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Interview des organisateurs du festival slovène Metal Days


Le 4 avril, Nika et Boban, organisateurs du festival slovène Metal Days, étaient de passage à Paris, au Hard Rock Café, pour parler de la prochaine édition de ce festival pas vraiment comme les autres. Pour ceux qui hésitent encore, les derniers pass sont en vente alors dépêchez vous !

Le festival a 15 ans cette année, quel regard portez-vous sur son évolution ?
Boban : Il n’y aura plus de changements majeurs parce que notre festival a atteint ses limites il y a quelques années. Nous ne vendons pas plus de pass et la superficie du site n’a pas été augmentée, mais nous essayons quand même d’apporter des améliorations chaque année. Le changement majeur cette année c’est notre décision de bannir complètement les groupes électrogènes sur le camping. Ce sera donc plus calme, les groupes électrogènes faisaient un bruit horrible et les festivaliers doivent pouvoir dormir la nuit. Nous avons aussi deux nouveaux espaces pour les bars et la restauration et la scène principale sera légèrement agrandie, ce sont les nouveautés pour cette année mais pas de changement majeur.

Pourquoi avez-vous fait ce choix de « vacances » et pas seulement de festival ?
Boban : C’était l’idée depuis le début. Il y a tellement de festivals que les gens n’ont pas besoin d’un autre festival et on s’est demandé comment proposer quelque chose de différent et parce que le site est magnifique, on a voulu tenter de faire un festival plus long. Avec le temps, ce concept a rencontré un grand succès et aujourd’hui beaucoup de festivals ont allongé leur durée et ont développé l’offre touristique.

Comment avez-vous réussi à faire accepter à la municipalité l’installation d’un festival metal dans un parc national ?
Boban : Ça n’a pas été facile et ce n’est toujours pas facile parce que nous avons beaucoup de règles à respecter et à suivre mais c’est un atout majeur pour la ville et c’est la principale raison pour laquelle ils ont accepté le festival.
Nika : ils ont compris l’importance pour la ville d’un tel événement mais ça n’a pa été facile au début
Boban : c’est une petite communauté, une petite ville et le festival apporte beaucoup de touristes donc des retombées économiques

La population de Tolmin participe-t-elle au festival ? En tant que festivaliers ? Bénévoles ?
Boban : oui, certains travaillent sur le festival, d’autres sont bénévoles donc beaucoup d’habitants de Tolmin sont présents sur le festival. Ils bénéficient d’une tarification spéciale aussi, ils paient le prix d’une journée de festival pour toute la durée.

Que pensent les habitants de Tolmin du Metal Days?
Boban : comme pour tout événement, une partie des gens adore le festival, une autre est plus critique parce que ça fait venir beaucoup de monde mais la majorité pense que c’est une bonne chose d’avoir ce festival.

L’aspect écologique est très important pour vous. Vous avez d’ailleurs gagné, en 2018, pour la troisième année consécutive, un Greener Festival Award, qui récompense les festivals les plus écolos. Y aura-t-il des nouveautés cette année sur le plan écologique ? 
Nika : Cette année côté nouveauté nous avons la suppression des groupes électrogènes dont nous avons déjà parlé, des toilettes chimiques, nous offrons aussi la possibilité aux festivaliers de louer des tentes confortables afin qu’ils n’aient pas besoin d’apporter leur matériel  
Boban : nous essayons de faire en sorte que les festivaliers n’amènent plus rien de l’extérieur car le festival fournit du matériel biodégradable donc nous ne produisons pas de déchets nuisibles. L’idée c’est aussi que les festivaliers puissent tout acheter sur place et qu’ils n’aient pas besoin de tout apporter.
Nika : c’est un aspect très important pour nous et nous allons définitivement continuer dans ce sens.

Est-ce que vous sensibilisez aussi les groupes sur ce sujet ? Si oui, l’acceptent-ils volontiers ?
Boban : nous n’avons pas vraiment besoin de leur en parler parce que la plupart arrivent quelques heures avant de jouer et repartent juste après pour se rendre dans un autre festival. S’ils sont informés de l’aspect écologique par un media ou autre c’est bien mais nous ne leur en parlons pas directement

Vous voulez que les gens se sentent libre de faire ce qu’ils veulent au Metal Days. Comment est-ce compatible avec la sécurité ? Le respect de l’environnement ? 
Nika : c’est assez facile en réalité parce que les festivaliers sont déjà informés et ils aiment ça. Ils sont là pour une semaine donc ils apprécient d’avoir des toilettes et une rivière propres, ils évitent d’apporter des bouteilles en plastique et ont leur propre bouteille qu’ils remplissent sur le festival. Si vous demandez aux gens des changements qui vont dans le bon sens ils les acceptent.  
Boban : les festivaliers qui reviennent briefent les nouveaux

Quelles sont les activités annexes que vous proposez durant le festival ? 
Boban : en dehors du festival on peut pratiquer des sports extrêmes comme le canyoning, le parapente, le rafting etc et sur le site du festival, nous proposons du yoga, du fitness metal, des massages, beaucoup d’activités.

D’années en années, le line-up est devenu plus important. Combien de groupes sont prévus cette année ? 
Boban : cette année nous programmons 130 groupes sur trois scènes

Quels groupes rêvez-vous toujours d’avoir ? 
Boban : nous ne pourront jamais faire venir certains groupes mais je pense que Tool serait un bel ajout dans l’histoire de notre line-up.

Etes-vous totalement libre de choisir la programmation ou avez-vous des contraintes ? 
Nika : nous sommes libres, nous n’avons aucune contrainte

La scène, “New Forces” met en avant des groupes émergents, est-ce une véritable volonté de la part du festival de faire connaître des plus petits groupes ? Viennent-ils du monde entier ou juste de Slovénie ?
Boban : Cette scène est installée sur le festival depuis trois ans mais même avant nous avons toujours programmé des groupes émergents. Pas seulement des groupes slovènes, des nouveaux groupes du monde entier.

Un mot sur la programmation 2019 ? 
Boban : je dirais que c’est une programmation un peu plus jeune peut-être pour des générations plus jeunes.

Plusieurs festivals se déroulent au même endroit (Punkrock Holidays, Overjam, Motorcity). C’était prévu dès le départ ou cela s’est juste fait au fil du temps ? 
Boban : c’était prévu dès le départ. Nous avons un festival punk et un festival reggae sur le même site. Nous pensions que c’était une bonne idée d’ajouter d’autres festivals et nous avons constitué des équipes pour chaque festival

Le prix est très compétitif. Comment faites-vous pour arriver à un tarif aussi peu  élevé pour une semaine ? Quel est votre modèle économique ?
Boban : je ne sais pas. Le prix du pass est suffisant pour que nous puissions organiser correctement le festival, tout fonctionne bien, la programmation en bonne et en même temps nous arrivons à en vivre donc jusqu’ici ça marche mais le business de la musique a changé, les groupes ne vendent plus de disques et gagnent de l’argent uniquement avec les concerts aujourd’hui donc les cachets qu’ils demandent sont plus élevés chaque année et si nous augmentons le prix c’est uniquement parce que les groupes coûtent plus cher, cinq fois plus chers qu’ils ne l’étaient il y a quelques années.

Vous essayez de garder les pass à un prix modéré
Boban : l’an dernier nous avons eu des festivaliers venant de 80 pays différents. Certains viennent de pays plus riches que d’autres et pour eux le festival est bon marché mais pour d’autres pays au pouvoir d’achat moins élevé, notre festival est cher donc nous essayons de trouver le juste prix entre les deux. Si le pass était plus cher, il deviendrait inaccessible pour beaucoup de pays et nous ne voulons pas de ça. Le festival devrait être accessible à tous et il génère assez d’argent pour que nous puissions maintenir un tarif accessible.

Quel est l’impact économique et touristique du festival sur la ville de Tolmin ? 
Nika : il y a eu des études selon lesquelles chaque festivalier dépense, en dehors du festival, une moyenne de 110 euros, ce qui, multiplié par des centaines de personnes, représente beaucoup d’argent. C’est définitivement un événement important pour l’économie de la région. Que les gens soient pour ou contre le festival.

Peux-tu nous en dire plus sur la ville de Tolmin et sur le choix d’en faire le cœur de tous ces festivals ? 
Boban : Tolmin est une ville très calme dans un environnement très romantique, entre des montagnes, entourée par deux rivières, le climat est influencé à la fois par les Alpes et la Méditerranée et il ne se passe pas grand chose ici donc d’un côté c’est bien parce que certains sont contents qu’il se passe quelque chose pendant l’été mais d’autres n’aiment pas que quoi que ce soit se passe et ne sont pas contents. Mais c’est un endroit très joli qui convenait parfaitement au projet à la fois de musique et vacances

Ici en France, on ne sait pas grand-chose de la scène metal slovène, peux-tu nous en dire plus ? 
Boban : il y a beaucoup de nouveaux groupes et certains sont très bons mais aucun d’entre eux n’a du succès en dehors du pays. Je pense que ça va changer dans le futur parce que certains d’entre eux sont vraiment bons. Je pense que notre festival y est un peu pour quelque chose parce qu’en prenant de l’importance, certains groupes se sont dit qu’ils devaient jouer aux Metaldays et il y a aujourd’hui beaucoup de bons groupes slovènes

Comment est-ce que le metal est représenté dans les médias slovènes ? 
Boban : très peu. Nous avons des webzines spécialisés dans le metal mais ce style est peu représenté dans les principaux médias.

Avez vous des festivaliers qui viennent depuis le début ? Tous les ans ?
Boban : oui bien sûr, certains viennent chaque année depuis le début et amènent aujourd’hui leurs enfants au festival, d’autres se sont mariés aux Metal Days parce qu’on peut se marier au festival ! et légalement ! et certains des mariés viennent aujourd’hui avec leurs enfants

A ce jour, le MetalDays affiche-t-il complet ?  
Nika : nous sommes en train de vendre les 100 derniers pass donc le festival sera probablement déjà complet en mai

Le festival continue de gagner en notoriété, comment envisagez-vous son évolution ? 
Boban : nous sommes optimistes sur le futur du festival. Nous pensons l’organiser encore pendant de nombreuses années, nous mettons notre énergie et notre expérience au service des festivaliers et le festival est connu maintenant, c’est un des festivals de metal européens qui compte donc je vois un futur brillant.

Un immense merci à Marion pour l’aide précieuse en anglais !

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