{multithumb thumb_width=500 thumb_height=500}Trouver l'emplacement de stationement des tour bus de Soulfly s'avèrera presque aussi difficile que de franchir la grille bloquée par un vigile qui fait du zèle. Néanmoins, et après quelques coups de téléphone, la situation se débloque et Gloria Cavalera (manageuse du groupe) me conduit dans l'un des bus ou je me retrouve façe à… Max Cavalera ! Sauf que l'interview était programmée avec Marc Rizzo… Après avoir échangé quelques mots avec le personnage, je grimpe donc dans le second car ou le charismatique guitariste exécute quelques gammes.
BEN : La dernière tournée Française de Soulfly est relativement récente, revenir ici était une réelle envie, ou plutôt une bonne occasion de partager quelques dates avec Korn ?
Marc Rizzo (guitare) : En fait, nous sommes surtout revenus en Europe pour les festivals, pour jouer avec Korn ainsi que les Deftones par exemple… Nous voulions vraiment prendre part aux plus gros événements pour cette tournée.
De tous les pays visités avec Soulfly ou même Ill Nino, duquel gardes-tu le souvenir le plus marquant ?
(Pensif) Tu sais, toutes les tournées étaient mémorables… Je garde vraiment des supers souvenirs de tous les pays, la Suisse, L'Italie, la France, L'Allemagne…
Max a déclaré que ton arrivée dans Soulfly avait rendu possible l'exploration de nouveaux horizons musicaux, à quel niveau t'investis-tu dans la composition ?
Je tiens particulièrement à participer au processus d'écriture. Je pense que l'on peut entendre une évolution entre les anciens albums et Dark Ages, j'ai à cœur de mettre une grande partie de mes idées dans le son du groupe.
Quand tu étais encore avec Ill Nino, tu parlais de Soulfly comme l'un de tes groupes préférés. Qu'as-tu ressenti lors de ton premier concert avec le groupe ?
C'était vraiment génial. J'étais un énorme fan de la musique de Max, de Sepultura à Soulfly. Passer de la simple écoute du groupe à la participation du show, c'était incroyable, tout comme prendre part à la fabrication des albums.
Est-ce qu'il y a des anciens morceaux extraits des disques auxquels tu n'as pas participé que tu n'aimes pas jouer ?
Non, vraiment, j'aime tout ! Je met toute mon énergie dans l'interprétation des titres, anciens comme nouveaux, j'adore en particulier jouer les solos et reproduire les bidouillages de guitare.
L'été dernier, tu as achevé un disque instrumental du nom de Colossalmyopa, comment a-t-il été accueilli par les critiques et le public ?
Les retours ont été vraiment incroyables. Je pense avoir donné le meilleur de moi-même dans ce disque, plus que sur n'importe quel autre. Cet album solo reflète vraiment ma personnalité et j'étais heureux que les gens comprennent ou je voulais aller avec ce premier essai. J'aime jouer de tous les types de musique, et pas seulement du metal…
Est-ce que tu comptes sortir un second album ?
Oui, je travaille dessus actuellement, il sera probablement prêt en 2007. Après l'enregistrement, j'espère avoir l'occasion de faire plus de shows, chez moi aux Etats-Unis mais aussi en dehors, j'ai d'ailleurs déjà des salles à l'esprit !
Roger Vasquez, Teddy Gibbons, Ben Wright… Les participations sont nombreuses. Comment ont-ils pris part au projet ?
Je joue de tous les types de musique et de guitares, donc je voulais collaborer avec des musiciens différents et issus de milieux variés. Teddy Gibbons est un très bon batteur, je connaissais bien Roger Vasquez, qui a assuré les percussions, puisqu'il avait déjà travaillé avec moi dans Ill Nino… Dennis Kimak, qui apparaît aussi en invité sur le disque, est par exemple aussi bien influencé par le Jazz que par le rock. Ils ont tous participé activement au projet.
Avec ce disque, tu explores aussi bien le metal que l'acoustique ou encore le flamenco. Selon toi, quel genre présente le plus de difficultés ?
Tous ! Au final tous ces genres présentent certaines similitudes, ils demandent beaucoup de technique et d'entraînement, du shred (technique consistant à aligner une suite de notes très rapidement) au Flamenco… J'aime toutes les techniques de guitares, comme j'aime tous les styles de musique, c'est pour ça que j'ai tenu à enregistrer ce disque qui mixe un peu toutes mes influences.
Comment t'es-tu passionné pour la guitare ?
J'ai commencé vraiment très jeune, quand j'avais environ huit ans. J'écoutais déjà énormément de musique, Led Zeppelin, beaucoup de groupes thrashs comme Slayer. J'ai grandi avec ça, au milieu des années 80, entouré de grands frères qui écoutaient ces groupes à longueur de journée ! Je me suis donc intéressé à la guitare, j'en jouais absolument tous les jours.
Penses-tu avoir aujourd'hui atteint ta limite technique ?
Non ! Je pense que j'ai encore besoin de beaucoup de pratique, avant ton arrivée j'étais d'ailleurs en train de m'entraîner sur ma guitare acoustique. Je pense qu'il n'y a pas de véritable limite, mon prochain disque sera probablement plus démonstratif, et le suivant le sera encore plus !
Quels sont les guitaristes qui te poussent à toujours progresser ?
Il s'agit surtout de musiciens de Flamenco, comme Paco de Lucia, Jason Backer… Joe Satriani également. Il y en a vraiment beaucoup que j'écoute presque tous les jours. Ils me donnent envie d'aller toujours plus loin, d'essayer de jouer diablement bien ! Sans la musique de ces guitaristes, je ne pourrais pas vivre. J'espère de mon côté travailler pour qu'un jour, tout comme eux, donner l'envie aux gens de se mettre à la musique.
Qu'espères-tu apporter aux gens par le biais de tes compositions ?
Avec mon disque solo, j'avais pour objectif de faire passer un message peut-être plus positif et moins sombre que Soulfly. Je voulais que les gens se sentent bien en venant aux concerts, ou en écoutant l'album, que la musique soit moins dépressive.
Dernièrement, on a beaucoup parlé de piratage et de chutes des ventes de disque. Comment vois-tu le futur de l'industrie musicale ?
Je ne sais pas vraiment… Je pense que l'on va amorcer un retour vers le live, que les concerts vont avoir plus d'importance que les sorties de disques. C'est tellement facile de télécharger et d'avoir accès à absolument tout aujourd'hui, ça ne sert plus à rien d'acheter l'objet. Je ne trouve pas cela si mal au final, ça pousse les musiciens à tourner et à donner le maximum sur scène, ainsi qu'à improviser afin d'amener quelque chose de vraiment différent sur les dates. Le téléchargement va donner un coup de punch aux concerts, les musiciens vont de nouveau jouer avec une réelle conviction, tenter de se perfectionner pour proposer un vrai spectacle. Je pense que pour les sorties d'albums, on va finir par arriver à quelque chose de totalement nouveau, ça a toujours évolué ainsi. Peut-être que dans quelques années, les gens n'achèteront plus que de la musique Online…
Tu as seulement vingt-huit ans et tu as déjà joué dans deux formations importantes du milieu metal, enregistré un disque solo… As-tu encore des projets à réaliser ?
Pas vraiment, pour l'instant Soulfly reste mon unique priorité. A la fin de la tournée, ce sera mon travail solo, et surtout les concerts avec ce projet. J'ai eu beaucoup de réactions, de la part de guitaristes ou non, qui voulaient me voir sur scène. Je me dois d'assurer des concerts, d'autant plus que j'aurai largement plus de morceaux à proposer. Je n'ai pas de projets en dehors de la musique, je souhaite rester concentré là-dessus.
Pour terminer, beaucoup de fans se demandent pourquoi tu montes sur scène avec un sac à dos !
(Rires) Je ne le porte plus maintenant, j'ai arrêté parce que tout le monde me demandait pourquoi j'avais cette habitude ! En fait, c'était le sac dans lequel je mettais tout mon matériel lorsque je partais en tournée, histoire de ne rien perdre ! C'est le passé, maintenant je porte uniquement ma guitare !
Merci à Marc Rizzo & Soulfly, ainsi qu'à Marina (Roadrunner).