Même si on peut qualifier la musique du duo bostonien de rock, je ne pourrais pas m'aventurer dans un énoncé de sous catégories pour cataloguer ce style. En reprenant les termes de beaucoup de critiques, les Dresden Dolls font du rock théâtral, une sorte de cabaret punk frisant la comédie musicale hystérique.
Toujours chez Roadrunner, le groupe nous offre un second album produit par Sean Slade et Paul Q. Kolderie (Radiohead, The Pixies, Hole). Avec le grand succès qu'a obtenu le premier opus, les Dolls se devaient de prouver leur talent artistique en surpassant leur excellente première composition.
Le titre de cet album, Yes, Virginia… est une citation extraite d'une lettre du courrier des lecteurs du New York Sun de 1897. Dans cette dernière, la jeune Virginia O'Hanlon, âgée de 8 ans se demande si le Père Noël existe vraiment. Cette anecdote reflète notre monde qui chaque jour devient un peu plus cynique et sceptique. Alors que la magie et l'imaginaire perdent du terrain dans les mentalités de ce 21 ème siècle, Amanda Palmer au chant et au piano, et Brian Viglione à la batterie, comptent nous transmettre leur optimisme enfantin et nous apprennent à cesser de chercher des réponses existentielles, mais plutôt de savoir se poser les bonnes questions.
La première crainte en livrant ce disque à mon lecteur pour un premier essai, était de voir la disparition de toute la simplicité et l'originalité des poupées de Dresde, causée par un trop gros succès qu'a pu leur offrir l'excellent premier album éponyme. Mais le groupe a su garder les pieds bien sur terre, ils n'ont pas cherché à enrichir leur son. Ce second opus est, tout comme son grand frère, composé toujours d'un minimum d'instrumentation. Le piano assuré par Amanda est d'une pureté rare. Quant à Brian, il fait une fois encore, preuve d'une très grande maîtrise de ses baguettes pour nous servir des rythmes des plus subtils. Des titres comme «First Orgasm» et «Me & Minibar» nous font retrouver Amanda seule au piano, dans des textes et mélodies truffés d'intimité. Certains morceaux sont bien au contraire, assez furieux, où le côté punk de ce cabaret se manifeste à merveille. Les mélodies toutes plus variées les unes que les autres nous semblent dès la première écoute comme encrés en nous depuis toujours. Pour finir, il ne faut pas que j'oubli de parler de l'artwork très réussi qui emballe ce disque. Le livret contenant entre autre les paroles, possède une quinzaine de pages ornés de créations graphiques réalisées par des fans, choisit parmi plus de 600 propositions.
Dans un monde qui semble plus cynique que jamais, The Dresden Dolls a réussi à apporter dans leur musique un halo d'éveil vers la simplicité et l'imaginaire égarés par nos esprits. Avec Yes, Virginia…, les Poupées de Boston nous laissent l'espoir de les voir exceller dans leur univers encore longtemps.
.: Tracklist :.
1. Sex Changes
2. Backstabber
3. Modern Moonlight
4. My Alcoholic Friends
5. Delilah
6. Dirty Business
7. First Orgasm
8. Mrs. O
9. Shores Of California
10. Necessary Evil
11. Mandy Goes To Med School
12. Me And The Minibar
13. Sing