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Interview : Steven Wilson

Steven Wilson, quadruple nominé au Grammys, multi-instrumentiste, producteur et l’un des artistes les plus travailleurs dans le monde de la musique, a annoncé son retour à la Rockhal pour septembre 2015 ! Concentré actuellement sur sa carrière solo, il est plus connu comme fondateur, guitariste, chanteur et compositeur du groupe Porcupine Tree, mais aussi en tant que membre d’autres groupes et pour ses collaborations avec des artistes tels que Opeth, King Crimson, Pendulum, Jethro Tull, XTC, Yes, ou encore Anathema. Après la sortie de son très attendu album solo « Hand. Cannot. Erase. » et un concert sold out en mars 2015 à Esch-sur-Alzette, il est prêt à enflammer, à nouveau, ce vendredi 25 septembre 2015 la scène du Club de la Rockhal !

La tournée et l’album succèdent au grand succès commercial et parmi les critiques de son troisième album solo « The Raven That Refused To Sing » sorti en février 2013, ainsi qu’à une série de concerts sold-out, dont une à la mythique Royal Albert Hall à Londres. La tournée 2015 comprendra des escales un peu partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis, au Canada, aux Pays-Bas, et au Royaume-Uni. Pour expliquer le concept du nouvel album, Steven remarque que « l’histoire de base, ou le concept de cet album – c’est une femme qui grandit, qui va vivre en ville, très isolée, et elle disparait un jour sans que personne ne s’en aperçoive. » C’est la plus courte description qu’il peut donner, « mais il y a encore bien plus d’aspects. »

Steven Wilson est non seulement un musicien très occupé par les enregistrements de son disque, il est aussi un des artistes phares dans le domaine des rééditions d’albums, avec de nouveaux mix en stéréo et en 5.1 de l’album classique des Tears For Fears « Songs From The Big Chair », ainsi que des publications pour le compte de XTC, King Crimson, Yes, Jethro Tull, ou encore les rééditions annoncées de Roxy Music. Rencontre avec un artiste hors norme.

Bonjour Steven ! Après ton concert sold-out au Luxembourg en mars, tu as eu envie de revenir nous voir ?

Bonjour Nathalie ! Ce n’est pas vraiment moi qui choisis, tu sais. (rires !). C’est vrai qu’un concert sold-out, c’est une bonne raison pour revenir. Notamment pour ceux qui n’avaient pas réussi à avoir des places pour le premier concert. Dans ce genre de cas, c’est le promoteur qui voit avec la salle, si on peut revenir ou non. J’ai beaucoup aimé jouer au Luxembourg, même si je n’ai pas eu le temps de visiter.

Ton ancien album The Raven That Refused To Sing (and other stories) était déjà un album-concept grâce auquel tu racontais une histoire. Pour ce nouvel album HAND. CANNOT. ERASE., tu racontes l’histoire de Joyce Carol Vincent, c’est bien ça ?

Oui et non. Joyce Carol Vincent est effectivement le personnage qui m’a beaucoup inspiré pour cet album. Je n’ai cependant pas voulu raconter son histoire, mais c’est une partie de son histoire qui m’a touché et qui m’a fait réfléchir sur notre façon de vivre au 21ème siècle. J’ai réutilisé l’idée d’une jeune femme qui arrive dans une grande ville et qui décide de façon consciente de disparaitre. Dans une ère comme la nôtre, où nous sommes surveillés sans arrêt et où nous avons des moyens de communication tellement vastes pour rester en contact avec les personnes qu’on aime, l’ironie de l’histoire m’a transpercé. Finalement Joyce a voulu disparaître mais est devenue une personne connue de par même sa démarche.

Le personnage principal de mon album est un personnage fictif et c’est en partie autobiographique. Je me suis mis dans la peau de cette femme pour essayer de comprendre pourquoi elle a eu envie de disparaître. Qu’est-ce qui peut bien mener une jolie jeune femme, qui a des amis et de la famille, à vouloir disparaître comme ça du jour au lendemain ?

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Quand tu as vu le documentaire concernant Joyce Carol Vincent, as-tu eu tout de suite le déclic que ce serait le sujet principal de ton prochain album ou est-ce que cette idée a d’abord fait son chemin dans ta tête ?

Non, elle a d’abord dû faire son chemin. Ce documentaire m’a beaucoup touché et je pense que c’est le genre d’histoire qui ne peut pas vous laisser indifférent. Cette histoire est vraiment très choquante, voire traumatisante, à mes yeux et elle m’a hanté pendant pas mal de jours et de nuits. Ce que je dis toujours, c’est que ce n’est pas moi qui ai choisi le sujet mais c’est le sujet qui m’a choisi. En plus cette histoire c’est vraiment du pain béni pour un artiste, car il y a tellement de facettes à aborder : l’aliénation, internet, la solitude, l’enfance, notre ère soi-disant « moderne » etc…

Justement. Il y a un titre qui m’a marqué et qui s’appelle « Home Invasion ». Peux-tu nous dire de quoi parle ce morceau ?

Je parle de l’invasion inéluctable d’internet dans nos maisons. De plus en plus de personnes sont attachées à leur bureau ou à leur chambre et se crée leur propre vie sur internet. Dans le morceau je dis notamment « Download the life you wish you had » (ndlr: télécharge la vie que tu souhaites avoir). Chacun d’entre nous peut inventer sa vie sur internet, créer une image ou une façade de toute pièce. Cela équivaut à se créer l’illusion d’une vie et de me mettre en avant que les côtés positifs. Je trouve cette évolution très dangereuse. Pourquoi vouloir sortir et voir des personnes en chair et en os, alors qu’on peut chater en ligne. Pourquoi vouloir voyager pour voir différentes cultures quand on a toutes les informations sur simple clic ? Finalement tout est déjà disponible en ligne. Ce phénomène grandit de plus en plus et tu es enclin à devenir de plus en plus passif par rapport au monde qui t’entoure. Tu te construis une sorte de cocon qui te protège de la réalité. Je trouve que les réseaux sociaux sont le meilleur moyen de se déconnecter du monde finalement et de se cacher derrière son écran.

Ton album va beaucoup plus loin que l’habituel livret contenant les paroles des chansons que l’on voit chez beaucoup d’autres artistes. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Quand j’ai voulu me mettre dans la peau de mon personnage féminin, je l’ai rapidement imaginée tenant une sorte de journal. Comme une sorte de monologue intérieur en fait. Quel est l’équivalent d’un journal en papier au 21ème siècle : le blog en ligne bien sûr ! J’ai donc noté tout ce qui trotte dans la tête de la jeune femme et ce qui la mène finalement à vouloir disparaitre plus tard. Le blog commence très tôt alors qu’elle n’a que 13 ans et cela m’a été très utile dans la mise en place de mon histoire. Je ne voulais pas que la frontière entre le rêve et la réalité soit trop claire. Au contraire, il fallait qu’elle reste constamment assez floue et que l’un s’imbrique dans l’autre. Je voulais que le lecteur se demande constamment où commence la réalité et quelle est la part de rêve. Ce qui est finalement assez logique, car peut-on croire tout ce qu’une fille de 13 ans écrit dans son journal ? Plus elle grandit, plus elle s’isole du monde réel et ses idées deviennent totalement surréelles. J’aime cette ambiguïté.

Tu as conçu cet album un peu comme un acteur qui se met dans la peau d’un personnage avant de jouer un film, en es-tu conscient ?

Je n’y ai jamais vraiment pensé mais c’est logique quelque part. J’ai toujours été passionné par le cinéma et par la littérature depuis mon plus jeune âge .Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours dévoré des bouquins autant que j’ai consommé des films, et c’est à peu près au même moment que j’ai commencé aussi à faire de la musique. L’idée est toujours la même : raconter une histoire. Je ne vois pas pourquoi la musique ne pourrait pas avoir le même objectif d’ailleurs. C’est souvent plus difficile de condenser un certain nombre d’idées ou de sentiments dans un morceau de 3 ou 4 minutes, mais c’est là où se situe le défi. Aussi je suis conscient qu’il est très dur d’avoir l’attention des auditeurs pendant tout un album complet, donc même si le public ne connait qu’une seule chanson, cela me suffit.

Ndlr : Ma question rituelle concernant les Beatles ou les Rolling Stones lui a déjà été posée en janvier 2015 et vous pouvez la découvrir ici.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa pour Vacarm.net

 

Les dates de sa tournée ici :

http://stevenwilsonhq.com/sw/tour-dates/

 

 

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