Le dernier album en date de Klone, Black Days, sorti cette année, a été unanimement salué par la critique et s’est imposé tout simplement comme l’un des meilleurs albums de métal progressif français. Pour défendre son opus, le groupe est actuellement en tournée à travers la France et est notamment passé par Paris et La Boule Noire, où nous les avons rencontré pour parler avec eux de ce Black Days et des ambitions du groupe pour l’avenir…
Comment abordez-vous cette première date parisienne de votre tournée?
Bah plutôt bien, ça fait quatre ans que nous ne sommes pas venus jouer ici, donc c’est un vrai plaisir, surtout en tête d’affiche!
Il paraît que vous ne vivez pas de Klone, malgré le vrai battage médiatique autour de Black Days et une tournée à travers la France, comment est-ce possible?
Eh bien on aimerait bien savoir justement! On est dans une démarche professionnelle mais aujourd’hui on n’en vit pas… il faut savoir qu’il y a peu de groupes de métal en France qui vivent de leur musique. Et ça ne tient pas qu’à nous non plus…
Les critiques positives de la presse et le bon accueil du public pour ce Black Days vous ont-ils ouvert quelques portes?
Déjà ça fait très plaisir d’avoir des bonnes chroniques! Et ça a forcément des répercussions positives au niveau de la programmation de nos concerts… Ça aide à faire connaître le nom du groupe auprès des labels et du public, mais c’est à peu près tout, car les bonnes critiques, on les avait déjà avant…
L’une des réussites de Black Days est le travail fait au niveau vocal… avez-vous eu une démarche spécifique à ce niveau là?
On a beaucoup bossé dessus, c’est vrai. Et on a évolué aussi… c’est notre quatrième album et le troisième avec Yann (chant), donc on voulait éviter de retomber dans le schéma chant gueulé/chant mélodique habituel, surtout qu’on savait que ces titres mettraient beaucoup la voix en avant. Et puis au fur et à mesure des années, on commence à bien se connaître, il y a beaucoup plus de complicité… tout se tisse plus facilement entre la voix et l’instrumental, et on sait où on va!
L’une des spécificités de Klone, c’est l’utilisation d’un saxophone, ce qui est plutôt rare dans le métal progressif, d’où cela vient-il?
En fait on connait Mathieu depuis le collège, à la base on l’avait pris dans Klone pour qu’il fasse des samples et des textures, puis au fur et a mesure, on s’est dit qu’il y avait des parties qui se prêtaient bien à l’utilisation du sax, donc on a essayé et ça a marché. Le fait d’entendre un peu des instruments différents dans le métal a l’air de bien plaire aux gens en plus… On a aussi essayé de détourner un peu l’utilisation originelle du sax en faisant beaucoup de traitement studio avec des filtres et des saturations, ce qui fait qu’on ne reconnaît pas forcément le sax quand on l’entend. Il faut vraiment tendre l’oreille!
Vous gèrez aussi le collectif de la Klonosphère, ainsi que Klonosphère propagande, un organe de promotion des groupes, quels sont les projets en cours les concernant?
On fait encore quelques concerts, mais de moins en moins. Au niveau promo, il n’y a plus grand chose à faire car maintenant, tous les groupes assurent leur propre promo. On a créé ça au départ car on venait tous du même endroit et on avait besoin de se faire connaître, chose plus facile à faire à travers un collectif. Ça a servi de tremplin pour accéder à des structures pro, et ça a dû bien marcher car maintenant tout le monde est signé! Quant aux projets, on fera sûrement une soirée spéciale sur Poitiers pour les 10 ans de l’association suivie pourquoi pas d’une dizaine de dates en France avec un plateau, mais il faut voir si c’est réalisable…
Pour entrer un peu plus dans les détails concernant ce nouvel album, il y a un titre particulier sur celui-ci, «Immaculate Desire», que je trouve très différent des autres titres par son rythme en slow tempo et la voix mélancolique…
Oui, c’est une chanson d’amour! (rires) C’est Mickael qui a pondu ce truc là! Elle était dans les tiroirs et on l’a mise en place pour cet album. C’est marrant parce que au moment de la composition, c’était le morceau le plus chiant à mettre en place, par sa lenteur et sa lourdeur, justement… mais dans les critiques, il ressort souvent positivement! Il y a vraiment une ambiance spéciale, il avance doucement mais sûrement, avec une fin très particulière avec des synthés un peu bizarres…
Autre titre marquant de cet album, la reprise de « Army Of Me » de Björk… pourquoi votre choix de reprise s’est porté là-dessus?
Ça fait un moment que ça trainait, on avait fait une liste de choses que l’on voulait reprendre, et qui collaient avec ce que l’on faisait musicalement. Ce morceau c’est un peu le morceau métal de Björk car l’entrée avec le premier riff dans la version originale est vraiment saisissante… qui a déjà été reprise mais on a essayé de rester fidèle à la version initiale dans la construction et l’adapter un peu à notre sauce au niveau son. C’est le même tempo et la même tonalité, seule la fin dévie avec un rendu plus progressif.
Lors de cette tournée, vous allez faire quelques dates en compagnie d’Helmet, un groupe qui a connu un grand succès dans les années 90 et cité comme référence par des groupes comme Korn ou Deftones… j’imagine que ce sera un moment important pour vous?
Tout à fait. Ca fait vraiment très plaisir, et ce qui est bien, c’est que l’on va toucher un public Rock. Au final on se sent plus proches du Rock que du brutal Death ou des choses extrèmes comme ça… Musicalement Helmet, ca groove beaucoup avec des bons riffs… cela va aussi nous permettre de jouer à l’Elysée Montmartre au mois de décembre, et ça va être un très belle date dans une salle mythique!
Les observateurs notent une vraie progression dans le métal français, surtout par la qualité des productions qui sortent actuellement… est-ce quelque chose que vous ressentez aussi?
Nous on voit clairement que les productions évoluent avec le home-studio qui se développe beaucoup et des groupes comme Gojira qui montrent l’exemple… ça tire vraiment vers le haut de partout en ce moment. Après les idées on en a beaucoup, tout est une question de moyens! Les tournées à l’étranger, par exemple, il faut de l’argent… Il y a une grosse partie financière dans le développement de projets musicaux réussis. C’est comme pour le gars qui sort un film, son film peut-être génial, mais s’il n’a pas la promo qui suit, le film fera un bide. Là, c’est la même chose.
Est-ce que vous assumez la filiation avec Tool, qui est finalement l’un des aspects dont on parle le plus avec ce Black Days?
Non on ne connait pas ce groupe, on n’en a jamais écouté! (rires) Tool fait juste partie des influences, c’est peut-être celle qui ressort le plus, mais franchement à part «Rite Of Passage» qui fait vraiment partie du monde de Tool, les autres titres, ce n’est pas le cas. Si on avait commencé l’album avec un autre titre, les choses auraient sûrement été différentes, mais c’était ce qui devait donner le ton de l’album! Et puis il y a pire comme comparaison!
Pour finir, que peut-on vous souhaiter pour les mois à venir?
Un nouvel album, beaucoup de dates, une tournée européenne… ça ce sont vraiment les trucs sur lesquels on bosse en ce moment. On a les idées, reste plus qu’à trouver les moyens! Ce qui est sûr c’est qu’il faut qu’on tourne comme des fous pour défendre cet album! On est de plus en plus satisfaits par ce que l’on fait, donc ça ne nous donne pas envie d’arrêter!
Merci aux membres de Klone pour nous avoir accordé cette interview, ainsi qu’à Rose (Season Of Mist).
Interview réalisée par Julien Peschaux pour Vacarm.net.