Chaque groupe de musique possède l'espoir d'avoir un jour l'opportunité de parapher un contrat pour faire son entrée dans un label de renom et avoir ainsi une chance de sortir un premier album. Artiste parisienne tournée vers le rock anglo saxon, Pamela Hute ne voulait pas attendre le coup de pouce du destin pour se lancer dans le grand bain. Après des années de prestations lives en compagnie d'Ernest (batterie) et Igor (claviers), Pamela Hute avait décidé d'opter pour l'autoproduction en ce qui concernait son premier effort. Mais la vie réserve des surprises, un label débarque et vous destabilise positivement dans vos projets d'indépendances. Confortablement installé dans les locaux de Tot Ou Tard qui a permis de sortir officiellement Turtle Tales From Overseas dans nos frontières le 3 mai 2010, Pamela Hute se donne volontiers au jeu des questions pour Vacarm. Ainsi, nous avons discuté de son parcours musical et de ce Turtle Tales From Overseas qui peut faire envier le public outre manche.
Hervé: Pour débuter l'interview, peux tu présenter Pamela Hute? Car sous ce nom ne se cache pas simplement qu'une artiste solo.
Pamela: Pamela Hute c'est mon nom mais effectivement nous sommes trois musiciens sur scène et dans la vie. Il y a Ernest qui joue de la batterie et Igor aux claviers. Pour ma part, je suis à la guitare et au chant. La première démo du groupe date de début 2005 donc ça commence à dater un peu. Au départ nous étions 4 avec un bassiste, synthétiseur, guitare et batterie. Il y a trois ans, nous nous sommes séparé de notre bassiste pour continuer l'aventure en trio.
Hervé: Cette séparation avec votre bassiste était un choix professionnel?
Pamela: C'était un choix artistique et non pas personnel. L'idée était de faire un trio car je trouve ce type de formation équilibrée puis au niveau des chansons, on se perdait dans des choses très arrangées. Cette direction ne nous plaisait pas et du coup nous avons resséré le line up à trois musiciens. Mais avec ce changement, nous avons eu une contrainte en ayant plus de basse sur nos morceaux…
Hervé: Du coup, c'est Igor qui assure la partie basse sur les titres via son synthétiseur?
Pamela: Exact ! Et je me souviendrais toujours de notre première répétition à trois car on sentait un grand vide. De ce fait, on a redécouvert les chansons et nous avons travaillé pendant deux ans pour avoir un son qui ressemble à ce que l'on peut entendre sur l'album.
Hervé: Tes deux compères Ernest et Igor, tu les connais depuis un moment ou est-ce par la musique que vous vous êtes rapproché?
Pamela: Par la musique ! Tout d'abord, je connaissais Igor. Il y à six ans, je faisais mes chansons dans mon coin. J'ai commencé à écrire des chansons dont certaines sont sur l'album donc c'était le début du projet tel qu'il existe maintenant… J'ai rencontré Igor par un hasard de connections et de gens. Il a écouté les chansons et par la suite, il m'a proposé de monter un projet. On a recherché un bassiste, un batteur et c'est par le biais de notre premier bassiste que nous avons rencontré Ernest. Puis on a viré le bassiste et gardé le batteur (Rires!) Car nous sommes vraiment sympa !
Hervé: Pamela Hute est ta toute première expérience musicale?
Pamela: Je fais de la musique depuis des années. Depuis que je suis toute petite, je chantais sur des morceaux, la musique a toujours été présente pour m'occuper dans ma vie. Quand j'étais adolescente, j'ai monté un groupe. J'ai forcé mes amis à jouer d'un instrument pour monter un trio guitare/basse/batterie. Puis j'ai un peu laché la musique après mes 18 ans pour ensuite revenir il y a 6 ans et là je me suis dit que je ne devais pas rejeter à nouveau la musique. Je n'ai jamais vraiment arrêté mais il n'y avait pas de projets concrets.
Hervé: Après avoir écumé les salles de l'hexagone depuis des années, le but ultime pour un groupe est de sortir un premier effort. Le 3 mai 2010 Turtle Tales From Overseas fera son apparition dans les bacs. Est ce une petite fierté personnelle de pouvoir sortir son premier album après ces années d'attente?
Pamela: Je ne vois pas cette sortie d'album comme un passage obligé après des années d'attente car ce temps était nécessaire pour le groupe. Un groupe met du temps à se définir. Au départ, on était quatre et si nous avions commencé l'album à quatre je ne me serais pas du tout reconnue dans cet opus. Je suis contente que l'on ai prit le temps car désormais nous avons notre propre identité musicale. Je pense que cet album arrive au bon moment et j'aime bien dire que c'est un acte fondateur pour un artiste. Sortir ton premier album, c'est quelque chose d'incroyable dans la vie d'un artiste. Depuis la signature sur le label, il va sortir dans des conditions intéressantes. Je suis fière mais surtout très heureuse !
Hervé: On peut le prendre comme des années de travail qui aboutissent par la sortie de Turtle Tales From Overseas.
Pamela: Oui mais le travail ne fait que commencer, même quand l'album est sortit tu dois travailler. Je vais voir ma tête partout chez les disquaires… Ca va me faire bizarre ! (Rires!)
Hervé: Comment Pamela Hute a t'elle réussi à parapher un contrat sur le label Guess What ! Label de Shakaponk ?
Pamela: Il y a quasiment un an jour pour jour, j'ai un ami journaliste qui connait très bien Vincent Frèrebeau (fondateur du label Tot Ou Tard). Il lui a donc envoyé un lien myspace sans que je le sache. Vincent a réagit plusieurs mois après l'envoie du lien myspace. Il a rappelé mon ami journaliste et a trouvé intéressant ce qu'il avait écouté. Il a donné ses coordonnées pour que je puisse le voir et discuter de mon projet musical. Je l'ai appelé et il a écouter l'album. Il faut préciser qu'à l'époque nous allions sortir un album par nos propres moyens et il a pu écouter nos compositions. J'ai donc pris rendez vous avec Vincent Frérebeau. Je me pointe dans les locaux de Tot ou Tard où nous sommes en ce moment à discuter, premier rendez vous de ma vie dans un label, un peu timide (Rires!). Au final, c'était trop bien ! On a discuté et le courant est bien passé. Il m'a proposé de faire quelque chose ensemble… Mais nous avions notre album qui devait sortir trois semaines après cette rencontre…
Hervé: Le fameux Ghost album…
Pamela: Oui ! Il n'était pas destiné à être un ghost album. Il l'est devenu par la force des choses car on n'a pas sortit cette version de l'album car nous allions signer sur le label. J'ai très apprécié le premier contact avec Vincent. Là, je me suis dit que c'était la personne qu'il me fallait pour sortir mon premier album et je continue à me le dire…
Hervé: Pourquoi n'as tu pas sorti la version autoproduite de Turtle Tales From Overseas dès votre signature chez Guess What? Tu voulais retravailler sur les titres de l'opus?
Pamela: On a retravaillé l'album. Tu avais bien le Ghost Album?
Hervé: Oui, dès qu'il est sortit sur le net.
Pamela: Il y a des titres qui ont été modifiés et rajouté pour la sortie officielle. On a enregistré trois nouveaux titres pour la version finale de l'album. C'était le résultat d'une discussion avec Vincent et le label. Tu vois on a enregistré l'album en mai 2008…
Hervé: L'identité musicale du groupe a été modifié pendant ces deux années.
Pamela: Tout à fait ! Puis nous ne pouvions pas sortir l'album dans la foulée de la signature. Le label devait travailler sur le projet pour programmer une belle sortie officielle. Pour ma part, j'ai eu besoin de me réaproprier cet opus sans refaire un travail de malade car je n'en pouvais plus de cet album (Rires!) Je trouve qu'ils sont différents ces albums et la version finale est celle qui colle le plus à mon univers. Je ne sens pas que j'ai fait des concessions pour cet album mais plutot que l'on a modifié certaines choses pour le rendre plus digeste et représentatif de la musique que l'on fait aujourd'hui avec Pamela Hute.
Hervé: Justement, quelles sont les différences entre les deux versions de cet album?
Pamela: Il y a pleins de titres qui possèdent la même version que sur le Ghost album mais nous avons retiré quelques morceaux qui étaient peut être plus obscurs pour sortir quelque chose de compact, efficace et brut.
Hervé: Vous n'étiez pas obligé de sortir le ghost album mais vous avez tout de même réalisé la sortie de cet opus. Pourquoi avoir fait ce choix? Etait-ce pour vos fans, combler leurs ardeurs et sortir un objet collector?
Pamela: Voilà! Il devait sortir dans les bacs mais nous avons réussi à stopper la distribution. Du coup, vu que nous avions des concerts pendant l'été, on en a vendu une bonne partie. Je pense que nous devions le sortir car nous avons donné beaucoup de nous même pour la réalisation de cet album.
Hervé: Vous avez donné beaucoup de vous même pour le ghost album sur le plan artistique mais aussi sur le plan financier. Igor a cassé sa tirelire pour la réalisation de cet opus?
Pamela: Depuis 5 ans, il a produit tout le projet avec la participation de tout le monde. Globalement, les grosses sommes ont été payés par Igor. Il a même acheté du matériel pour enregistrer et c'est à ce moment que nous sommes allés à la campagne pour réaliser l'autoproduit.
Hervé: L'excursion à la campagne c'était pour la réalisation du ghost album?
Pamela: Oui ! Mais Guess What a racheté la production de cet album tel qu'on l'avait fait à l'époque. Du coup, sur le nouvel opus il existe pleins de titres à l'identique car les morceaux convenaient au label et qu'il n'y avait aucunes raisons de les refaire. On a du simplement enregistrer trois morceaux supplémentaires « Chocolate Soup, Parachute et Tell Me More »
Hervé: L'un des point fort de Turtle Tales From Overseas est son côté hétérogène avec la touche pop/mélodique en contraste avec la fougue du rock. En comparaison, on peut mettre « Don't Help Me » avec « Pink Safari », deux titres relativement différents sur le plan structurel et du coup, cet opus est loin d'être linéaire…
Pamela: Je vois ce que tu veux dire…En fait, je tiens à garder un côté mélodique et l'énergie rock donc ce que tu dis c'est exactement ce que je désire. Mais ça me pose des problèmes de choix au niveau des titres. Pour exemple, «Pink Safari» avec son côté rêverie opposé à «Don't Help Me» ou «My Dear». Mais il y a toujours la mélodie comme fil conducteur. J'essaie d'écrire des chansons que l'on peut facilement retenir en tête, créer quelque chose dans lequel les gens peuvent se reconnaître et chanter. Après au niveau de l'énergie, j'aime bien jouer avec cela. La musique c'est des nuances, et si tu es tout le temps en train de t'énerver tu t'ennuies ou si tu ne joues que de la guitare acoustique tu finis par t'ennuyer. On a besoin pour trouver de l'excitation dans les morceaux de creuser lors de la réalisation.
Myspace de Pamela Hute
Merci à Pamela Hute pour avoir répondu à mes questions.
Merci à l'équipe de Tot Ou Tard pour l'accueil dans leurs locaux parisiens.
Interview: Hervé Faisant pour Vacarm.net