The Devil Wears Prada fait les choses vite. A peine digéré le plutôt bon Dear Love : A Beautiful Discord distribué via le label Golf Records que les six américains remettent le couvert avec une troisième livraison, exactement douze mois et un jour plus tard. Et lorsque cette précision quasi-métronomique n’influence en rien sur la qualité de l’ensemble, on peut rapidement en déterminer que ces six fervents croyants ont bien tout pour passer du statut d’espoir à celui de talent confirmé aux côtés de leurs modèles que sont Norma Jean ou Underoath.
Car à l’image de ces formations, les aspirations religieuses de The Devil Wears Prada ne nuisent en rien à la virulence de leur musique. On passera certes aussi rapidement sur les paroles que sur l’originalité qui semble définitivement rangée au placard pour se concentrer principalement sur l’efficacité, véritable point fort de ce Plagues. Ces six musiciens n’ont nullement pour objectif de révolutionner le petit monde du metalcore, mais tout comme sur leur précédent essai d’envoyer simplement une bonne dose de saturation en pleine face de l’auditeur. Pour ce faire, le groupe construit ses tissus en s’accordant sur une recette typique qui a depuis longtemps fait ses preuves : un mix bien épicé de « core » en tous genres riche en riffs acérés qui fusent et en batterie martelant avec une fracassante insistance. Entre hardcore, metalcore et sans oublier une pincée pas trop lourdingue d’emocore, The Devil Wears Prada trouve une nouvelle fois le juste milieu, ce qui n’est pas à l’heure actuelle le cas de tous. Par conséquent, Plagues demeure bien évidemment très prévisible dans ses structurations, ce qui n’empêche pas les six américains d’ajouter quelques ingrédients moins usitées et donc forcément bienvenues. Les musiciens n’hésitent pas à tenter quelques passages d’une lourdeur rappelant presque au death metal (l’écrasante conclusion de « The Scorpion Deathlock »), à insérer de ci et là quelques incartades gentiment chaotiques et dissonantes (« Goats On A Boat », qui ouvre le disque sans introduction pompeuse et inutile) ainsi qu’à satiner le tout d’électronique et de claviers bien marqués.
L’utilisation plutôt judicieuse de cette composante donne à The Devil Wears Prada l’occasion de se détacher (un peu) de ses concurrents. Le clavier est en effet presque utilisé au même titre que les autres instruments, et permet bien souvent d’amener de nouvelles ambiances et variations aux compositions (« Hey John, What’s Your Name Again », les boucles hypnotiques de « You Can’t Spell Crap Without C »), cassant ainsi l’instauration d’une éventuelle monotonie due à une relative répétitivité des plans de guitares. Le chant de Mike Hranica se montre par ailleurs tout aussi conventionnel, mais indiscutablement bien torché. Sans surprise, le bougre déclare fougueusement sa flamme à dieu à l’aide de séries de gueulantes explosives et bien arrachées, avant de basculer sans modération aucune sur un chant clair tout en douceur (voire même parfois trop, preuve en est avec le break assez mièvre de « This Song Is Called »).
Tout ces ingrédients font de Plagues un très bon disque, à condition de ne pas chercher le groupe le plus novateur du moment. Les trente-sept minutes de ce nouvel opus emballé de plus dans un artwork soigné passent comme une lettre à la poste.
.: Tracklist :.
01. Goats On A Boat
02. Number Three, Never Forget
03. HTML Rulez D00d
04. Hey John, What’s Your Name Again ?
05. Don’t Drink And Drance
06. You Can’t Spell Crap Without C
07. This Song Is Called
08. Reptar, King Of The Ozone
09. The Scorpion Deathlock
10. Nickels Is Money Too