Rares sont les albums autours desquels une telle pression médiatique existe. Et si la presse spécialisée ne tarit pas d'éloges à propos de The Blackening, nouvel opus de Machine Head, en le plaçant comme l'un des meilleurs albums métal de ces dix dernières années, c'est désormais au public de donner toute sa grandeur et sa notoriété à cette œuvre de qualité. Pour notre part, nous restons un peu perplexes face à l'album décrit par Robb Flynn comme « le Master Of Puppets de notre génération ». Explications.
Les propos énoncés par le frontman, bien qu'extrêmement exagérés, sont compréhensibles. En effet, d'une part, The Blackening se compose de titres longs (dépassant régulièrement les 10 minutes) aux sonorités très anciennes, rappelant par là un thrash oldschool décapant, et d'autre part, ce nouvel album est un virement de bord formidable en comparaison des dernières créations. En pleine vague néo, le groupe s'était empêtré dans des voies sans issues artistiques et revient aujourd'hui avec la ferme intention de nous démontrer ses qualités instrumentales. C'est avec des riffs et des solos d'une grande dextérité que l'on retrouve un groupe au sommet de sa forme et loin d'un credo commercial comme l'incarne le morceau d'ouverture (« Clenching The Fists Of Dissent »).
Les huit titres de l'album doivent être appréhendés d'une manière globale, The Blackening ne se résumant pas à un enchaînement banal de morceaux. Difficile à digérer au premier abord à cause de ses titres longs et la complexité des structures mises en place, The Blackening se révèle être un album prenant où certaines parties sont d'une efficacité redoutable, à l'image des nombreuses accroches sur un tempo rapide ou de riffs à faire tomber les murs. La production est à la hauteur du groupe avec un son lourd et moderne mis au profit des sonorités plus oldschool.
Point négatif en ce qui concerne la voix, particulièrement lassante et parfois peu maîtrisée, et les paroles, vides et sans intérêt. Cet album est avant tout une œuvre qui trouve sa légitimité dans ses longues parties instrumentales virtuoses mais au final on en retient peu de choses. C'est après de longues écoutes répétées que l'on réussira à capter quelques sensations, mais malheureusement, cela reste bien maigre. Malgré le peu d'intérêt que l'on y portera, on reste surpris par la présence de la reprise de Metallica, « Battery », en dernière plage de l'édition limitée. Fans de Metallica, passez votre chemin, vous risqueriez de crier au massacre.
Au final, The Blackening est un album d'une qualité artistique irréfutable mais sur lequel on ne s'aventurera pas à donner de réel jugement, le temps se chargera de donner aux compositions de Machine Head la notoriété qu'elles méritent. Le changement de style opéré par le groupe scindera inévitablement le public de fans qui attendait soit du groupe un opus aux titres moins originaux mais plus efficaces (durées plus courtes), soit une évolution artistique dans le sens de The Blackening , c'est-à-dire un pas vers la reconnaissance de virtuosité instrumentale de ses membres.
.: Tracklist :.
01. Clenching The Fists Of Dissent
02. Beautiful Mourning
03. Aesthetics Of Hate
04. Now I Lay Thee Down
05. Slanderous
06. Halo
07. Wolves
08. A Farewell To Arms
03. Battery (Bonus Track)