Nous (Skwyrell et moi-même) voici arrivés à Glaz'Art … fameuse salle de concert parisienne … ambiance détendue, nous sommes accueillis par Densio multi instrumentiste d'In Vivo qui nous emmène rejoindre Djamal dans les loges enfumées par des bâtons d'encens et du tabac. Djamal parait sur le qui-vive car, en effet, cette soirée ressemble plus à une fête familiale plutôt qu'à un concert : celui-ci connaît tout le monde, de l'ingé-son jusqu'au projectionniste de la petite salle cinéma qui viennent lui serrer la main interrompant ainsi l'interview. Après de poignées de mains, Djamal nous consacre quelques instants avant d'aller manger pour répondre à nos questions.
Skwyrell & Cap'tain Planet : Nous avons eu l'occasion de vous voir vous produire sur scène lors des Froggles Rock en septembre 2002 … on avait été très surpris par votre prestation. Du coup on a acheté l'album et là, nous avons été déçus par l'absence de l'énergie dégagée sur scène. Comment l'expliques-tu ?
D : Je pense que le chemin idéal pour connaître In Vivo c'est d'abord l'album puis le live. Il faut l'avouer, on s'est laissé dépasser par ce dernier. C'est un album de salon à écouter au casque. En live, la machine allait plus vite que nous. Pour le prochain album, le tout est acoustique : on a enlevé le côté sample et guitares saturées. Farid est parti s'occuper de lui et lâche la musique quelques temps. Du coup on se retrouve avec une formation standard : basse-batterie-guitare-voix … ce qui pour autant n'est pas une signification de baisse d'énergie !
C : En septembre dernier j'ai pu interviewer Lofofora, j'ai demandé à Reuno ce qu'il pensait d'In Vivo et il m'a répondu que votre album était difficile à écouter, qu'il fallait l'écouter seul chez soit, etc… Es-tu d'accord avec lui ?
D : Je ne peux qu'acquiescer … c'est un constat qu'on a fait après la sortie de l'album, ça n'était pas voulu au départ. Ca n'était pas un choix.
C : Peux-tu me parler du prochain album ?
D : On va jouer une dizaine de titres ce soir donc tu pourras te faire une petite idée sur celui-ci. Pour le moment il n'y a pas de date de sortie de prévue … on prend notre temps, on maquette, on teste en live puis on va démarcher les labels (du plus petit au plus grand) car notre contrat avec Sony a prit fin. Cet album est difficile à décrire et il repose sur une formation différente de celle du premier album, c'est-à-dire une formation acoustique. Je pense qu'on a gagné en cohérence.
C : Quelle vision portes-tu sur la production musicale actuelle ?
D : Eh bien, avec 20 pourcent de baisse d'effectif dans les maisons de disque et tout ce qu'on entend parler en ce moment je pense que …… c'est la fin de l'euphorie des années 80 ! (Rires). Mon raisonnement est le suivant : soit ces personnes vont se reconvertir ailleurs en vendant des aspirateurs, etc … soit il vont rester dans la musique car ce sont des gens passionnés. C'est terminé le champagne dans les loges, même si nous on n'a jamais goûté à ce plaisir et qu'on n'a pas envie d'y goûter, je pense qu'il faut se tourner maintenant vers les labels indépendants. Selon moi, pour In Vivo une démarche indépendante semble être une voie moins risquée, plus prudente que de rêver à son single. Ca ramène l'artiste à l'artisan … c'est une expression que j'aime bien car dans le mot artiste on retrouve la même racine que dans artisan. L'artiste est vraiment quelqu'un qui façonne les choses pour en faire ressortir une sorte d'expression, de sentiment.
S : In Vivo est un étrange mélange musical, quelles sont tes références ?
D : Je me suis beaucoup inspiré des influences de Densio et de Farid. On pourrait dire que mes références musicales vont de Fantomas à Antipop Consortium en passant par Chopin et Miles Davis.
S&C : Quels sont tes coups de cœur du moment ?
D : Sur scène, j'ai beaucoup aimé JMPZ c'est un mélange de batterie, percus, djridou, etc … Sur album par contre j'ai bien aimé Mig qui est l'album de l'ancienne chanteuse des Gnawa Diffusion.
S&C : Ce soir vous jouez avec STEP, peux-tu m'en parler ?
D : Je ne soupçonnais même pas l'existence de la musique quand STEP était déjà sur scène. Il a d'abord joué dans No Man's land qui est un groupe assez connu de la période alternative puis dans SAWA qui fut déclaré découverte du printemps de Bourges en même temps que Kabal. J'ai beaucoup de respect pour lui. Il reprend des textes de son grand oncle qui était poète sur scène. Il est tout seul à la guitare et au chant avec derrière lui des samples. On retrouve beaucoup de musique orientales, en particulier tunisienne dans ceux-là.
S : Comment ont évolué tes textes et ta façon de composer ?
D : A la base je viens du hip-hop, ainsi mon rap a dévier vers le chant grâce aux influences apportées par les autres membres d'In Vivo. Le chant m'a permis de valoriser et d'épanouir mes textes. Je pense avoir trouvé un chemin logique entre le rap de Bobigny et le chant.
S : Quels sont les sujets qui te tiennent à cœur ?
D : Ce sont des thèmes politico-socialo-économico- etc…. bref c'est d'une banalité affligeante. Ce qui me tient à cœur c'est plus les associations que je monte comme Inde au cœur … ça m'inspire énormément.
C : La dernière question, stupide de surcroît mais que je pose à chaque artiste que j'interviewe (l'humour est conseillé !) : Préfèrerais-tu que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
D : Hum … Je préfèrerais qu'il n'y ait pas que des filles au premier rang !!! (Rires).
Merci à Djamal et Densio pour leur amabilité.