Le groupe norvégien de sludge metal SÂVER, basé à Oslo, vient de sortir un très bon album : From Ember And Rust. Après avoir pondu quelques petites pépites avec les groupes Psychonaut et Frødekal, SÂVER nous propose son premier album non-collaboratif depuis 2019, dont l’atmosphère rageuse et distordue sera tout simplement parfaite pour accompagner votre automne gris et pluvieux.
L’album est proposé par le label berlinois Pelagic Records – et c’est en soit un gage de qualité. Le roster du label est en effet classieux, même si franchement intello, avec des groupes de metal progressif et de post-metal, parfois aux limites de l’expérimentation musicale. Les amateurs de groupes comme LLNN ou Cult of Luna, tous deux chez Pelagic, devraient d’ailleurs apprécier le voyage proposé par le trio norvégien.
SÂVER ne fait donc pas tâche dans le catalogue du label et nous propose un album de sludge assez classique, mais très cohérent et solide. Le son du groupe est lourd et lent, comme le veut la tradition sludge. On notera immédiatement une direction artistique particulièrement élégante – il faut dire que le genre a beaucoup évolué ces dernières années, et il semble bien loin le temps (béni ?) des collages cradingues d’EHG. Que ça soit dans la production – claire et incisive – comme dans les artworks, on sent bien que le groupe veut offrir une expérience qualitative à ses auditeurs. Peut-être un peu trop : l’ensemble fait parfois un peu propret.
L’album est composé pour l’essentiel de titres longs mais très accrocheurs. Les compostions sont bien pensées : progressives mais cohérentes, les différentes phases des titres s’enchainent avec intelligence. Tout est bien fait, et parfois un peu lisse.
Je retiens tout particulièrement « Formless », qui ouvre l’album, et le très bon « Eliminate Distance », avec sa longue nappe introductive, ses bruits blancs et ses riffs construits à contretemps.
Le climax reste « The Object », soit 8 minutes et 12 secondes de violence progressive, avec une alternance de riffs efficaces mais tordus, de breaks contemplatifs et de chants tantôt hurlés, tantôt clairs.
Au final, ce qui fait la différence entre SÂVER et d’autres formations du genre, c’est l’approche atmosphérique du groupe. Les riffs s’étirent, jouant souvent sur des séries dissonantes, étroites et répétitives de notes, la voix hurlée s’élève sur cet ensemble, en toute maitrise. Tout le disque est également parcouru de beaux moments contemplatifs, portés par un synthétiseur qui sait se faire subtil. Le final « All in Disarray », qui se construit progressivement autour d’une boucle électronique hypnotique, est à ce titre révélateur.
Pour conclure, ce dernier album de SÂVER est du bien bel artisanat scandinave, un peu trop propre mais qui mérite une vraie bonne écoute.
Tracklist
1. Formless 06:21
2. I, Evaporate 05:11
3. Eliminate Distance 05:02
4. Ember & Rust 05:08
5. Primal One 07:01
6. The Object 08:12
7. All in Disarray 06:29
