonne », l‘un des meilleurs titres de Eau, les Toulousains réussissent l'incroyable pari de chauffer une salle en à peine trente secondes ! Axé en majeure partie autour de leur dernier opus et appuyée par un son clair et puissant, la prestation laisse transpirer le côté transe et dansant du groupe, de façon encore plus évidente pour ce qui est des compos de l'époque Biotop.
Les yeux révulsés, le bassiste Fryzzzer semble hypnotisé par une force étrange, pendant que Didou se paye le luxe d'effectuer un saut impressionnant dans la foule. L'interprétation impeccable de titres tels que « La fibre », « Fluidité » ou encore le technoïde « Prédiction » prouve que Sidilarsen prend toute sa dimension sur scène, aspect fédérateur de leur musique oblige. Les nouveaux adeptes seront vraisemblablement nombreux, et le groupe peut maintenant laisser place à la scène marseillaise, représentée ce soir par ses deux fers de lance. Après avoir sorti l'un des albums les plus impressionnants de ce dernier trimestre 2005, il nous tardait de pouvoir prendre conscience du talent scénique de Tripod. Emmené par ses deux talentueux vocalistes K-Lee et Daniel, la bête ne bénéficiera que de quarante courtes minutes, mais va enchaîner les brûlots sur une rythmique frénétique. Auréolés de lumière blanche, ceux-ci déchaînent un véritable déluge de hargne et d'énergie, matérialisée par une orientation musicale à la limite du Hardcore.
L'énorme Déviances est bien entendu mis à l'honneur, la set-list mariant cette dernière production avec quelques extraits de Lèche. « Conscient », l'inédit « Bozo », « Serial Laveur » ou encore le bien nommé « Pesant et Lourd », les quatre marseillais ne manquent pas d'attributs en acier trempés et dégagent une prestance scénique imposante. Seul rescapé de Data Error, « Holo Ghost » rempli néanmoins à 100% ses fonctions et ne laissera pas l'intensité redescendre une seule seconde. Assurément l'un des meilleurs concerts de cette année en ce qui ce me concerne…
Sur la route depuis maintenant presque un an, Eths assure ses dernières dates avant les neuf réunions du Coriace Tour. Afin de laisser le temps de s'exprimer aux deux premiers groupes (l'organisation du Splendid exigeant que la soirée ne se prolonge pas trop tardivement), la formation s'est vue obligée de légèrement écourter sa set-list. La place des deux premiers maxis au sein de celle-ci se fait en conséquence moins importante. Mais qu'importe, car Eths nous as déjà démontré par le passé que malgré une plage horaire limitée, il possédaient le pouvoir de littéralement faire exploser une fosse.
Désormais rodés à livrer des performances carrées et ultra-efficaces, Les cinq musiciens balancent « Melena » en introduction, suivit de près par leur premier single « Crucifère ». Sans surprise mais toujours aussi parfait techniquement, le groupe assure un show sans failles et d'une agressivité jouissive. Les musiciens s'accaparent la presque totalité de la scène en adoptant des poses « marteaux-piqueurs » tout en faisant subir à leurs pauvres cervicales un rude traitement. Qu'il s'agisse de « Infini », « Simiesque » ou du classique « Samantha », Eths ne failli à aucun moment à sa solide réputation, et il aurait été surprenant (voire impossible) que l'auditoire ne suive pas dans la même direction. « Ailleurs c'est ici » rajouté sur le tas, et tout le monde pourra prendre le chemin du retour, le dos en compote et la tête à peine rattachée aux épaules.