Enfin. On n’osait presque plus y croire, mais il est bel et bien là ce second opus des Babylon Pression. Trois longues années après le très bon Négative Génération, habile mixture ragga néo-metal sautillante, c’est sous un visage tout neuf et revigoré que nous reviennent les marseillais, quelques temps après les départs de Sébastien (chant) et Ludovic (basse) qui n’ont pas repris le chemin des studios.
La voix assurant les tirades ragga s’étant donc fait la malle, Babylon Pression se trouvait face à un réel dilemme : embaucher un remplaçant afin de tenter la composition d’une nouvelle fournée s’inscrivant dans la continuité de Négative Génération ou plus simplement évoluer au risque de bousculer son public. Le désormais quatuor a opté pour le second choix, bien leur en à pris. Car avec la seule présence de Mathieu derrière le micro et un net changement d’orientation musicale dans ses instrumentations, Travaille Consomme & Meurs semble être l’œuvre d’un groupe nouveau, mais néanmoins et heureusement bien expérimenté. « Je ne crois pas à une vie meilleure », la couleur est donnée dès les premières secondes. Avec ces douze nouveaux brûlots, Babylon Pression dresse un constat aussi édifiant qu’alarmiste de notre société actuelle, explorant sans langue de bois toutes les facettes le plus sombres, vices et tabous de l’être humain. Pédophilie (« Seul Parmi les autres »), alcoolisme, individualisme, malbouffe (« Sandwich à la merde ») ou encore exploitation patronale (« Déjà mort »), Mathieu n’a pas la langue dans sa poche et dépeint même sa critique avec un certain humour noir. Babylon Pression insère dans tous les coins de faux dialogues proprement hilarants et pourtant tristement proche de notre réalité actuelle, allant jusqu’à utiliser la fameuse annonce de dissolution de l’assemblée nationale par Jacques Chirac. On devine aisément que la politique adoptée depuis de trop nombreuses années par le gouvernement Français a agit comme un déclencheur sur cette envie de revendication à répétition, la plume du leader de la troupe s’étant probablement d’autant plus aiguisée avec l’inévitable avènement de Sarkozy à la tête du pays (« La France recule, la France t’encule », extrait de « La France à peur », titre aussi évocateur que l’artwork de ce Travaille Consomme & Meurs).
La réelle profondeur du propos est d’autant plus appréciable que la musique n’a aucunement été négligée. Mathieu parvient en effet sans aucune lacune à combler le vide inhérent au départ de Sébastien, alternant ses tirades entre mélodies et tirades explosives bien relevées. Le frontman se voit de plus régulièrement épaulé par ses trois compères, qui éructent des backing vocals scandés histoire d’eux aussi bruyamment exprimer tout leur mécontentement face au système en place (« Esclave de la patrie »). Si le virage s’avère moins probant en ce qui concerne les tissus instrumentaux, il reste néanmoins bien présent. Exit les quelques ambiances enfumées sur lesquelles se greffait à merveille le flow ragga de Sébastien, Babylon Pression à décuplé la puissance de ses compositions afin de mieux coller aux vocaux et aux propos rageurs de Mathieu. L’arrivée de Roswell (ex-Eths) à la basse n’y est sans doute d’ailleurs pas étrangère tant les marseillais conservent le pied sur l’accélérateur tout du long. Car avec Travaille Consomme et Meurs, les quatre musiciens s’orientent vers un metal aux encornures punk toujours aussi catchy mais encore plus efficace et riche en riffs percutants. Le quatuor ne s’octroie qu’une unique pause (le presque instrumental « Tellement de connards et si peu de cartouches ») avant de ressortir les armes et de vigoureusement re-pointer ce qui ne tourne pas rond. Les marseillais mitraillent dans tous les sens, et c’est furieusement bon.
Avec cette seconde livraison, Babylon Pression assène une bonne baffe à une industrie musicale moribonde qui ne propose que trop de formations aux propos vides de sens. Si seulement les médias pouvaient s’en rendre compte… A acheter les yeux fermés.
.: Tracklist :.
01. Seul parmi les autres
02. Je ne sers à rien
03. Déjà mort
04. La vie sous vide
05. La France à peur
06. Responsable mais pas coupable
07. Demagloria
08. Tellement de connards et si peu de cartouches
09. Sandwich à la merde
10. Esclave de la patrie
11. Ne pars pas ou je te tue
12. J’ai trente ans et j’ai rien fait