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Interview de Laurie Vincent (Slaves) – «J’aime toujours jouer dans les petites salles, mais si je devais choisir, ce serait les grandes»

A l’occasion de leur passage à Paris pour une journée promo, nous avons pu rencontrer le groupe de punk anglais Slaves. Ça tombe bien, on a adoré leur dernier album, et c’est l’occasion d’en parler, ainsi que de la tournée automnale à venir. Entretien avec Laurie Vincent, guitariste du duo.

Acts Of Fear And Love est déjà votre 3ème album en moins de 4 ans. Pourquoi un retour aussi rapide ?
Laurie : Je ne sais pas, on le sentait comme ça. Cela s’est fait très naturellement. L’inspiration vient tout le temps, alors tu dois y aller. Je pense que nous ne sommes pas le type de groupe à tergiverser longuement sur nos chansons. Les Beatles faisaient deux albums par an. Ça c’est de la rapidité! Nous sommes lents comparés à eux.
Tu joues du punk, donc tu dois être rapide !
Laurie : Exactement = rapide et instinctif.

Pourquoi ce studio en Belgique ?
Laurie : Nous avions un studio réservé en Angleterre, mais une semaine avant notre arrivée, ils nous ont dit qu’un couvre-feu sonore nous obligeait à arrêter d’enregistrer tous les soirs à 20 heures. Le producteur Jolyon (NDLR Jolyon Thomas, producteur ayant collaboré avec Royal Blood et U2 entre autres) avait déjà travaillé en Belgique et c’était le seul studio qu’il pouvait avoir à la dernière minute. Le sort en a décidé ainsi, mais ce fut une expérience extraordinaire et je suis heureux que cela soit arrivé. Jolyon avait fait notre premier disque, c’était comme si nous revenions à lui.

Par rapport aux 2 précédents albums, la sonorité d’Acts Of Fear And Love est plus puissante qu’agressive, avec plus de dynamique et de nuances. Était-ce une décision délibérée avant d’enregistrer, de sonner différemment ?
Laurie : Oui, je pense que nous voulions ce côté dynamique. Nous voulions que ce soit comme une sorte de voyage, avec des montées et des descentes. Nous voulions avoir des morceaux vraiment lourds, mais aussi des morceaux plus intimes. Nous voulions laisser libre cours à notre personnalité même si cet album ne ressemble peut-être pas au résumé de toute notre carrière. L’album prend des petits bouts de tout ce que nous avons fait et y ajoute quelques nouveautés. C’est comme la première véritable autobiographie de notre groupe.

Avez-vous changé votre façon d’écrire des chansons ?
Laurie : Légèrement, nous ne les finissons plus aussi rapidement maintenant. Nous continuons à les réécrire pour essayer de nouveaux trucs. Avant, c’était plutôt « ça sonne bien, terminé! ». Alors qu’aujourd’hui, on retire des éléments et on se dit « et si on faisait comme ça ? ». Ou on restructure les chansons et on déplace les éléments dans différents endroits. C’est juste beaucoup plus réfléchi aujourd’hui.

Acts Of Fear And Love ? Qu’est-ce que ça signifie exactement ?
Laurie : C’est quelque chose qu’un enseignant a dit à Isaac à l’université et qui disait essentiellement qu’il n’y a pas de haine, seulement des actes de peur et d’amour. C’est donc un message puissant pour promouvoir la positivité et susciter la réflexion.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur cet album ?
Laurie : Nous avons commencé à l’écrire il y a deux ans, dès qu’on a fini le dernier disque. Nous aimons écrire en tournée. Photo Opportunity a été la première chanson que nous avons écrite lors de la tournée de Take Control. Mais la période d’enregistrement s’est étalée sur deux sessions de deux semaines, soit quatre semaines.

Quel est le sens de la pochette de l’album ? Pourquoi avoir choisi cette photo ?

Laurie : Nous voulions mettre une photo du groupe sur la pochette parce que nous ne l’avions jamais fait auparavant. Il s’agissait plutôt d’affirmer notre fierté dans ce que nous faisons et de mettre un visage à notre musique, alors qu’auparavant nous travaillions la pochette comme une œuvre d’art. Mais c’est aussi une capture intimiste assez comique du groupe et de ce qu’est la vie pour nous en tournée peut-être, avec mon fils qui semble traverser la pièce. Nous ne voulions pas de photo statique du groupe, debout avec un fond blanc à l’arrière. Si bien que le côté humoristique et réaliste de nous retrouver dans le bain ou sur les toilettes nous a plu. Cette photo a été un heureux hasard.

Parlons de quelques morceaux de l’album :
The Lives They Wish They Have : Avez-vous écrit cette chanson pour définir ce que vous entendez par « Slaves » une fois pour toutes ? (NDLR : à la sortie de leur premier EP, le nom du groupe Slaves a fait l’objet d’une controverse par rapport à la connotation historique du terme “esclaves”)
Laurie : A la base, ce n’était pas prévu. Mais quand on a fini la prise de la chanson, Isaac s’est mis à crier « Slaves » et je lui ai dit : « N’arrête pas, ça a sa place ici » et je pense que cette chanson définit notre groupe et tu l’as remarqué, alors ça montre que ça marche. Tu crois que ça nous définit bien ?
Oui, exactement, je pense que ça définit vraiment votre style, et la signification de « Slaves » !
Laurie : mmm parfait !

Artificial intelligence : Est-ce quelque chose que vous craignez de manière générale ?
Laurie : Je pense que c’est quelque chose que les gens devraient craindre plus que les autres humains. Par exemple, en ce moment, il y a des problèmes comme le Brexit et la campagne du Brexit a été principalement menée sur la crainte des lois sur l’immigration. En fait, nous ne devrions pas nous inquiéter pour cela, nous devrions nous inquiéter du fait que ce sont les robots qui vont voler nos emplois, pas les autres humains. Et donc c’est un peu une esquive pour essayer de détourner l’attention.
C’est un peu comme les caisses en libre-service dans les supermarchés. C’est la manière dont les ordinateurs prennent le dessus sans qu’on s’en rende compte. Ou les smartphones qui vous épient, et vous vendent des produits sur lesquels vous faites des recherches. Par exemple, si on parle de McDonald’s au téléphone, vous recevez une publicité McDonald’s et ça existe. Les gens ne le savent pas car ça arrive doucement, et ne s’en rendent pas compte. La population sera bientôt au chômage et c’est plus important que de se chamailler entre nous.

Chokehold : Avez-vous écrit ce titre, juste pour avoir Dave Rowntree (NDLR : batteur de Blur) dans votre clip vidéo 🙂 ?
Laurie : Oh non, mais oui, c’est incroyable que ce soit arrivé, c’est carrément cool! Si j’avais su, on l’aurait écrit rien que pour ça.

Plus sérieusement, qu’écoutais-tu pendant l’enregistrement de cet album ?
Laurie : J’écoutais beaucoup de groupes comme The Breeders et je me suis replongé dans Green Day, Blur, Oasis, The Casualties, Crass
Les années 90 !
Laurie : Oui, j’y suis retourné et j’ai commencé à réécouter tout ce à quoi j’avais accroché.
Oui, l’album a un son très « années 90 »
Laurie : Super !

Quelques questions pour la tournée à venir :
Vous faites beaucoup de concerts. (En fait, on dirait que vous n’arrêtez jamais de tourner 🙂 ). Est-ce devenu un besoin pour vous ?
Laurie : Ouais, je pense que nous sommes un groupe live, alors les gens veulent nous voir en concert et c’est là qu’on va être. Donc tu continues à tourner, tu continues à faire venir les gens à tes concerts et qui vont s’emballer pour ça. C’est ce que nous aimons faire.

Qu’est-ce que vous préférez : les petites ou les grandes salles ?
Laurie : Les grandes. C’est un défi. Nous avons passé beaucoup de temps dans de petites salles et maintenant c’est comme s’il n’y avait rien de mieux que d’entendre des tas de gens chanter en cœur vos chansons en retour, c’est le meilleur sentiment qu’on puisse avoir. J’aime toujours jouer dans les petites salles, mais si je devais choisir, ce serait les grandes.

Quels sont vos projets après la fin de la tournée ? Enchaîner sur un nouveau disque ?
Laurie : Oui, nous avons quelques trucs nouveaux dans les tuyaux, donc nous pourrions sortir de nouveaux titres et oui, nous avons aussi beaucoup, beaucoup de concerts qui n’ont pas encore été annoncés, des festivals, des concerts et composer de la musique… Continuer encore et encore.

En octobre, vous ferez une tournée en Europe jusqu’en Russie. Êtes-vous populaire en Europe de l’Est ?
Laurie : Nous sommes allés en Russie trois fois, nous y avons une bonne base de fans, nous sommes impatients d’y retourner. Nous allons de nouveau en Ukraine, en Pologne…. Nous avons pas mal joué en Europe de l’Est cette année, genre nous avons joué en Serbie, c’est vraiment génial. Et ils adorent les groupes, c’est phénoménal.

Pour cette prochaine tournée, quels sont les pays ou villes où vous avez le plus hâte de jouer ?
Laurie : Notre concert à New York est sold out, et ce sera cool. C’est toujours super à Amsterdam. Paris évidemment… ouais, j’ai hâte d’être à Paris.

Comment vous sentez-vous avant de monter sur scène ? Êtes-vous nerveux ?
Laurie : Calme. Je veux dire, j’aime simplement me détendre. Isaac devient assez agité, il fait les cent pas en traînant un peu.

En juillet, vous avez fait la couverture de DIY, avec Idles. Vous considérez-vous comme partie intégrante d’une nouvelle tendance rock ?
Laurie : Ouais… peut-être une nouvelle scène plutôt. J’adore Idles et je pense que leur nouvel album est vraiment important et je pense que c’est génial qu’il puisse y avoir deux groupes en même temps et que les gens puissent s’y reconnaître dans les deux… Parfois quand tu écoutes le même groupe depuis des années, tu veux pouvoir écouter autre chose mais similaire tu vois. Comme s’il n’y avait pas de pause. Tu restes dans cet état d’esprit et tu peux te sentir membre de quelque chose. Donc, plus il y a de groupes comme nous, mieux c’est. Il y a aussi Shame, Life et Dream Wife. Il y a plein de grands groupes de punk anglais qui arrivent et j’espère qu’on va commencer à les voir partir à la conquête du monde.
Mais ce n’est plus comme Oasis et Blur, vous êtes amis avec les Idles ?
Laurie : Ouais, exactement, on réinvente les règles.

Depuis le début du groupe, le succès a été relativement rapide pour vous. Comment vis-tu ce succès ?
Laurie : Avec modestie, c’est tout. Je me dis… « Ne laisse pas ça te monter à la tête », et je fais toujours des choses banales. J’aime toujours nettoyer, faire les courses et repasser mes propres vêtements et nous sommes des gars tout à fait normaux.

Vous n’êtes pas harcelés par des fans ou des groupies ?
Laurie : Pas du tout……. Isaac pourrait l’être (rires)

Y a-t-il autre chose que tu veux ajouter ?
Laurie : Venez à nos concerts, achetez notre album 🙂

 

Entretien réalisé le 14/09/2018 par Poisontheseb et Éva Quillec, membre de l’association Fauchage Collectif.
Crédits photos : Éva Quillec.

Remerciements :
Laurie et Isaac de Slaves pour leur gentillesse et leur disponibilité.
Olivier et Roger de Replica Promotion pour l’organisation impeccable.
Éva pour son aide précieuse et ses superbes photos.

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