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Chronique : Jonathan Davis – Black Labyrinth

Jonathan Davis aura longtemps hésité à s’aventurer hors des sentiers pavés par ses compères de Korn. Si ce dernier a toujours su profiter des rares accalmies accordées par l’actu surchargée du groupe pour mener des projets personnels – DJ sets, écriture pour le score de Queen of the Damned –, le frontman n’avait jamais pris le temps de s’attarder sur un disque solo. L’idée aura patiemment fait son chemin. Entamée avec le guitariste Shane Gibson – musicien intérimaire pour Korn pendant l’absence de Brian « Head » Welch –, la composition de ce Black Labyrinth s’est étalée sur près de dix ans. En résulte un album assez surprenant et suffisamment éclectique pour s’imposer autrement qu’en simple « Korn-like ».

Les habitudes sont souvent ancrées profondément. Le travail du guitariste Head en dehors de Korn témoigne en pour exemple de certains tics qui rapprochent inévitablement le son d’un Love and Death de celui de sa formation principale. Pour Davis, l’approche est un peu différente. Bien que moteur lorsqu’il s’agit d’expérimenter – un disque comme The Path of Totality était assurément porté à bras le corps par son frontman –, ce dernier n’intervient qu’occasionnellement sur la partie instrumentale pour Korn. Avec Black Labyrinth, Jonathan Davis prend l’auditeur à contre-pied. Le bonhomme ne s’est jamais caché de ses influences variées, qu’il s’agisse d’inspirations rock classiques comme d’influences électroniques ou hip-hop. Pour autant, son premier solo ne sombre à aucun moment dans le patchwork de sons et d’idées disparates. Davis couche sur bandes un album dark-metal-pop solide, épuré de clichés ou gimmicks forcés. Les morceaux sont ultra-mélodiques mais assurément puissants, bardés de fioritures étonnantes, de chemins de traverse mystérieux. Davis glisse de ci et là des sonorités orientales – « Basic Needs », exceptionnel » –, use d’instruments insolites, ajoute des boucles électroniques discrètes en arrière-plan ou joue sur les effets industriels. Le disque témoigne d’une richesse assez passionnante, bien que quelques plages plus communes ne ramènent occasionnellement le chanteur dans une certaine zone de confort – « Everyone », efficace mais très Korn sur le fond comme sur la forme –.

Jonathan Davis n’a clairement plus grand chose à prouver et se fait plaisir. Celui-ci balance ici ses idées avec une maîtrise totale et mise sur un chant protéiforme qui parvient à s’adapter avec classe aux modulations instrumentales. L’ensemble reste sombre, mélancolique, parfois agressif. La patte du frontman est bien présente et les aficionados de son travail retrouveront son style, sa science des dynamiques rebondissantes. Davis, libéré de tout carcan, repousse néanmoins ses limites et livre une ribambelle de refrains hallucinants ainsi que d’envolées poignantes. Le chant, reconnaissable mais moins torturé que d’ordinaire, gagne en contrepartie en contraste. Une franche réussite.

L’annonce de ce premier disque solo avait de quoi laisser sceptique tant Jonathan Davis excelle aujourd’hui avec Korn. Black Labyrinth est pourtant loin de s’apparenter à une parenthèse anecdotique et transpire l’envie de s’orienter vers de nouveaux terrains de jeu. Expérimental mais cohérent, emballé dans une prod’ impeccable, le disque souffre de deux-trois passages plus poussifs mais rapidement oubliés au vu de la qualité des compos les plus aventureuses. Du beau boulot.

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