Yann Tiersen est de retour ! C'est le premier message qui arrive avec cet étrange objet, Palestine, qui dévoile un des titres de son prochain album, Dust Lane, qui devrait sortir dans les prochains mois. Au lieu de se contenter de balancer le titre sur internet, au lieu de sortir juste le morceau en single, son label Ici D'Ailleurs a profité de l'occasion pour passer de l'annonce au maxi. En effet, si le titre original est bien évidemment le premier à se dévoiler, il passe ensuite tour à tour entre les mains de différents artistes invités pour l'occasion…
La chanson originale annonce un excellent album de Yann Tiersen si le reste est du même accabit. Les lettres de palestine, scandées lascivement par Matt Elliott, bercent l'auditeur. De cette façon, le morceau le transporte tantôt dans un cadre très urbain et froid, tantôt dans une atmosphère orientale et fascinante. En somme, aucune place n'est laissé vacante. Comme un peintre, Yann Tiersen fait l'effort de parfaire sa composition, de remplir tout espace.
La deuxième version est laissée à Deadverse (Dälek). Le morceau fait sous sa main un petit détour par le trip-hop. L'ambiance est encore plus laissé à la durée, avec un tempo lent mais lourd, renforcé par une rythme omniprésent. Le seul lien de parenté visible avec la première version : les lettres, dont le rythme ne change pas. Chapelier Fou fait lui un pari inverse : il ne laisse pas une seconde de répit à Matt Elliott. Les lettres perdent leur sens, la voix est trafiquée à plusieurs reprise. La meilleure idée du Chapelier est d'aller jusqu'à ralentir à l'extrême ce scandement, pour mieux décupler la tension et l'angoisse liée à ce P-A-L-E-S-T-I-N-E.
Puis Matt Elliott se penche à son tour sur sa propre voix, sous le nom de The Third Eye Foudation. Par rapport à ces prédécesseurs, il choisit de privilégier la mélodie plutôt que des changements et des cassures incessantes. Ce morceau permet d'éclairer la structure originelle de « Palestine », tout simplement sublimée par quelques retouches qui rendent l'ensemble plus efficace et cohérent. Enfin, la dernière variante offerte est signée Tiersen lui-même. Cette version, qui est un peu brumeuse par moment, puis vaguement énergique, ne laisse malheureusement pas vraiment une grande impression. Son principal défaut est peut-être d'arriver après la bataille. Il n'y a ni surprise, ni plus-value par rapport aux précédentes tentatives.
Ainsi, Palestine peut être une très bonne mise en bouche de ce qui devrait bientôt venir de Yann Tiersen, et c'est en effectivement une. Mais l'effet d'annonce est en quelque sorte noyé par le reste de l'objet. Mais rien n'est à jeter. Bien à l'inverse, tout est à (re)prendre. On s'attache progressivement à certaines versions, plus évidentes, notamment celle de The Third Eye Foundation qui synthétise en quelque sorte toutes les créations. Ce processus d'une création collective, car il ne reste au final qu'un « super-morceau » créé sous plusieurs angles, donne envie d'alors voir un peu plus loin. Que se trame-t-il encore dans les coffres d'Ici d'Ailleurs ?
.: Tracklist :.
01. Palestine
02. Palestine (Deadverse remix)
03. Palestine (Chapelier Fou remix)
04. Palestine (The Third Eye Foundation remix)
05 Palestine (Yann Thiersen remix)