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Interview de Stone of a Bitch à l’occasion de la sortie du nouvel Ep IntimAlicious.

Le 7 avril, Loïc de Stone of a Bitch nous a parlé du nouvel Ep du groupe, IntimAlicious, par téléphone, confinement oblige.

Bonjour Loïc ! Passes-tu le confinement avec Chris, la chanteuse ? Mettez vous cette période à profit pour composer ?
Pas du tout mais composer on peut le faire à distance, c’est comme ça qu’on travaille depuis le début du projet d’ailleurs. Chacun a sa période de réflexion, de création et après il y a un moment de partage sur les textes, la musique, des moments d’échange. On peut le faire même à distance et même en temps normal. Le confinement n’apporte pas forcément de contraintes supplémentaires mise à part que l’on ne peut pas physiquement répéter. On peut le faire de manière un peu dégradée par vidéo conf mais la vraie répète avec les watts qui décoiffent, ça on doit un petit peu le mettre de côté pour l’instant.

Vous êtes donc un duo, une formation assez rare dans le rock, pourquoi ce choix ?
C’est un vrai défi et c’est justement ce qui nous intéresse. Alors pourquoi déjà, ça c’est l’histoire de la rencontre, nos trajectoires ont fait qu’on a commencé comme ça à deux, Christelle jouait dans un autre groupe et moi j’étais programmateur de festival, on a fait connaissance parce qu’elle était sur scène à ce festival. On a commencé simplement à deux en format acoustique parce qu’on s’est retrouvés sur plein de références musicales. Petit à petit, en complexifiant le set-up technique, la configuration, le matériel etc, on s’est rendu compte que ça restait un super challenge que de rester dans ce style tout en étant deux. Le choix des instruments était un vrai défi surtout pour faire du rock donc des choses percussives mais ça a permis de révéler notre passion qui existait déjà pour des machines permettant de générer des rythmes et du coup on s’épanouit complètement dans cette exploration de matériel et dans recréer ces univers parce que nos influences viennent aussi de sonorités machines pour une grande part. La partie hip-hop, trip-hop qui influence Christelle se retrouve dans le matériel qu’on utilise donc il y a vraiment un épanouissement dans ce format du duo.

De quels instruments joues-tu ?
Depuis très longtemps, mon instrument de prédilection c’est la guitare, un instrument qui m’a toujours fasciné, que j’ai commencé très jeune mais je suis multi-instrumentiste, j’aime toucher à tout ce qui me tombe sous la main. Ça permet justement cette exploration et de choisir notre matériel sur scène, ça crée une espèce de laboratoire et on aime bien.

Vous êtes toujours deux sur scène aussi ? Pas de batteur ?
Bien que je sois aussi un petit peu batteur, on n’a jamais de batterie sur scène, les sons de percussion sont samplés, séquencés et nous on va se concentrer sur l’orchestration de ces machines et sur la guitare, Chris est aussi un petit peu guitariste de temps en temps. Tu peux retrouver ça dans certains duos comme les Kills qui ont aussi des sons de machine derrière, je dirais qu’on est une version un peu plus metal que les Kills, metal au sens des riffs de guitare parce qu’au niveau du chant ça reste quand même du chant mélodieux, pas de gueulard de metal sur ce qu’on fait. Mais dans le rock c’est vrai que ce n’est pas une équation forcément facile à résoudre. On aime le défi que ça représente d’être à deux et ça apporte une super flexibilité sur toutes les questions de prises de décisions artistiques et logistiques. C’est plus terre à terre mais se mettre d’accord sur les dates d’une tournée, se libérer, les décisions un peu stratégiques, tout prendre à deux c’est beaucoup plus facile à faire. Le seul risque qui pourrait exister c’est qu’il ne faut jamais que la source d’inspiration se tarisse mais ces sources là sont tellement multiples dans l’art, la société , les événements, les différentes sphères qu’on traverse, professionnelles, amicales, familiales, personnelles … c’est tellement riche que ça suffit à alimenter les messages qu’on essaie de porter.

Tu peux m’en dire un peu plus sur ces messages ?
Notre nom déjà guide beaucoup la thématique. Stone of a Bitch ça veut dire les résidus des différentes strates de psychisme qui font qu’on est qui on est et en particulier la bitch sont toutes les influences un peu sombres qui guident nos actes ou nos décisions. Notre point de vue c’est qu’on est constitués de différents personnages par notre adn, notre éducation, nos expériences et que réussir à coordonner ces différentes personnes intérieures peut créer de la distorsion ou amener à des choix qui parfois nous échappent. Ça c’est la thématique de la bitch, comment elle influence nos émotions, nos perceptions, nos actes avec cette notion d’alternance entre ces différents visages, entre une partie plus lumineuse et une plus sombre. C’était déjà présent sur le premier Ep, ça l’est encore sur le nouveau avec toujours cette opposition et cette menace qui créent l’interaction entre les personnages.

Parle moi de Ludwig et Alice.
Ce sont des personnages de scène. Sur scène on est Ludwig et Alice. En fait on considère qu’on n’est plus des musiciens, on est deux facettes d’une seule et même personne, deux esprits qui coexistent dans un même corps et, sous certaines conditions, on apparaît aux humains. C’est un petit peu le concept et les humains peuvent percevoir l’aventure, ce à quoi on est confrontés dans notre vie limbique et ça se matérialise par de la musique, parfois par des images sur nos clips ou par des textes donc tout processus artistique.

Qui est à l’origine du concept dans le duo ?
Le concept en lui même vient de nous deux mais il s’alimente aussi de toutes les co-créations qu’on fait avec les réalisateurs, acteurs, le public, les chroniqueurs. On obtient toujours des retours, des échos sur ce qu’on essaie de proposer et ça dirige le projet dans une espèce d’inconscient collectif qui vient s’exprimer dans tous ces échanges. Dans le processus d’écriture, je suis plutôt à l’origine des textes, des mots, des idées, de la musique et Chris est là dans les phases un peu plus en aval, les arrangements, le choix des mots quand il y a des hésitations et surtout l’interprétation et le passage au travers de son filtre de Chris en tant que personne et de Alice en tant que personnage qui est une relecture du matériau qui a pu être créé.

Ces deux personnages existent uniquement pour IntimAlicious ou bien chaque fois que vous allez écrire ce sera à travers Ludwig et Alice ?
C’est vraiment propre à Stone of a Bitch, ça a toujours été comme ça. Je ne sais pas si tu as vu la pochette de notre premier album, on est dans l’incarnation des personnages qui y sont représentés. Le projet Stone of a Bitch raconte l’évolution de Ludwig et Alice au travers de leurs épopées, leurs aventures, leurs émotions, leurs perceptions. On suit leur trajectoire. C’était vrai sur le premier album et c’est toujours le cas sur cet Ep avec un focus un peu recentré sur Alice, d’où le titre IntimAlicious.

Premier Ep

Pourquoi avoir choisi le format de l’Ep plutôt qu’un album ?
Il y a des raisons artistiques et symboliques et d’autres un peu plus pragmatiques. A la base pour moi en priorité c’est une continuité logique de notre discours sur Ludwig et Alice. Sur cet Ep on s’attarde sur le malicieux qui investit l’intimité d’Alice. La suite pourrait très bien être un Ep centré plutôt autour de Ludwig donc ça c’est une raison un peu sémantique. Il y a aussi une raison un peu plus technique. Quand on travaille sur cinq titres on peut davantage explorer certaines choses en profondeur notamment la recherche du son sur laquelle on voulait vraiment s’attarder. Avec cinq titres on a eu toute latitude d’avoir plus de temps sur cette création en travaillant avec des partenariats, des techniciens et des ingénieurs du son, faire de la création personnalisée des sons de guitare, de percussions. On a vraiment construit un matériau sonore qui peut nous suivre sur scène, c’était un objectif qu’on s’était fixé avant le début de cette 2e phase d’Ep.

Peux-tu m’en dire un peu sur la signification de l’artwork, la plage, les crabes … ?
Il y a plusieurs interprétations. Dans notre imaginaire la fille est absorbée dans ses pensées et pas forcément encore consciente de la menace qui l’entoure parce qu’une des thématiques centrale c’est l’innocence et la menace, leur confrontation et la façon dont elles nous font tous évoluer. C’est une forme de prise de conscience des différents personnages qui constituent notre psyché donc là elle est dans une sorte de transition entre quelque chose de réel et quelque chose de plus limbique avec cette expression très mystérieuse qu’elle a dans le regard.

C’est rare d’avoir un artwork aussi élaboré pour un Ep.
On porte beaucoup d’attention à ça, à la construction, aux détails, au fait qu’on ait eu un bon processus de réflexion avant pour guider les décisions artistiques sonores et visuelles et puis surtout ça vient de notre histoire c’est à dire que c’est complètement ancré dans Chris et moi, ce sont des références à des sensations très lointaines. Le matériel est là, il faut juste le puiser et le mettre en forme. On adore tout le processus de co-création avec d’autres personnes, des photographes, des réalisateurs graphiques, pour expliquer ça et montrer à quel point ce matériel vient représenter de manière juste l’imaginaire qu’on peut avoir.
Le sable donne cette texture un peu d’impermanence, de fugacité, un coup de vent et tout disparaît et en même temps le poème dit que malgré la fugacité, tout est ancré dans un roc. Quelles que soient les épreuves, les intempéries, le fondement, le socle est là et il est solide. Et ce socle là, notre proposition c’est que c’est un socle de foi. La foi permet de traverser ces différentes épreuves et sert toujours de cap et de lumière dans la direction qu’on prend, quelle que soit la situation.

Collectivement, par rapport à ce qui se passe actuellement tu penses que c’est le cas ? Qu’il y a un socle de foi ?
Le socle pour nous c’est le même, c’est la foi. Ce chaos que l’on vit actuellement est forcément annonciateur de changements donc il est aussi porteur d’espoir. Il permet aussi de se recentrer sur des choses fondamentales. Alors bien sûr, il met en lumière un tas de dysfonctionnements complètement inacceptables de notre société mais en même temps d’un point de vue humain, il permet de nous recentrer sur les choses fondamentales que sont l’échange, le sens et la spontanéité de la culture. Il y a donc quand même un certain nombre de questions vraiment intéressantes qui sont levées.

Avant le confinement vous avez eu l’occasion de défendre cet Ep sur scène, à Marseille, comment ça s’est passé ?
On avait une série de show case prévus qui vont être reprogrammés un peu plus tard dans l’année. On a eu ce premier show case à Marseille qui était l’occasion de valider les concepts, les nouveaux titres et de voir comment cette orchestration des instruments prend vie sur scène parce que ça s’est complexifié depuis le premier album. Le fait d’être deux,  avec cette volonté d’enrichir la palette sonore entraîne plus d’interactions avec les instruments, plus d’orchestration. Ça devient donc plus technique et c’est les choses qu’on voulait valider sur scène et qu’on apprécie beaucoup. On attend donc les show case suivants pour pouvoir trouver notre rythme de croisière dans l’interaction avec les instruments et le public.
Le concert à Marseille est un super souvenir, on était dans une des places centrales de la ville où la vie nocturne bat son plein, le public a commencé à arriver à partir de 22 heures, il y a eu une deuxième salve vers 23 heures et la faune évolue, ne réagit pas pareil, c’est assez captivant ce qui se passe dans ces univers donc oui c’était une super expérience.

Le mot de la fin ?
Je vais revenir sur le message de foi, sur ce qu’on est en train de traverser et sur le fait que ça doit aussi être un moment d’introspection qui doit libérer le meilleur des messages que chacun a entre nous.

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