Les sorties metalcore ces derniers mois sont légion, et pourtant c'est à bras ouvert que l'on accueillera le second opus des américains de Twelve Tribes. Signé dès son premier essai, The Rebirth Of Tragedy, sur le label Ferret Records, les portes semblent s'ouvrir à ce groupes des plus prometteurs puisqu'il embarquera par la suite pour une série de tournée en compagnie de talents confirmés tels que Killswitch Engage, Soulfly, Lamb Of God ou encore 36 Crazyfists. Aujourd'hui arrivé à maturation, le quintet s'apprête à marquer des points supplémentaires avec un disque qui ne peut qu'imposer le respect.
Au niveau de la mise en forme, autant commencer en dévoilant directement que Midwest Pandemic n'amène ni originalité ni révolution à un mouvement incroyablement porteur, ce qui n'ait selon toute vraisemblance aucunement le but recherché. Exception faite d'un ingénieux « The Recovery : In Three Part » exposé comme son nom l'indique en trois parties, les morceaux varient en règle générale entre deux et quatre minutes, construits autour d'une ossature académique on ne peut plus simple ou chaque refrain viendra naturellement trouver place à la fin du couplet. Néanmois, Twelve Tribes parvient à se démarquer de la masse par son incroyable force de frappe, transcendant chaque composition d'une efficacité d'interprétation redoutable. A contrario de trop nombreux groupes stars détournés des véritables objectifs par le succès, la tribu menée par Adam Jackson se veut dénuée de tout artifice dans sa musique tout comme dans son attitude. Le quintet ne passe pas par quatre chemins afin d'avoir à exprimer son sujet, l'auditeur se voyant directement plongé dans le vif du sujet par un « National Amensia » aussi rageur que jouissif. La pédale d'effet utilisée par la paire de guitariste reste réduite aux strict minimum, ceux-ci préférant nettement ériger un mur de son puissant et frontal aux fondations solidifiées autour de nombreuses attaques de riffs assommants, tout en témoignant par ailleurs d'une technicité plus que convaincante. Car si le solo, sans doute trop rétro pour parfaitement s'intégrer aux compositions modernes de Midwest Pandemic, reste exclu du langage musical de ces cinq furieux, les plans de guitares ne se cantonnent pas au riff simpliste ressassé cinq minutes durant. La paire composée de Andrew Corpus et Kevin Schindel s'avère même plutôt inventive et à l'aise qu'il s'agisse du registre brutal ou d'excursions nettement plus mélodiques. Relativement présentes sans pour autant donner l'impression d'avoir à faire à un album opportuniste, cette dominante permet d'aérer un disque au son puissant amené par une production impecable. Les riffs rageusement enquillés les uns à la suite des autres se superposent sans problèmes à quelques enfilades de notes perchées dans les aigues (« National Amnesia », le superbe et mélancolique morceau instrumental « Monarch Of Dreams »), le tout se voyant accompagné d'un jeu de batterie relativement soft, la double-pédale ne venant pas polluer les composition par une présence trop marquée.
Avec un tissu instrumental lorgnant aussi bien sur ces deux facettes, l'imposant Adam Jackson se devait d'assurer convenablement dans les deux registres. Si comme tout bon disque de metalcore les hurlements arrachés (par ailleurs fort bien extraits de la cage thoracique du frontman) nécessitent une place bien plus imposante, le chant clair n'est bien entendu pas oublié (« Verona », « Librium »). Utilisé à bon escient sur les refrains (sans que cela ne soit pour autant une obligation), celui-ci ne vient heureusement pas habiller une ballade mièvre que nombre grandissant de formations ressentent le besoin d'intégrer à leur tracklist. Le travail opéré sur les backing vocals reste également intéressant et pour une fois véritablement utile, décuplant lors de leurs utilisation la puissance déjà explosive du chant au travers d'une série de superposition de voix prenantes (« Televangelist », qui malgré sa courte durée se place comme l'un des meilleurs titres de Midwest Pandemic grâce à ses refrains scandés).
Avec un album maîtrisé de la première à la dernière seconde, Twelve Tribes possède désormais tous les atouts pour acquérir une véritable notoriété et se hisser au même niveau que les piliers dont il a assuré jusque ici les premières parties. Le choix final revient désormais au public…
.: Tracklist :.
01. National Amnesia
02. Muzzle Order
03. Televangelist
04. Pagan Self Portrait
05. History Versus The Pavement
06. Monarch Of Dreams
07. Librium
08. Verona
09. The Nine Year Tide
10. Midwest Pandemic
11. The Recovery : In Three Parts
I. God Bless You, Good Thief
II. Towers And Vectors
III. Bridge To The Sun