Unique date programmée dans la région Aquitaine, Black Bomb A était de passage dans la salle des fêtes de Libourne le temps d’une soirée explosive. Organisée à cinquante kilomètres de Bordeaux, la soirée aura laissée planer un agréable sentiment nostalgique : celui des concerts organisés dans des lieux atypiques situés en dehors des grosses agglomérations. Des scènes souvent propices à la découverte de petites formations qui se seront malheureusement raréfiées depuis quelques années, du fait des difficultés financières actuelles. Perdue dans un quartier résidentiel, la salle des Charruauds aura laissé le metal s’imposer, en lieu et place des fêtes municipales habituelles. Compte-rendu d’une soirée haute en couleurs.
Interview de Black Bomb A oblige, la prestation des représentants Libournais de Dayspun se termine lors de notre entrée sur les lieux. En un seul et unique titre de conclusion, la jeune formation laisse pourtant une très bonne impression. Lourd et mélodique, le son se montre résolument moderne et vient allégrement puiser ses influences dans les plus récentes formations metalcore américaines. Riffing efficace, batterie soutenue, un chant oscillant entre hurlements et voix claires, Dayspun témoigne au sein de sa musique d’une grande efficacité, à défaut de proposer une musique véritablement novatrice. L’expérience devraient néanmoins permettre aux musiciens de s’imposer de façon plus marquée sur la scène régionale. Changement de plateau rapide, Dayspun laisse la place à Day Of The Fisherman.
Formation confirmée de la scène Bordelaise, le quintet vient présenter un EP récemment enregistré. Véritable attraction de la soirée, le frontman entre sur scène habillé d’un étrange T-Shirt digne des plus kitchissimes illustrations du calendrier de la poste, chatons et chiots bien en évidence sur une cage thoracique visiblement bien développée. Lorgnant du côté hardcore de la force, Day Of The Fisherman délivre un set agressif et compact, à peine parsemé de quelques incartades en chant clair. Un registre moins convaincant que le timbre hurlé de leur frontman, qui s’exprime à l’occasion sans même prendre soin de recourir à son micro, et parvient pourtant à faire porter sa voix jusqu’au fond de la salle. Si la fosse demeure clairsemée, le quintet se donne à fond, parfois même jusqu’à l’excès en ce qui concerne son excentrique chanteur. Etrangement porté sur les attouchements sexuels et autres épisodiques bizarreries, ce dernier termine la prestation en écumant la fosse afin de hurler au nez des spectateurs se trouvant de ci et là. Un show rondement mené pour un groupe qui présente déjà une bonne maturité d’écriture, malgré le fait qu’aborder la musique du groupe demeure difficile par l’unique biais de la scène. Une légère répétitivité s’instaure, bien que la plage horaire de rigueur accordée à une première partie ne laisse guère la lassitude s’installer. A suivre.
Malgré la petite affluence probablement inhérente à la distance entre Bordeaux et Libourne, l’impatience est palpable quelques minutes avant l’entrée en scène de Black Bomb A. Le public qui devra malheureusement patienter le temps que le groupe fasse ses balances, ce qui aurait pu laisser croire à une éventuelle amputation au niveau de la set-list du fait de la set-list. C’était sans compter sur l’envie d’en découdre exprimée par le désormais quintet, qui lance les hostilités sur un « To Reactivate » démentiel. Délesté de la seconde guitare auparavant tenue par Scalp, la formation envoie pourtant ses morceaux avec une énergie démesurée, dans le même esprit punk-hardcore témoigné sur un très bon From Chaos largement mis à l’honneur. Mais l’événement de cette nouvelle tournée est bien le retour de Djag derrière le micro, qui réinstaure une incroyable vélocité des phrasés. Un aspect du chant minimisée sur la période Arno au profit d’une dualité vocale plus marquée. La retranscription des morceaux donne naissance à un jeu de questions réponses particulièrement speed et viscéral, les timbres entre-melés gagnant encore en impact par rapport aux enregistrements. Les deux meneurs de bande ne tiennent pas une seconde en place et dynamitent un public qui répond au quart de tours aux assauts incessants de la formation.
Sans temps mort, mené par une rythmique imposante et assénée à grands renforts de double-pédale, Black Bomb A bénéficie d’un son excellent et impose sa maitrise en articulant sa prestation sur ses compositions les plus directes. Les brûlots plus orientés metal qui composaient Speech Of Freedom et One More Sound Bite To React sont de ce fait relégués au second plan au profit d’un retour logique sur ces deux premiers essais discographiques. Etrangement représenté par deux uniques morceaux, le précédent album de Black Bomb A sera d'ailleurs le grand absent de la soirée. Le groupe nous ressort donc de ses cartons poussiéreux les fabuleux et old-schools « Hostile Infection » et « Born To Die », deux extraits de l’EP Straigt In The Vein visiblement appréciés à leur juste valeur par une petite poignée d’inconditionnels des premières heures, ainsi qu’une belle ribambelle de compositions de l’époque Human Bomb. Malgré tout, les quelques pépites piochées dans les disques sur lesquels intervenaient Arno passent très bien le cap du live, Djag interprétant les morceaux d’une manière bien personnelle. Si le chanteur ne peut habiller les instrumentations de la même lourdeur, les titres se parent d’une couleur toute autre en gagnant en rapidité d’exécution. Une relecture différente et appréciable, qui permet à des hits de la trempe de « Look At The Pain » ou encore d’un « Mary » ultra-fédérateur de garder toute leur intensité. Des compositions qui auront sans nul doute fait connaître Black Bomb A auprès des plus jeunes présents ce soir là, et qui remportent tous les suffrages. Car bien que peu conséquente, la fosse ne se ménage à aucun moment, allant jusqu’à surprendre les membres du groupes suite à un Wall Of Death monstrueux sur lequel les corps s’empilent dans une joie non dissimulée. « Police Stop Da Way » aura visiblement inspiré les spectateurs à se lâcher définitivement.
Hargneux, punk, brutal et intense, le show présente les qualité constatées sur le récent From Chaos de manière décuplée, prouvant définitivement l’importance de la scène pour une formation de ce calibre. Taillés pour les planches, les compositions les plus récentes se montrent d’ailleurs tout aussi propices aux pétages de plombs constatés. Flows impeccables, chant clair d’une extrême justesse sur les passades les plus mélodiques d’un « Human Circus » ou d’un « Burn » de haute volée, le bînome vocal présente définitivement l’une des forces de frappe les plus imposantes de la scène Française actuelle. Mis à rude épreuve, le public de Libourne aura pris de plein fouet une quasi-vingtaine de morceaux menés tambour battant par un quintet qui bastonne ses inspirations avec un entrain non dissimulé, qu’il joue devant une assistance conséquente ou une centaine de personne. Avec deux heures d’une prestation habitée et énervée comme aux premiers jours, Black Bomb A semble définitivement témoigner d’une éternelle jeunesse. A moins que le retour d’un Djag survolté n’ait apporté au groupe une envie encore grandissante d’en découdre. From Chaos to the pit.
.: Set-List :.
To Reactivate
Get The Fuck Out
You Can't Save Me
Look At The Pain
Hostile Infection
Emergency
All The Way
Lady Lazy
Mary
Born To Die
Human Circus
Police Stop Da Way
One Sound Bite To React
Uncivilization
Burn
Fucking Hate
Make Your Choice
Tales From The Old School