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Live report – Le Jardin du Michel 2017

L’institution lorraine a fait péter les watts avec Sum41, Matmatah, Peter Doherty, Tryo et Little Big pour son édition 2017.

Le Jardin du Michel déménage : exit les champs de Bulligny, cette année c’est en plein coeur de Toul que les festivaliers ont convergé. Si à l’origine, le déménagement a été décidé par souci de préserver les terres prêtées par les agriculteurs, il a apporté avec lui son lot de bonnes nouvelles : avec la cathédrale surplombant le site et la gare à deux pas, le cadre est à la fois superbe et pratique pour les non-conducteurs. Le JDM attirant un public de plus en plus jeune, c’est un atout non négligeable !

J1 : Babywam + Little Big + Lorenzo + Jabberwocky + 2Many DJs

On y croise le Michel, mécène originel et figure bienveillante du festival, qui garde toujours un œil sur les festivités. L’habitude, et l’envie de découvrir de nouveaux talents : les Berywam, sacrés champions de France de beatbox 2016, en sont un bel exemple. Avec leur rapport convivial au public, l’ambiance était bien lancée sur le plateau principal : ce sont des festivaliers en joie qui sont allés se ravitailler en bière avant la débauche intégrale russe, à savoir Little Big.

Little Big était une tête d’affiche officieuse : fort de sa notoriété web, le groupe à l’imagerie white trash a posé les bases d’une rave party déchaînée : la première soirée du JDM a été une fête radicale, dictée par la voix envoûtante et inquiétante de la chanteuse Olympia Ivleva. Ses twerks en ont inspiré plus d’un dans le public, avec des niveaux de réussite divers (l’alcool est l’ennemi de ton oreille interne, jeune padawan).

On m’a vendu Lorenzo comme le renouveau du rap ; j’attendais un flow futé, de la lose du quotidien, une critique de cette société débile, de l’auto-dérision et des idées nouvelles. Raté, les textes de Lorenzo sont à mille kilomètres de l’engagement. Les paroles veulent choquer, mais elles sont paradoxalement une représentation très exacte (et usée jusqu’à la corde) de cette société débile : bukkake, prouts et violence gratos, le côté Hanouna de la Force, quoi. Allez j’accorde un demi-point pour la scénographie fun, j’suis pas comme ça.

Heureusement il n’y a qu’une centaine de mètres à faire pour retrouver la grande scène et la soirée electro à suivre : Jabberwocky et 2ManyDJs. Une fête planante où tout le monde se retrouve dans une ambiance conviviale, qui colle beaucoup plus à l’identité festive du Jardin du Michel.  Ouf.

J2 : Gun Saloon Especial + Bambou + Pete Doherty + Matmatah

Le samedi a démarré fort : le bon gros rockabilly de Gun Saloon Especial a annoncé la couleur de cette journée placée sous le signe de la guitare saturée. Un coup d’œil à la scène locale avec Bambou : les protégés de la BAM ont une identité bien marquée, quelque part entre la pop, le stoner et l’electro. Mais fi des étiquettes, retenez surtout leur nom : vous en entendrez certainement parler au niveau national très bientôt !

Les chaussures vernies du dandy éthylique Pete Doherty sont arrivées sur scène presque à l’heure. Chemise débraillée, démarche nonchalante, on aurait pu craindre les couilles musicales étant donné l’état d’ébriété du chanteur (et sa propension à redécouvrir ce qu’est un micro au début de chaque titre) ; mais probablement mû par la force de l’habitude, il a mené un concert superbe. Mention spéciale à ses musiciens qui ont contribué à l’ambiance feutrée de ses chansons, entre violons mélancoliques et guitare rock.

Matmatah a été plus qu’un groupe, c’était un pilier du rock français à la fin des 90s. Les voir revenir en 2017 a généré un mélange de deux émotions contradictoires : a) la joie la plus totale, et b) le malaise : trop de groupes nous ont prouvé qu’il y a que le couscous qui est meilleur réchauffé. Du coup, le Jardin du Michel, c’était certes des retrouvailles, mais aussi un test.

Et bonne nouvelle : Matmatah nous en a envoyé plein la tête pendant une heure et demi, et on a pas eu le temps de reprendre notre souffle. Les nouveaux titres, toujours dans des thématiques concernées et poétiques, ont encore gagné en qualité et reçu un accueil très chaleureux. Entendre Lambé An Dro ou Emma, ça ne sera que la Cerise sur un Kouign Amann tout juste sorti du four plutôt que réchauffé. Jetez une oreille au nouvel album Plates Coutures et lisez notre interview avec Matmatah : « C’est quoi tous ces pikachu en festival ? ».

J3 : David Vincent et ses Mutants + Flying Orkestar + Giedré + Tryo + Sum41

Le dimanche en festival, c’est la sortie du coin, la fête au soleil, les copains et la famille. Alors on ramène le tonton marrant (David Vincent et ses Mutants), les cousins déglingo (Flying Orkestar), et surtout la baby-sitter qu’on aurait peut-être pas dû engager.

Giedré est adorable et terrifiante : sous ses atours de poupée se cache un implacable réalisme. « Ta vie c’est de la merde » chante-elle avec candeur et douceur. Au stand de crêpes non-loin (où on est allés noyer notre chagrin), on croise deux-trois enfants ahuris, les mains de leurs parents sur leurs oreilles pour les préserver de la cruelle réalité de la vie. « C’est bon oh vous allez vous faire consoler chez Tryo ! »

Et c’est vrai que chez Tryo, même si on reste réalistes sur la société qui pue, tout le monde se tombe dans les bras. C’est l’heure de l’apéro et de s’embrasser sur Serre-moi, de danser sur Yakamonéyé et d’écouter un Antoine monté sur scène pour jouer quelques morceaux avec le groupe : après tout, on est une grande famille (à part Nadine Morano).

Le groupe décolle après nous avoir conseillé de garder un œil sur les douves entourant la cathédrale, à deux pas : la Face Sonore va y faire son show, un numéro artistique entre musique mystique et funambulisme. Un voyage impressionnant et qui sort de l’ordinaire.

La clôture du festival a été à la hauteur des attentes : les Canadiens de Sum41 ont donné un show rodé, tous en effets de fumée et explosions de basses. Cette machine de guerre connait les ingrédients qui vont faire sauter le public jusqu’au fond du site (incluant confettis et reprises intempestives) et a rempli son contrat avec brio : les festivaliers sont repartis avec les genoux faibles et le sourire aux lèvres.

Si le site a quelque peu rapetissé, le Jardin du Michel a gagné son pari du déménagement. Avec sa programmation en trois jours / trois styles, la recette fonctionne toujours. A l’année prochaine !

Texte : Marine Pellarin
Photos : Ugo Schimizzi

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