Les sorties d'albums chez Ephel Duath sont programmées avec la rigueur d'un métronome. Avec un disque tous les deux ans, les trois musiciens ne chôment pas et annoncent fin 2005 leur retour avec Pain Necessary To Know, quatrième ovni dans la discographie d'un groupe inclassable.
Réduit à la forme d'un trio depuis le départ de Davide Tolomei, Ephel Duath se compose de musiciens expérimentés (le batteur Davide Poviesan est quadragénaire) et aux goûts éclectiques. Résultat : un rejeton expérimental, croisement entre le Hardcore, le jazz et le blues. Associer de tels genre relève presque de l'impossible, et pourtant, Ephel Duath opère la fusion avec brio, rendant difficile le classement du groupe dans une case bien définie. La voix rauque et teinté de rage trouve pour sa part son inspiration dans les sphères les plus extrèmes du metal, et bien que peu présente, celle-ci permet d'appuyer avec violence les passages les plus rentre-dedans du disque (« Vector, third movement », « Crystalline Whirl »). Dénué de toute mélodie, l'organe de Luciano Lorusso George ne permet pas une approche plus rapide et accrocheuse de l'ensemble sonore proposé par cette étrange projet Italien, au contraire de bons nombres de formations.
De premier abord, l'auditeur pourrait voir en Pain Necessary To Know un délire psyché sans véritable but ni structures. L'incroyable densité risque bien évidemment d'un dérouter, voir décourager plus d'un, et pourtant ce n'est qu'après de multiples écoutes que ce disque commence véritablement à révéler ses atouts. Il est presque inconcevable d'espérer décortiquer cette entité titre par titre, l'ensemble se présentant plutôt comme un long voyage de 40 minutes à vivre dans son intégralité. Si les influences Jazz ou Blues se font fortement ressentir par la mise en avant d'une basse appuyée, de multiples cassures dans la rythmique ainsi qu'un sentiment de dissonance souvent inhérent aux improvisations Free Jazz, Ephel Duath présente néanmoins une dimension extrêmement sombre, malsaine et oppressante, légèrement pimentée d'électroniques vrombissant et ténébreux.
Si Pain Necessary To Know s'avère relativement difficile d'accès, celui-ci n'est pas inintéressant pour autant, bien au contraire. Véritable bizarrerie de l'industrie musicale, le jazz metal de Ephal Duath n'a sûrement aucun avenir auprès du grand public, mais saura ravir les passionnés par une maîtrise instrumentale impressionnante.
.: Tracklist :.
01. New disorder
02. Vector, third movement
03. Pleonasm
04. Few stars, no refrain and a cigarette
05. Crystalline whirl
06. I killed Rebecca
07. Vector
08. Vector, second movement
09. Imploding