Formé il y a maintenant plus d'une dizaine d'année et signé depuis 2002 sur le label de Korn (Elementree Records), Deadsy n'est pas un groupe qui brille par sa productivité. Cachée dans l'ombre d'Orgy aux Etats-Unis, la formation indus-glam menée par l'étrange Elijah Blue s'était éclipsée de la scène depuis la sortie de son premier opus Commencement, une longue absence nécessaire à la conception d'un album qui vient surpasser en tous points son prédécesseur.
Si Deadsy ne se place pas le groupe le plus accessible du moment, l'approche des morceaux composant Phantasmagore se veut nettement plus évidente que par le passé. Plus conventionnelles et radiophoniques car généralement construites sur un schéma de couplet – refrain – couplet, les structures de ces dix morceaux deviennent également plus accrocheuses, sans pour autant faire basculer la musique du quintet dans le piège du commercialement motivés. Les chemins explorés restent en effet suffisamment inattendus et originaux, exposant un son organique et futuriste ou l'ensemble basse guitare fusionne pour ne faire plus qu'un, rythmé par des breaks presque robotiques de batterie électronique (le catchy « Babes In The Abyss ») et transcendé par les synthétiseurs de Dr Nner, qui vient occuper un rôle aussi capital que la six cordes, amenant une grande partie de l'esprit de chaque composition là ou certains se cantonnent à un discret accompagnement (le premier et excellent single à l'ambiance mystérieuse « Book Of Black Dreams », « Phantasmagore »). La variété se veut plus importante, Deadsy ne craignant plus de s'éloigner du format traditionnel pour s'aventurer dans une composition mélancolique et aux émotions palpables (« Carrying Over ») étalée sur une durée qui avoisinera les 8 minutes, allant même jusqu'à exposer une vision nettement plus électrifiée d'un classique des Rolling Stones (« Paint It Black » et ses enluminures arabisantes).
Le son a également bénéficié d'un travail plus soigné, notamment par le biais d'un mix qui ne laisse par exagérément ressortir les incursions de claviers, lissant par ailleurs légèrement les accords de guitare qui sonnent moins gras et sales que sur Commencement . Les évolutions au niveau du chant de Elijah Blue sont quant à elles relativement minimes, même si on remarquera néanmoins un plus grand relief du timbre vocal notamment sur une série de refrains vraiment bien écrits. De grande qualité et à rapprocher des capacités d'un Jay Gordon (ce qui aura crée des contentieux par le passé, l'ex-bassiste de Deadsy et actuel leader d'Orgy ayant été accusé par Blue de singer sa technique), la voix synthétique et posée du rejeton de la diva Cher atteint des cimes nouvelles, enveloppant les couplets d'une atmosphère planante et envoûtante, notamment sur les compositions aux rythmiques les plus lentes (« Phantasmagore », « Better Than You Know »).
Saturé d'électricité mais baigné de mélodies hypnotisant, Phantasmagore est un disque d'une rare beauté instrumentale comme vocale. Dommage qu'il faille impérativement recourir à l'import afin d'acquérir cette véritable merveille…
.: Tracklist :.
01. Razor Love
02. Carrying Over
03. Babes In The Abyss
04. Paint In Black
05. Better Than You Know
06. Book Of Black Dreams
07. Asura
08. The Last Story Ever
09. Phantasmagore
10. Time