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Back to the Dark #1 : Adema

Ils ont été un temps sous les projecteurs et sont retournés à l’anonymat quasi-total. Ils sont toujours là, même si tout le monde l’ignore. Retour sur ces groupes laissés pour mort mais qui persistent dans l’espoir de reconquérir partiellement leur succès passé, ou tout simplement par amour de la musique.

2000. Le néo résonne partout, et une grande partie de l’attention du public est concentrée sur un quintet de Bakersfield qui semble exploser tous les records. Alors que Korn amorce une longue période de composition qui aboutira sur l’un l’un des disques les plus ambitieux de sa carrière – Untouchables, 2003 –, le demi-frère de son chanteur constitue son équipe de seconde ligue avec quelques roublards de la scène locale. En à peine quelques mois d’existence, Adema se classe sans peine parmi les prétendants les plus sérieux à la couronne du néo, aux côtés d’un petit groupe émergeant du nom de Linkin Park. La déchéance sera presque aussi rapide.

2000-2004 : un succès éclair

De gauche à droite : DeRoo, Kohls, Chavez, Fluckey, Ramson

L’ascension fulgurante d’Adema n’a rien de foncièrement étonnante. Exception faite de Mark Chavez – chant –, le reste du cast’ roule sa bosse depuis quelques années dans le milieu pro ou semi-pro : le batteur Kris Kohls a officialisé chez les excellents Cradle of Thorns / Vidéodrone et la paire Dave DeRoo / Tim Flukey – respectivement bassiste et guitariste – jouait dans Juice, formation dans laquelle on retrouvait Ryan Shuck d’Orgy ainsi qu’un certain… Jonathan Davis. Le second gratteux, Mike Ransom, affiche un CV un peu plus atypique puisqu’il s’amuse avec un saxophone dans un groupe de ska. Leur premier disque éponyme suit de près la création du groupe : publié dès 2001, l’album bénéficie du « buzz » Korn ainsi que du lien familial de Chavez avec Davis, et s’impose en parfait warm-up au fameux Untouchables que les superstars de Bakersfield peaufinent de façon chirurgicale. Ce self-titled est à mille lieux du disque de rock novateur : simple et efficace, il offre au public néo tout ce qu’il est en mesure d’attendre du genre. Gentiment heavy, bardé de lyrics sombres articulés autour des sujets qui vont bien – en vrac : ruptures, addictions, introspections adolescentes –, ce premier essai repose presque entièrement sur la capacité de Chavez à balancer des refrains tubesques à souhait. Et de ce côté là, le frontman est plutôt à l’aise, trouvant un équilibre parfait entre rage à fleur de peau et mélodies bien troussées. Des morceaux comme « Giving In », « Everyone » ou dans une moindre mesure « The Way You Like It » tournent convenablement sur les ondes et le groupe embarque sur les grosses tournées du moment, dont le fameux Projekt Revolution de Linkin Park qui a littéralement pété la baraque depuis la sortie de son Hybrid Theory. La mayonnaise prend également pour Adema mais de manière plus timorée. Le groupe vendra 500 000 exemplaires de son disque assez rapidement – 1 million à ce jour –, placera quelques titres sur les bandes-originales des gros films pour ados cette année là, et enchaîne rapidement afin de ne pas perdre ce bon début de reconnaissance.

Passé un EP plutôt anecdotique et à peine distribué en dehors des US – Insomniac’s Dream, qui contient malgré tout le très correct « Immortal » –, Adema s’attelle dans l’urgence à la compo de son second full-lengh. Un retour aux affaires sans doute un poil précipité, la magie de l’album précédent n’était qu’à moitié perceptible sur Unstable, qui débarque dans le courant de l’été 2003. Si le disque reste ultra-conventionnel, il s’embourbe en effet à plusieurs reprises dans des titres mélo-chiants. La prod’ lisse à souhait d’Howard Benson n’aide par ailleurs en rien, ce dernier laissant sa patte à cette époque sur un nombre impressionnant de travaux néo aux velléités radiophoniques. Cerise sur le gâteau : le label Arista se casse littéralement la gueule au moment de la sortie et n’offre au groupe qu’une communication timide. Un unique single bénéficiera de son clip promo – le moyen « Unstable » –, là ou Arista n’avait pas hésité pour l’éponyme a multiplier les vidéos. Le groupe y va en contrepartie de déclarations fracassantes du genre « ce disque n’est pas néo, on joue du ROCK ». Rien n’y fait. Les ventes restent très en deçà de celles de l’opus précédents, la formation ne trouvant cette fois-ci qu’un soutien modéré de la part des médias influents de l’époque, notamment la toute puissante chaîne MTV2. Adema repart malgré tout sur une belle tournée, Linkin Park embarquant le quintet sur une grande partie de leurs dates, désormais jouées à guichets fermés.

2004-2006 : changement de label et premiers conflits internes

De gauche à droite : DeRoo, Fluckey, Caraccioli, Kohls

Suite à la fermeture d’Arista, Adema signe chez Earache, label Anglais spécialisé dans le metal extrême et désireux de s’ouvrir sur le tard au néo – notamment avec les nullissimes ritals de Linea 77 –. Alors que le groupe semble se recycler dans le rock, il vole partiellement en éclats. Ramson et Chavez se foutent sur la gueule et quittent le groupe tous les deux. Le reste de la troupe recrute dans l’urgence Luke Caraccioli, dont la formation Rewind Yesterdays bénéficie d’un succès d’estime sur Bakersfield. Celui-ci est plongé direct dans l’enregistrement, les musiciens ayant déjà attaqué ce qui deviendra Planets. Caraccioli arrive en janvier 2005, le nouveau single « Tornado » est dévoilé fin février et le troisième album débarque dès le mois d’avril de la même année. Difficile de faire plus rapide. Alors que les mecs ont à peine pris le temps d’apprendre à se connaître, le quatuor assure une minuscule poignée de concerts entre avril et juin et profite de la trêve estivale pour négocier sa présence sur la bande-origine de Cry Wolf, un slasher ado à petit budget qui ne fera pas grand bruit. Pour l’occasion, Adema délivre un tout nouveau clip au mois de septembre. Sans doute épuisé par le rythme infernal qui lui est imposé depuis son arrivée, Luke Caraccioli claque la porte quatre semaines plus tard. En 10 mois de présence au sein d’Adema, ce dernier n’aura participé qu’à quelques shows mais laisse son empreinte sur un disque plus mélo, un poil longuet et relativement imparfait, mais pour la première fois de l’histoire du groupe doté d’une vraie personnalité. Dommage.

2006-2008 : renaissance

De gauche à droite : Farris, DeRoo, Reeves, Fluckey, Kohls

Il ne faudra une nouvelle fois que quelques mois à Adema pour rebondir et annoncer l’arrivée de Bobby Reeves  ainsi que d’un nouveau guitariste, Ed Farris. Kohls et ses compères sont allés se servir dans les rangs de Level, une intéressante formation du cru qui annonce son split dans la foulée. Earache ayant assez lamentablement échoué dans sa tentative d’ouverture vers le néo – les ventes d’Adema comme de Linea 77 sont tout sauf concluantes, le néo retombant déjà comme un soufflé – , le label ne renouvelle pas le contrat des Américains qui signent avec Immortal Records – Incubus, Korn, 30 Seconds to Mars –. Les premières annoncent rassurent : le timbre du nouveau vocaliste Bobby Reeves rappelle fortement celui de Chavez, et le nouveau label semble être gage d’un retour fracassant. Le groupe prend de plus le temps nécessaire pour s’assurer que Reeves trouve sa place dans le processus d’écriture. Kill The Headlights, le quatrième album du combo, est dévoilé 18 mois après l’annonce du nouveau line-up. Le disque est à l’image de l’éponyme : concis et terriblement efficace. Les Américains alignent à cette occasion une grosse dizaine de morceaux de new-rock qui retrouvent volontiers les teintes néo abandonnées sur Planets, et signent un petit paquet de hit-singles potentiels. Étonnamment, le premier extrait annoncé, « Human Nature », teasé sur Myspace, ne trouve pas sa place sur le track-listing final, alors même que la formation semblait disposer d’un clip qui ne ressortira partiellement qu’une paire d’années plus tard. La promo assurée par Immortal est pourtant minimaliste : aucune vidéo, une légère rotation du single « Cold & Jaded » sur les radios indés, aucun écho dans la presse spécialisée si ce n’est sur des webzines qui commencent à éclore de ci et là. Malgré le peu de buzz suscité par cette version 3.0, Adema parvient à monter une belle tournée américaine en headliner. Le groupe semble définitivement reparti du bon pied.

2008-2017 : hiatus, choix douteux et longue traversée du désert

De gauche à droite : Kohls, DeRoo, Fluckey, DeLeon

Patatras : Adema annonce début 2008 qu’il rentre en hibernation. Fluckey et DeRoo assurent au public qu’il ne s’agit que d’une pause. Reeves et Farris ne reviendront pourtant jamais, le groupe dévoilant en août 2009 les retours de Mark Chavez et Mike Ramson. Chavez ne mâche pas ses mots et promet monts et merveilles : un DVD bourré ras la gueule pour les mois à venir, et un cinquième album qu’il qualifie comme le VRAI Adema. Caraccioli et Reeves apprécieront. En attendant, le quintet reconstitué reprend la route pour une tournée des clubs US quasi sold-out. Et point. Le château de cartes devient chancelant en novembre 2010 lorsque Ramson abandonne ses comparses en pleine tournée, et s’écroule définitivement trois mois plus tard avec un nouveau pétage de plombs de Chavez. Le tout sans avoir eu le temps de dévoiler ne serait-ce qu’un début de nouveau matériel. Kohls, DeRoo et Fluckey jurent qu’on ne les y reprendra plus et poursuivent sous la forme d’un trio. Fluckey devient un peu par la force des choses le quatrième chanteur d’Adema, appuyé par DeRoo qui renforce sa position pour les backing-vocals. Problème : les deux musiciens chantent comme des savates. Littéralement. Adema essaye de se relancer sous cette forme, et le résultat est catastrophique. Fluckey affiche un timbre de canard enroué et se montre incapable de signer un refrain mémorable, comme en témoigne le poussif EP Topple The Giants. Annoncé pendant presque deux ans, ce dernier sort finalement en avril 2013 alors que plus personne ne semble y croire. Le programme est ultra-light : trois nouveaux morceaux, de surcroît incroyablement mauvais. Le trio complète avec la pire idée qui soit : des réenregistrements d’anciens titres massacrés par Fluckey. Comble du mauvais goût : la pochette affiche un photomontage ridicule réalisé sous Paint. Abominable. L’EP s’écoule mais ne sera fort logiquement jamais repressé. Malgré cet inqualifiable attentat sonore et visuel, Ramson fait son re-retour en 2013, éclipsant pour l’occasion le guitariste Marc DeLeon qui n’aura eu le temps de n’assurer que quelques concerts. La « tournée » n’a d’ailleurs rien de bien glorieux, Adema n’hésitant plus à se produire dans des bars vides ou des restaurants, entre deux commandes de burritos.

Depuis 2017 : le re-retour de la mort qui tue

De gauche à droite : Kohls, DeRoo, Chavez, Fluckey

Ultime coup de poker en mars 2017 : Chavez est encore de retour. Improbable. Le groupe se fend à cette occasion du même discours qu’en 2010 : « cette fois, c’est pour de bon. Le nouvel album arrive. Be ready ». A ce stade, plus personne n’en a rien à foutre. Pire, plus grand monde n’y croit sérieusement. A raison : Adema achève une énième tournée sans nouveau matériel et disparaît encore des radars. Depuis début 2018, plus de son ni d’image. Un beau ratage. Probablement le dernier. 

Discographie :

2001 : Adema
2002 : Insomniac’s Dream (EP)
2003 : Unstable
2005 : Planets
2007 : Kill the Headlights
2013 : Topple the Giants (EP)

Prochain dossier : Orgy.

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