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Klone en interview au Hellfest !

Le Hellfest est passé depuis plusieurs semaines déjà, mais il s’avère qu’il aura pour certains été un tournant, qu’il s’agisse d’artistes mais surtout du public. L’effet déclencheur pour se dire « Ça y est, les concerts ont repris ! ». Ou pas ? À travers plusieurs interviews, nous avons interrogé des artistes sur leur mode de vie pendant et après les périodes de confinements qui ont malheureusement été synonymes d’énormément d’annulations de concerts d’une part, mais d’une plus grande timidité du public de l’autre, à revenir fréquenter les salles de concerts. Sans en tirer de conclusion, voici ce que Guillaume, leader et guitariste de Klone, nous a livré dans une interview réalisée lors du Hellfest 2022. On remercie d’ailleurs Leo Margarit, le batteur de Pain Of Salvation avec qui le groupe a tourné aux États-Unis récemment, pour les photos du groupe.

Salut Guillaume, comment ça va ?

Ça va super ! Ça fait longtemps que je n’étais pas venu profiter ici, au-delà de la pause Covid, quand on avait joué ici en 2019, je n’avais pas beaucoup de temps pour trainer au festival. Là, je profite beaucoup plus.

Qu’est-ce que toi et Klone avez fait pendant ces deux années blanches ? Est-ce que ça a été profitable à titre pro et perso ?

Profitable, oui et non. Oui, parce qu’on a eu la chance de pouvoir tourner comme il faut pour la promo de notre album en 2019, notamment une tournée d’un mois avec Leprous en Europe. Quand on est rentrés de tournée, le confinement c’était dix jours plus tard.  Mais on avait pas mal d’autres dates calées pour après qui ont été, tu t’en doutes, annulées. On devait notamment aller en Australie. La dernière fois, c’était avec Voyager. Je suis pas du genre à me lamenter si quelque chose qui devait se faire ne se fait pas. Alors j’ai travaillé chez moi, et j’ai fait des trucs très con comme du rangement, du tri dans mes sons parce que j’ai travaillé sur Klone, Polar Moon et j’en ai trop fait. L’équivalent de deux disques pour Klone ! On a donc fait un gros tri.

Le tout premier confinement, le vrai, comment l’as-tu vécu ?

J’étais content de cette période de créativité, comme tout le monde, le temps s’était arrêté. Je n’avais pas de pression, j’avais mon temps. Je n’ai pas mis ma vie en pause et malgré le côté étrange des confinements, surtout le premier, ma créativité a été tout sauf altérée. Mais à côté de ça, j’ai eu aussi la sensation, à titre personnel, d’avoir été comme un clébard. Les restrictions, les interdictions… ça m’a fait flipper, dans le sens où on peut vraiment te faire faire n’importe quoi sous un prétexte de peur. Même s’il y avait des raisons légitimes, cette obéissance aussi rapide et sans contestation comme j’ai pu le voir dans mon entourage, ça m’a vraiment interrogé. Mentalement, ça te met dans une prison, j’ai trouvé que les gens n’en étaient pas assez méfiants. Mais il y a eu aussi des bonnes choses : j’ai redécouvert ma ville, trouvé des endroits que je ne connaissais pas.

Tu penses que cette période a eu une influence sur ta manière de composer, sur ta vision de ton travail ?

Je peux pas te dire, surement peut-être un peu. J’ai une manière de fonctionner qui est restée depuis quelques temps, je chantonne des riffs et les enregistre dans mon téléphone puis j’essaye de le retranscrire à la guitare. Avant, on faisait beaucoup de choses plus ensemble. Pour l’instant, j’aime bien cette formule. Je me pose au Café des Arts à Poitiers, puis j’observe les gens, mon entourage, tout ce qu’il se passe et des trucs me viennent tout seul. Par exemple, une cloche d’église qui sonne, je me souviens des notes, du tempo, de la cadences des cloches…

C’est une compo plus solitaire du coup !

Oui et non, avant j’avais moins confiance en moi sur ce que je voulais proposer aux autres, j’avais pas mal besoin d’eux pour valider mes idées. Aujourd’hui, on va dire que j’ai un peu plus d’autonomie. Plus ça va, et plus mes propositions plaisent tout de suite aux autres membres du groupe. Mais oui comme tu dis, c’est un peu solitaire et c’est un peu chiant des fois. Le Grand Voyage a quasiment été maquetté entièrement à la maison comme ça. Sur le nouvel album sur lequel on bosse, c’est un peu pareil. J’ai fait appel à un pote, Pablo, le batteur d’Uncut pour m’aider à maquetter la batterie plutôt que de faire les choses sur PC. On se connait bien, on essaye des trucs et ça m’aide beaucoup d’avoir quelqu’un pour ça. Donc pour revenir à ta précédente question, je pense que pas que ce soit l’époque qui ait changé cette partie-là de ma façon de composer, c’est juste moi qui ai évolué aussi.

Plusieurs artistes, expérimentés ou non, ont beaucoup appréhendé la reprise des concerts. Ça a été le cas pour vous ?

Par peur ? Ou autre ? Enfin peu importe. En tout cas ouais ça a été dur. On s’est habitués à être tranquille, alors se taper 10h de route par exemple, c’était devenu pénible. Les moments où tu fais rien avant ou après le concert, tu penses qu’à être chez toi. Et pourtant être sur scène nous avait grave manqué, on était super heureux de reprendre. C’était tous les à-côtés. Le fait d’avoir fait une pause nous a donné de mauvaises habitudes de « petit confort ». Mais une fois que t’es lancé, ça revient !

La tournée aux États-Unis, ça a été difficile dans ce sens ?

Pour d’autres raisons, ouais, enfin on a eu quelques difficultés à y aller. La paperasse, les visas, les rendez-vous au consulat, mon premier test PCR dans le pif pour embarquer dans l’avion… c’était très rigide, procédurier, invasif… c’était contre-instinctif. Et puis on a flippé, il fallait absolument qu’aucun d’entre nous n’ait choppé le virus dans les derniers jours avant le départ, autrement il n’aurait pas pu embarquer.

Klone 2022 © Leo Margarit
© Leo Margarit

Tu as senti, à la reprise, que le rapport avec votre public avant changé ?

Au début oui ! J’ai le souvenir que pour les premiers concerts de reprise en 2020, on s’est retrouvés pas très loin de Strasbourg pour une date. On a joué devant un public assis, masqué. C’était vraiment étrange, cette distance. Mais depuis mars/avril dernier, le rapport normal revient, évidemment. Mais c’est pas encore comme avant. Les préventes sont par exemple beaucoup plus timides, alors que les salles ne sont pas forcément moins remplies le jour-J. Les gens ont peut-être encore peur, ou pris comme nous à notre manière, de mauvaises habitudes de « petit confort ».

Je sais pas si c’est une tendance généralisée ou non, mais j’ai le sentiment que beaucoup de personnes attendaient le retour du Hellfest pour eux-mêmes retourner voir des concerts par la suite et qu’en attendant, ils se préservaient…

Oui et ça se voit notamment sur les préventes justement. Et puis ce n’est pas que la question de la volonté de venir ou pas, c’est aussi la possibilité. Si t’es cas-contact ou malade, tu ne viens pas, c’est logique, même si t’avais déjà pris ta place. Pour ça que les gens attendent beaucoup le dernier moment. Beaucoup d’organisateurs de concerts ont essayé de sensibiliser le public là-dessus, sur les préventes, parce que c’est leur indicateur principal pour jauger si un concert sera rentable ou du moins pas à perte. C’est difficile par contre de communiquer dessus. Je pense pas que faire appel à la solidarité pour le monde de la culture soit un bon argument, les raisons derrière cette timidité à revenir aux concerts sont tellement multiples et peuvent être très personnelles. Et puis t’as aussi des personnes qui ont juste adopté un nouveau rythme de vie, plus sain, plus tranquille et qui découvrent que c’était ça leur style. Dans tous les cas, on peut pas se mettre à la place des gens et penser à leur place pour leur dire quoi faire.

Et ce nouvel album ?!

Il était censé être terminé ! On a fait toutes les prises dans un super studio près de chez nous qui vient d’ouvrir, le Dark Sun Studio. Bref, on pensait l’avoir fini en rentrant des États-Unis. On a dégrossi le mix avant de partir en tournée et on a suivi le truc à distance et en rentrant, j’étais pas finalement si satisfait que ça. Le label, le tourneur, tout le monde avait ce même sentiment sur le mix. Ça ne ressemblait pas assez à nous. Même si cet album est plus frontal avec des teintes et des couleurs qu’on avait avant Le Grand Voyage et Here Comes the Sun, il manquait des détails et notre côté aérien. Le nouvel album sera plus riffé, aura plus de notes et des couleurs plus à l’ancienne, avec des tempos encore assez lourds, même Yann a peu plus granulé sa voix. Aldrick est en train de bosser dessus.

Ça s’est bien passé pour lui la propulsion chez Gojira aux États-Unis ?

Woah attends ! Il a été incroyable tu trouves pas ? C’est comme si c’était un membre du groupe ! On était super content pour lui et lui encore plus, t’imagines bien ! Bon, on a du faire sans lui sur notre tournée par contre, c’était pas tout le temps évident. On a mis les basses sur bande et Enzo a pris la guitare. On a fait 8-10 dates comme ça. C’était un peu chaud à gérer, notamment la présence scénique à revoir. Surtout qu’Aldrick est très expressif sur scène. Les deux premières dates étaient bizarres, mais on s’était bien améliorés sur les suivantes, même s’il manquait quelque chose… enfin quelqu’un en l’occurrence. Par contre le public n’a pas bronché, donc c’est cool, ça a bien marché ! Et puis de toute façon, on n’avait pas le choix, on ne pouvait pas prendre quelqu’un d’autre : soit parce qu’on ne le connaissait pas ou pas assez, soit parce que c’était impossible de faire toutes les démarches administratives nécessaires à temps pour venir aux États-Unis. Mais c’était quand même assez taré, ce hasard : Gojira qui manque d’un guitariste, Aldrick qui est dans le même continent à ce moment-là et prêt à dégainer.

La France était bien en présence dans le metal prog aux États-Unis à ce moment-là ! Gojira et vous en tournée, et puis vous étiez avec Pain Of Salvation dont le batteur, Léo Margarit, est lui aussi français ! Comment ça s’est passé avec eux d’ailleurs ?

Mais super bien ! Je connaissais même pas Léo d’ailleurs, on s’est super bien entendus ! Aussi parce que je crois qu’il était super content de parler français. Mais tous les gars du groupe étaient super cool. Ils savent ce qu’ils font, mais sans se prendre la tête. Et eux non-plus n’avaient pas de bassiste, ils ont fait comme nous, c’est drôle ! On adorerait faire d’autres dates avec eux.

Une tournée européenne avec eux, ce serait envisageable ?

En théorie on peut tout imaginer, après en pratique on ne peut pas savoir. Après, j’ai eu l’impression qu’ils ont eu une petite chute de public avec leurs deux albums Road Salt, très bluesy. Ils sont revenus après sur des bases plus metal prog comme avant. Je sais pas comment Panther a été accueilli. Ces gars-là ne font jamais vraiment la même chose d’un album à l’autre, j’adore, mais tu te retrouves aussi avec un public éclaté, même s’ils ont une fanbase comme tout le monde.

Road Salt : One et Two sont dans mon top 5 de leurs albums !

Ah mais moi aussi ! T’as des titres incroyables, un grain vraiment unique. Et tu vois, ils ont pas joué un seul morceau de cette époque-là. Je leur avais demandé, mais ils préfèrent s’adapter. Ils ont été très déçus de l’accueil de ces deux albums et ils ne veulent pas revivre ça, même si eux-mêmes adorent cette époque. Mais je sais pas, c’était peut-être trop tranchant d’un coup. Je croise les doigts pour Klone parce que pour l’instant, à chaque fois qu’on a changé de cap ça a bien marché. Parce qu’il faut surtout pas se perdre et faire du fan-service.

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