Le nom de 36 Crazyfists pourrait être synonyme de persévérance. Formé en 1994 dans une contrée relativement peu porteuse au niveau musical (l'Alaska), la formation perd son premier bassiste dans un accident de voiture au cours de l'année 1996. Il aura nécessité trois démos ainsi qu'un album autoproduit (In The Skin en 1997) pour que Roadrunner ne découvre le talent de ce groupe, lui offrant ainsi la distribution qu'il mérite.
A la manière d'un Glassjaw, 36 Crazyfists est de ces groupes contribuant grandement à élargir la scène dite "néo", en y incluant quelques éléments d'horizons différents, ainsi qu'en se démarquant clairement de l'influence Hip-Hop souvent rattachée à une certaine platitude. Alternant au sein d'une même compo passades lourdes et agressives sur d'autres plus mid-tempo et mélodiques (« Slit Wrist Theory », « Eightminutesupsidedown »), lorgnant même sur la ballade acoustique le temps d'un superbe titre de conclusion (« Left Hand Charity »), la base instrumentale s'apparentera clairement à cette mouvance, tout en ne faisant à aucun moment abstraction d'un gage de qualité plutôt rare. Habillé d'une production propre et efficace, l'ensemble s'avère extrêmement percutant, et ne laissant à aucun moment se répandre une quelconque lassitude.
Un grand soin à également été apporté dans l'écriture ainsi que l'enregistrement des parties vocales. Il émane du timbre de Brock Lindow un incroyable sentiment de sincérité, celle d'un homme qui livre toute son âme dans sa musique. Chant clair parfaitement maîtrisé, hurlements habités et suintants d'une hargne enfouie parmi une foule de sentiments troubles, le frontman permet une mise en relief particulièrement touchante de la musique du combo, même si quelques écoutes s'avéreront néanmoins nécessaires afin d'en percevoir réellement toute la portée. Steev Esquivel, ami du groupe et tête pensante de Skinlab, vient apporter sa contribution au rageur « One More Word », apportant un contraste et des superpositions de voix intéressantes.
Au croisement du néo et de l'émo et pimenté d'une légère touche de hardcore, Bitterness The Star se positionne comme un disque imprégné d'une crédibilité à toute épreuve, pour un groupe au talent incontestable.
.: Tracklist :.
01. Turns To Ashes
02. One More Word
03. An Agreement Called Forever
04. Eightminutesupsidedown
05. Slit Wrist Theory
06. Bury Me Where I Fall
07. Dislocate
08. Two Months From A Year
09. Chalk White
10. All I Am
11. Ceramic
12. Circle The Drain
13. Left Hand Charity