Le rock en France est il mort ? On peut se le demander en voyant la multitude des groupes éphémères qui font face à la lumière des projecteurs pour retomber dans l’anonymat aussi rapidement qu’ils sont arrivé sur le devant de la scène. Le plus frustrant avec ces groupes que l’on considère comme le renouveau du rock français, c’est que leurs albums manquent d’énergie et de sueur. Les vrais adeptes de la scène rock délaissent ce rock « mielleux » à l’eau de rose pour d’autres formations plus underground et beaucoup moins médiatisées. Elles portent les valeurs du rock dans leurs tripes, leurs prestations live et accouchent des albums où l’on ressent une véritable âme. L’hexagone n’est peut être pas la terre sainte du stoner et ne fait pas encore le poids face à des formations basées outre atlantique. Mais on peut noter la présence de cette scène avec quelques groupes qui se démarquent comme 7 Weeks, Mudweiser, Loading Data… Pour cette chronique, on se rend sous le soleil de Marseille par l’écoute du premier album de Rescue Rangers, Guitars And Dust Dancing. Un opus qui respire la sueur, une énergie alliée à une puissance rythmique qui mettrait assez vite sur la touche ces groupes surexposés. Mais il faut avouer que ce style n’est pas facilement accessible pour un public qui n’écoute que des titres passant en boucle sur nos ondes radios…
Arrêtons de dénigrer et intéressons nous à ce power trio marseillais formé en 2005 sous la houlette de Pascal Mascheroni (guitare/chant), Christophe Fresard (basse) et Pierre Roulois (batterie). Après être passé par l’étape EP par deux fois (Masters of the middle finger puis Bring the hammer down), le groupe donne vie en 2008 à leur tout premier véritable album Guitars and dust dancing. Le couché de soleil présent sur l’artwork procure une sensation d’apaisement, de totale plénitude… Mais c’est le calme avant la tempête car Rescue Rangers se cache sous cette image « mielleuse » pour dévoiler leur véritable identité par les dix titres que contient ce nerveux Guitars and dust dancing. Quelques douces notes de guitares se présentent à nous pour laisser éclater la puissance du trio sur «Sounds of katana», excellent premier titre qui nous envoie une déflagration dans nos oreilles. On est conquit d’entrée de jeu par ce rock bourré de testostérone. Une question vient à nous, Rescue Rangers est véritablement un groupe français? On se pose cette interrogation tant le niveau que l’on nous offre peut nous faire croire que l’on écoute un groupe venant tout droit de la côte ouest des Etats Unis.
Avec «Hassan Sabbah », Rescue Rangers nous envoie quelques secondes dans un monde où le psychédélisme est de rigueur pour nous réveiller subitement par un mur de son explosif et une voix rageuse. Le son se veut plus lourd, plus poussièreux mais un condensé rock est à suivre. On s’était pris deux claques avec les deux premières tracks, « Annoyed » est comme un uppercut qui vient nous confirmer que Rescue Rangers a de l’énergie en réserve. Le titre est peut être un peu long mais il n’est pas du tout taillé et conçu pour les ondes radio. Six minutes de déchainement qui nous laisse entrevoir un groupe qui doit totalement valoir le coup lors de leurs prestations scèniques. « Black as bastet » confirme ce sentiment tant la rythmique se veut intense et nous prend à la gorge sur les refrains. Toutes guitares dehors, « Spear » débarque dans la même veine pour suivre avec « Scary Black Holes » alternant passages nerveux agrémentés d’une pointe de psychédélisme ressentit de la même manière sur « In cathedralica » et l’oppressant « King Cobra ». Rescue Rangers a déballé neufs morceaux haletants et aurait pu terminer sur un titre qui pouvait reposer nos oreilles. Guitars and dust dancing arrive à terme est c’est sans compter sur la volonté de Pascal Mascheroni et de ses acolytes de nous démontrer qu’ils en ont dans le ventre jusqu’au dernier souffle. Déjà présent sur l’Ep Masters of the middle finger, « The scorpion deathlock » a été réenregistré pour l’occasion en gardant le même état d’esprit. Un son gras avec une guitare saturé, un vénéneux titre où le chanteur use de ses cordes vocales pour exprimer une rage communicative qui nous porte et nous donne des envies de crier toute notre haine refoulée. Un défouloir qui nous laisse sans voix tout comme la bonne impression générale que nous a procuré Guitars and dust dancing…
Il est vrai que l’on ne peut pas classer les Rescue Rangers dans la lignée du rock français étant donné que l’on ressent une grande influence de groupes américains qui sont aujourd’hui des références en la matière pour des formations qui ont été berçées par Kyuss, Queens of the stone age… Des noms qui reviennent sans cesse dans la liste que pourrait citer tout groupe s’essayant à suivre les pas de leurs ainés. Rescue Rangers ne se cantonne pas à ce répertoire car dans leurs influences on peut noter la présence des Foo Fighters, Pink Floyd ou encore Soundgarden. Guitars and dust dancing démontre que des français peuvent eux aussi nous emmener dans les grandes plaines désertiques américaines par le biais de leur musique abrasive, rageuse. Ces marseillais nous prouvent que dans ce style, la scène française peut toucher d’un doigt les pointures américaines. En attendant la venue d’un successeur qui est normalement en pleine préparation, ce Guitars and dust dancing a trouvé sa place entre Rated R et Welcome to sky valley.
.:Tracklist:.
01. Sounds of the Katana
02. Hassan Sabbah
03. Annoyed
04. Black As Bastet
05. Guitars and Dust Dancing
06. Spear
07. Scary Black Holes
08. In Cathedralica
09. King Cobra
10. The Scorpion Deathlock