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Live report Musilac 2024

Retour en images sur la 21e édition du festival Musilac, installé comme chaque année esplanade du lac à Aix-les-Bains, ayant rassemblé plus de 100 000 personnes sur quatre jours, du 10 au 13 juillet 2024. Une cinquantaine de concerts, trois scènes, un très large espace de restauration et animations diverses, le tout coincé entre lac et montagnes, cet écrin naturel donnant une atmosphère particulière à ce festival, le plus gros de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette année un invité dont on se serait bien passé : le mauvais temps ! Le troisième jour notamment, les intempéries étaient telles qu’il a presque été question d’annuler et même si le soleil était de retour le lendemain, une grande partie du site était devenue un champ de boue et il a été très difficile de profiter pleinement du festival. Sans bottes de pluie et avec un appareil photo rempli d’eau qui a cessé de fonctionner pendant plusieurs heures, je n’ai pu couvrir cette édition comme je l’aurais voulu. Je n’oublierai plus jamais de mettre bottes de pluie et deuxième boîtier dans ma valise ! Concernant la programmation musicale, comme chaque année il y en avait pour tous les goûts. Pendant quatre jours, d’immenses stars et des groupes régionaux se sont partagés les trois scènes de 15h30 à 2h00 environ. Une vidéo étant plus efficace qu’un long discours je vous laisse apprécier l’aftermovie de l’édition 2024.

MERCREDI 10 JUILLET

Une première journée à la programmation plutôt rock mais clôturée par du rap, dont on retiendra particulièrement la rage et l’engagement politique des anglais de Idles, le metalcore à confetttis des allemands Electric Callboy, la classe de Lenny Kravitz et la qualité visuelle du show de Ninho.

Je ne pouvais rêver mieux que le punk rock de Idles pour démarrer cette édition de Musilac. La scène est un peu trop grande pour Joe Talbot et sa bande et il est un peu tôt. C’est dommage, le groupe ne parvient pas vraiment à faire décoller le public malgré une prestation survoltée comme à son habitude et des tubes dont on ne se lasse pas comme Colossus, Car Crash, Dancer ou Never fight a Man With a Perm.

Le groupe allemand Electric Callboy va continuer de chauffer à blanc un public avec lequel il ne va cesser d’interagir. Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens. Pyrotechnie, explosion de confettis, c’est un peu kitsch mais ça fait du bien.

La tête d’affiche de cette première journée n’est autre que Lenny Kravitz, sexagénaire depuis peu mais toujours aussi charismatique. S’il apparaît dans le plus simple appareil dans son dernier clip, le monsieur surveille certainement son image puisqu’il n’a pas été possible de le photographier. Seuls les photographes officiels du festival ont été autorisés à prendre des clichés. Quand on connaît la qualité des photos prises avec certains téléphones portables aujourd’hui ça me fait doucement rigoler. Le concert a démarré très fort avec Are You Gonna Go My Way mais a connu quelques baisses de régime qui n’ont pas eu l’air d’entamer l’enthousiasme d’un public totalement envouté par la star américaine qui ne va pas hésiter à aller au contact de ses fans. Un concert de qualité mais auquel il manquait un je ne sais quoi pour rester dans les annales.

Pour terminer cette première journée, le rappeur Ninho dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce soir alors que les 80 000 places pour le concert prévu au Stade de France l’année prochaine se sont vendues en deux heures. Le public, plutôt jeune, connaît les paroles par coeur et offre un beau moment de communion avec l’artiste. La scénographie est superbe et je n’ai aucun mal à comprendre le succès de Ninho auprès des jeunes notamment, touchés par les textes du rappeur sur la vie de banlieusard, les rêves de gloire, les galères, les potes…

IDLES

ELECTRIC CALLBOY

NINHO

JEUDI 11 JUILLET

Enorme coup de coeur pour Moïzo, un des lauréats du tremplin Musilac qui offre la possibilité à des groupes régionaux de se produire en ouverture de la scène Korner. Ils sont cinq, taillés pour la scène, charismatiques, excellents musiciens et vont mettre une claque visuelle et sonore aux festivaliers présents dès l’après-midi, les autres ne savent pas ce qu’ils ont râté ! Un groupe à découvrir d’urgence qui n’a pas fini de faire parler de lui.

Après Moïzo c’est au tour du duo franco-anglais TTRRUUCES de partir à la conquête du public de la scène Korner. Avec son rock psychédélique et sa touche de disco, le duo, accompagné de trois musiciens dont une violoniste, fait danser les festivaliers et connaît un franc succès.

Difficile ensuite d’apprécier KHRUANGBIN à sa juste valeur, la scène principale semble trop grande pour ce groupe américain impassible, à la musique planante dont il faut écouter les albums studio avant de les voir en concert pour apprécier réellement leur talent. Après Moïzo et TTRRUUCES la prestation des Texans me laisse un peu de marbre ce qui ne m’empêche pas de les avoir ajoutés à ma playlist Spotify et d’avoir très envie de les découvrir un jour dans une salle de concert.

Retour à la scène Korner pour découvrir le stéphanois ZED YUN PAVAROTTI et son univers musical oscillant entre rap et rock. Posture à la Liam Gallagher, tatouages sur le visage, le frontman débite ses textes puissants cigarette en main et le public prend une claque, quel talent !

La jeune scène française est décidément pleine de promesses avec des artistes évoluant dans des styles et univers très personnels et c’est sur une des grandes scènes que je vais découvrir Pomme, son univers pop folk et ses textes tour à tour désespérés et joyeux. Beaucoup d’instruments et de musiciens sur la scène remplie de champignons colorés et un capital sympathie énorme pour cette jeune femme talentueuse proche d’un public totalement sous le charme. Très loin de mon univers mais une belle découverte, Pomme n’a pas fini de faire vibrer ses fans.

Place maintenant au rock britannique avec Placebo. Ok leur volonté de ne pas être filmés ni photographiés est discutable et en a agacé plus d’un mais la voix au timbre unique de Brian Molko est un enchantement et le concert est vraiment excellent avec en prime le passage de Yungblud sur « Nancy Boy », Brian Molko le présentant comme son « petit frère spirituel », étonnant quand on voit à quel point ils sont différents sur scène ! Les photos sont affreuses, le groupe évitant la lumière en façade, ça n’empêche que Placebo est un de mes coups de coeur de cette édition 2024 de Musilac.

La soirée est loin d’être finie et le survitaminé Yungblud prend possession de la scène sous une pluie battante ce qui ne l’empêchera pas de retourner le public de Musilac. Tel un zébulon à l’allure gothique, face à un public nombreux venu spécialement pour lui, Yungblud va réussir l’exploit de courir et sauter sans jamais glisser sur la scène trempée. Découvert l’été dernier au Cabaret Vert, c’est clairement l’étoile montante du Royaume-Uni, ultra charismatique et taillé pour la scène, ce diable sauteur est un phénomène avec lequel le mot « live » prend tout son sens.

Pour terminer cette deuxième journée, place à l’electro avec Vladimir Cauchemar. La pluie tombe toujours mais qu’importe, la fosse est un immense dance-floor et le public est en transe / transi. Quelle journée ! On ne sait pas encore que les intempéries vont quelque peu gâcher la suite du festival.

MOÏZO

TTRRUUCES

KHRUANGBIN

ZED YUN PAVAROTTI

POMME

PLACEBO

YUNGBLUD

VLADIMIR CAUCHEMAR

VENDREDI 12 JUILLET

Une troisième journée marquée malheureusement par une météo catastrophique à tel point qu’il est un moment question d’annuler les concerts. Le site ouvrira finalement en retard et seule la pauvre Jäde verra sa prestation supprimée. Si on se réjouit au début du maintien du festival malgré la pluie, la soirée sera difficile pour les artistes comme pour les festivaliers. Pour ma part, j’ai dû partir avant les têtes d’affiche, le boîtier de mon reflex ayant rendu l’âme. Les concerts de la scène Korner vont être gâchés jusqu’à la fin du festival par la gadoue, il faudra penser à faire quelque chose pour les prochaines éditions, des copeaux, des planches, de la paille peu importe mais c’est quand même pas sympa de laisser les festivaliers patauger ainsi dans la boue. La jeune Hannah Grae va faire ce qu’elle peut pour faire oublier la pluie mais pour l’avoir vue l’été dernier sous le soleil, j’ai pu mesurer à quel point ce concert était difficile pour la galloise comme pour ses musiciens. D’autant qu’elle méritait largement de passer sur une des grandes scènes.

Dernier concert pour moi ce soir, Dyonisos et un Mathias Malzieu encore fragile après sa double fracture en février au début d’un concert à Nîmes, d’où cet étrange trône grâce auquel il peut reposer sa jambe une partie du concert, ce qui ne l’empêche pas de donner le meilleur de lui-même sous le déluge. C’était la première fois que je voyais le groupe sur scène et rien à dire, c’est top !

Je renonce à écouter Sofiane Pamart plus de 10 minutes, mon reflex ne fonctionne plus, il faut rentrer tenter une opération de sauvetage (après un passage sous le sèche-cheveux et une nuit de séchage il sera d’attaque pour la dernière journée, un miracle tant il était rempli d’eau).

HANNAH GRAE

DIONYSOS

SOFIANE PAMART

SAMEDI 13 JUILLET

Dernier jour déjà de cette 21e édition de Musilac. Le soleil est revenu mais une grande partie restauration du site ainsi que la scène Korner sont fortement impactées par la gadoue et je vais m’y risquer une fois pour HOORSEES mais pas deux. Certains stands de restauration sont devenus quasiment inaccessibles.

Heureusement pas de terre donc pas de boue devant les scènes principales où la journée va être mémorable avec une pléiade d’artistes taillés pour le live en commençant par JAIN, bluffante, aux compositions plus rock qu’à ses débuts et surtout hyper douée pour créer la connexion avec son public. Retour réussi pour cette jeune auteure-compositrice-interprète française après une pause de quelques années pour « digérer » l’énorme succès de Makeba et se réinventer.

Retour réussi également pour Gossip qui s’est reformé après 12 ans d’absence autour de Beth Ditto, icône queer et féministe époustouflante de décontraction lorsqu’elle papote avec le public, remonte sa culotte ou shoote dans un ballon. Gossip met à l’honneur le punk rock pendant une heure et ne se démonte pas face à quelques soucis techniques, punk is not dead !

L’ambiance monte d’un cran avec le rappeur américain Mackelmore. Tout y est, les danseuses, le big band, le manteau de fourrure, les lumières, un show à l’américaine éblouissant mené par un incroyable frontman, difficile de trouver plus charismatique et énergique. Vraiment incroyable.

Cette dernière soirée est déjà bien avancée mais le final s’annonce grandiose avec Justice et Boys Noize. L’esplanade du lac n’est plus qu’un immense dance-floor. Que dire de la scénographie époustouflante de Justice ? La France a décidément d’incroyables talents. Un final en apothéose.

Bilan de cette 21e édition, une programmation musicale éclectique et de qualité, une offre de restauration importante et variée, un site naturel impressionnant entre lac et montagnes mais, parce qu’il faut bien un mais, de grosses difficultés à se déplacer sur une grande partie de l’esplanade transformée en océan de boue après les violents orages. Si une petite minorité aime se rouler dedans, une grande majorité aurait bien aimé quelques aménagements supplémentaires pour pouvoir continuer à se déplacer.

Un immense merci à toute l’équipe de « Du bruit au balcon » pour l’accréditation et pour l’accueil impeccable comme chaque année !

Et bien entendu merci aux bénévoles sans lesquels ces festivals ne pourraient pas exister, aux agents de la sécu qui font un sacré boulot, au personnel des stands de restauration et même à la jeune fille qui m’a conseillé la poutine au Reblochon :-)) Les festivals c’est le meilleur de la vie.

JAIN

HOORSEES

GOSSIP

MACKLEMORE