fbpx
Vacarm.net
Image default

L’équipe de Papillons de Nuit nous parle du festival !

Rencontre avec le président Patrice Hamelin et le programmateur Pierre-Olivier Madelaine du festival Papillons de Nuit, qui se déroulera à Saint-Laurent-de-Cuves en Normandie les 20, 21 et 22 mai prochain pour évoquer cette nouvelle édition, mais aussi leur organisation.

Pouvez-vous vous présenter ?
Patrice Hamelin :
Je suis le président du festival depuis sa création.
Pierre-Olivier Madelaine : Je suis l’administrateur du festival.

Comment êtes-vous arrivés à votre poste ?
Patrice Hamelin : Pour resituer le contexte, Saint-Laurent De Cuves est un petit village de moins de 500 habitants qui accueille le festival. Au départ, il y avait une volonté de la population de créer de l’animation. Il y a toujours plusieurs animations tout au long de l’année, mais le festival est la principale. Les associations de la commune se sont groupées pour créer cet événement. Il y avait la volonté de rassembler des gens et de faire un événement fort, faisant venir la culture en milieu rurale, ce qui n’était pas évident au départ. L’envie est venue de là. Au fil des années, les équipes se sont agrandies, spécialisées, formées même si on reste bénévole. On a accueillis de plus en plus de festivaliers. On est passé de 9000 la première année à 70 000 maintenant. Je suis devenu président, peut-être parce qu’il n’y avait pas d’autre personne pour prendre la place. Mais c’était avant tout l’envie de participer à un événement fort qui m’a motivé.
Pierre-Olivier Madelaine : Moi c’est un peu plus classique, c’est mon métier. Je suis arrivé il y a 9 ans pour gérer l’organisation générale, aider les bénévoles qui œuvrent tout au long de l’année. Ils sont 27 au bureau de l’association et plus de 1300 lors du festival. Le festival est un éternel recommencement. On essaie d’innover et de proposer des nouveaux services aux festivaliers.

Des exemples ?
Pierre-Olivier Madelaine : L’année dernière, on a été le premier gros festival à lancer le cashless, un système de paiement dématérialisé. Cette année, on lance notre club Papillons de Nuit. Le principe est assez simple, c’est celui du fan club. Ça concerne un nombre de festivaliers restreints, environ 200, qui souhaitent devenir les ambassadeurs tout au long de l’année du festival. On les privilégie, avec des informations en particulier, un bar qui leur est réservé sur le site, où ils pourront se retrouver entre eux et découvrir des gens de l’organisation. Le but est de fédérer une petite communauté de fans de Papillons de Nuit.

L’opération de paiement dématérialisé a-t-elle été une réussite ?
Pierre-Olivier Madelaine : L’année dernière, environ 20 000 personnes ont utilisé le service, ce qui est très important. Ça a super bien marché autant côté public que organisation. Cette année, on améliore le système et on passe sur des bracelets au lieu d’une carte. Il sera remis dès l’entrée du festival et utilisable aussitôt.

Vous êtes cinq programmateurs. Pourquoi ce choix et comment se passent les discussions entre vous ?
Patrice Hamelin : Tout seul, il m’est impossible de voir tous les concerts. Nous avons nos activités en dehors du festival. A cinq, on peut se partager les écoutes et croiser nos avis. C’est très important pour moi. En terme d’organisation, c’est très simple. On communique très facilement par internet et les réponses sont instantanées. Ce n’est pas lourd du tout. C’est peut être une des commissions du festival qui fonctionne le plus rapidement. C’est vrai qu’il faut aussi être réactif.

Vous parlez de l’utilisation d’Internet. Comment avez-vous incorporé les réseaux sociaux dans votre communication ?
Pierre-Olivier Madelaine : C’est quelque chose qui est venu assez naturellement il y a 5 ou 6 ans environ. Le festival est très actif sur le web et sur les réseaux sociaux en particulier. Le but pour nous est d’essayer de créer du lien tout au long de l’année. On essaie au maximum d’alimenter notre site et les réseaux avec des vidéos, des jeux, des animations diverses. Il faut aussi être pragmatique. Aujourd’hui la communication se fait essentiellement sur ces réseaux. On continue à passer par les médias traditionnels, mais du fait de notre public très jeune, de moins de trente ans, on ne peut négliger ce canal par rapport à la presse écrite ou la radio.

papillons_nuit_complet

Vous parlez beaucoup d’environnement sur votre site. Comment le sujet a-t-il été amené dans l’ADN du festival ?
Patrice Hamelin : C’est un soucis au quotidien. On aménage notre site sur des terres agricoles. Il faut donc rendre les terrains propres et non pollués à la fin de l’événement, c’est quelque chose d’essentiel. Les festivaliers sont là trois jours, ils campent et laissent une partie de leurs détritus. C’est à nous de les nettoyer et de faire en sorte de les motiver et les sensibiliser à la propreté. On a mis en place plusieurs mesures comme le tri. On incite les festivaliers. De notre côté, tout ce qui est servi comme plat est recyclable ou bio dégradable. Les festivaliers sont de plus en plus réceptifs. Les responsabiliser à 100% reste encore un challenge.

Des coups de cœur pour cette édition ?
Patrice Hamelin : Tout le monde (rires) ! Les coups de cœur, souvent ne sont pas des têtes d’affiche. On va plutôt découvrir de jeunes talents et on a envie de les faire voir. Des choses un peu décalé comme les Fat white Family ou De Staat qui me plaisent beaucoup. Alo Wala, qui a un style complètement différent. On sait que pour notre public, ce sont des choses qui vont leur plaire. On est content de pouvoir leur donner la possibilité de les voir.
Pierre-Olivier Madelaine : Comme le disait Patrice, le but d’un festival c’est de programmer des têtes d’affiche mais aussi de faire découvrir d’autres artistes au public, notamment des talents émergents, que les gens n’ont pas forcément l’habitude de voir ailleurs. Moi, mon coup de cœur de l’année, ce serait le groupe Last Train, qui est un quatuor rock originaire d’Alsace. Ils ont à peine 20 ans mais quand on les voit sur scène, on dirait qu’ils tournent dans le monde entier depuis quinze ans. C’est un groupe de rock comme on en a peu en France. C’est vraiment un groupe assez brut, assez vintage dans son approche, mais qui donne tout sur scène. Je les ai découvert l’hiver dernier, on était pas nombreux dans la salle mais ils ont fait un super concert, ils ont tout donné. Devant 3000-4000 personnes à Papillons de Nuit, ça devrait donner.

Et si aujourd’hui vous pouviez inviter n’importe quel groupe ou artiste ?
Pierre-Olivier Madelaine : On peut avoir beaucoup de rêves. Cette année on a la chance d’accueillir Indochine, qui est un des groupes qu’on essayait de faire venir depuis longtemps et qui est vraiment le groupe emblématique que le public, les bénévoles et les partenaires attendent. Après, il y en a d’autres comme Ben Harper ou Manu Chao qui sont des artistes qui seraient dans la droite ligne de ce qu’on a fait ici depuis quinze ans.
Patrice Hamelin : On ne se focalise pas sur des artistes, ça nous arrive souvent d’être déçu, parce que pour différentes raisons ça ne peut pas se faire. On préfère voire sur plusieurs années nos programmations. On a des objectifs, c’est vrai, mais on ne se focalise pas sur un artiste en particulier. Pierre-Olivier parlait d’Indochine, on les attendait depuis un certain temps. Manu Chao on le travaille aussi, peut-être qu’on y arrivera, peut-être pas. Mais on ne s’arrête pas sur des déceptions.

Comment s’organise justement le choix des groupes et la hiérarchisation entre têtes d’affiche et découvertes ?
Patrice Hamelin : C’est vrai qu’il faut voir dans chaque artiste son aspect culturel et le public qu’il peut nous apporter. On essaie de faire un mélange des deux. Une tête d’affiche peut être très attendue à un endroit et beaucoup moins à un autre. Je sais que Indochine va nous apporter du monde. Peut être qu’un autre artiste sera moins attendu chez nous et plus ailleurs. On fait nos choix aussi en fonction de l’actualité. On connait un peu les goûts de nos festivaliers donc on tente de répondre à leurs attentes, avec les têtes d’affiche et les découvertes. On se rend compte de leurs envies à travers les réseaux sociaux, notre cercle de bénévoles et leurs enfants, qui nous font remonter de l’information. En tant que programmateur, on écoute aussi ce qui peut être dit et qui nous permet d’estimer le désir des festivaliers. Mais c’est aussi à nous de créer ce désir.

Concernant le revenu des artistes, avez-vous ressenti le transfert de l’économie musicale des productions audio vers le live ?
Pierre-Olivier Madelaine : Si on ne le ressentait pas, on serait chanceux !
Patrice Hamelin : Comme tout le monde, effectivement, c’est la grosse problématique, l’augmentation des cachets. On le dit depuis longtemps, malheureusement ça ne change pas. Pour avoir des artistes, il faut mettre de plus en plus cher. La programmation 2016, il y a sept-huit ans, valait moitié moins en terme de cachets. On est obligé de le répercuter sur le prix des entrées en partie, mais aussi de solliciter nos partenaires et d’aller en chercher de nouveaux.

Le festival est à l’équilibre aujourd’hui ?
Patrice Hamelin : Quand on est à l’équilibre c’est bien. Quand on fait du profit, c’est mieux, ça permet d’éponger les dettes de l’année précédente. On est une association, ça peut aller très vite dans les deux sens. D’une année sur l’autre, ça peut être très compliqué, s’il nous manque 1000 personnes. Nous restons une économie fragile.

C’est un peu une réponse « de normand » ça non ? 🙂 Disons-le autrement. Êtes-vous satisfaits des préventes pour cette édition 2016 ?
Patrice Hamelin : On est satisfait des préventes, les pass 3j ont été vendus avant l’annonce de la programmation, qui est un signe de fidélité. Il nous reste à aller chercher des gens qui viendront pour un coup de cœur durant le prochain mois.

papillons_nuit

Vous parliez des talents locaux, Fakear qui était présent l’an passé va réaliser son premier Zénith de Paris cette année. Quel regard portez-vous sur cet artiste ?
Pierre-Olivier Madelaine : On essaie de faire jouer des artistes locaux chaque année, c’est d’ailleurs pour ça qu’on a noué des partenariats avec des SMAC (Salles de Musiques Actuelles ndla) de la région. Fakear est effectivement un jeune artiste, qu’on suit depuis quelques années, qu’on a eu la chance de programmer l’année dernière, qui était déjà presque en haut de l’affiche et qui continue son petit bonhomme de chemin. On est évidemment très fier de ça, il n’y a pas que lui non plus, il y a aussi Superpoze qui fait un super parcours dans le milieu des musiques électro. On espère qu’il y en aura plein d’autres. Papillons de Nuit est aussi là pour promouvoir ces artistes, les faire découvrir au public, aux médias, aux professionnels. On souhaite les aider à se professionnaliser et les faire vivre de leur musique.

Qu’est ce que représente la musique pour vous ?
Pierre-Olivier Madelaine : La musique, comme la culture au sens large, c’est une aération dans notre quotidien. Ça permet de se changer l’esprit, de se forger sa propre personnalité ou son identité propre. C’est ce qui fait aussi de notre patrimoine national, de notre parcours personnel. La musique, quand on travaille dans un festival, c’est notre quotidien. On est constamment entouré de musique. On en écoute, on va en concert, on reçoit des maquettes, on croise des groupes. C’est aussi vivre de sa passion et c’est essayer de la faire partager aux autres.
Patrice Hamelin : Pour moi c’est un peu pareil. C’est un élément fédérateur, qui peut rassembler plein de gens, quels que soient les goûts. C’est universel aussi, qu’on soit aux deux extrémités du monde, on peut écouter la même musique. C’est vraiment quelque chose qui est capable de rassembler des gens sans a priori. Les gens ont la possibilité d’écouter de la musique en voiture, à la télé, sur leur ordinateur, sur leur téléphone, mais ils continuent malgré tout de se rassembler pour venir écouter de la musique en live.

Ma question rituelle. Préférez-vous les Beatles ou les Rolling Stones ? Pourquoi ?
Patrice Hamelin : Les Rolling Stones. D’un point de vue musical, je suis plus rock que pop. J’aime bien les Beatles mais pour l’époque c’était un peu trop léché par rapport aux Stones.
Pierre-Olivier Madelaine : Même si c’est pas mon groupe préféré, les Beatles restent le meilleur groupe du monde et de l’histoire du rock’n’roll. Ils sont simplement au dessus en terme de notoriété, par rapport à ce qu’ils ont créé, de la Beatles magna qu’il a eu justement. Ils restent un phénomène à part. J’aime beaucoup les Stones mais les Beatles restent le groupe emblématique de l’histoire du rock’n’roll.

Propos recueillis par : Ugo Schimizzi

Vous pourriez aussi aimer...

Laissez un commentaire

Le webzine qui fait du bruit
Vacarm.net est un site d'actualité musicale. Chaque jour retrouvez de nouvelles chroniques des dernières sorties d'album, des interviews de vos artistes rock / metal favoris et des live report des meilleurs concerts et festivals français.