Comment s’est déroulé le concert que vous avez donné cet après-midi ?
Ca s’est très bien passé. On a ouvert la scène de la Cascade à 15H45 précises et on a fait un concert d’une demi-heure, donc un condensé de notre performance live habituelle. Le public a été très réactif. Même si on est un peu en dehors de l’univers « rock » du festival, plein de gens étaient contents d’entendre notre son. Ca a été un très bon moment.
Depuis plus d’un an, vous écumez les salles et les festivals : le Telerama Dub Festival, le Printemps de Bourges, les Nuits Zébrées… Vous tournez beaucoup…
Oui, ç’est clair. Depuis la sortie des deux premiers albums, Part of You en 2006 et In Dub V1.0 en 2007, on a monté une formule live. Du coup, on a enchaîné les concerts un peu partout en France et on continue de sillonner le territoire. L’été dernier, on a eu également l’occasion de nous rendre en Europe de l’Est.
Tu peux m’en dire plus sur cette formation live ?
On a entamé un processus d’arrangement et de restructuration des morceaux avec Franck à la batterie et Zig Zag au chant. Sur les albums, j’ai effectué un gros travail de composition et de production sonore. En live, Franck, qui est un super batteur, amène sa vision du dub. Zig Zag, quant à lui, a posé sa voix sur quelques titres des albums. Là, il tire vraiment la baraque.
Les contraintes entre studio et live ne sont pas les mêmes. Dans les deux cas, on s’adapte et on travaille en fonction des qualités de chacun. En live, on a mis en place des morceaux scéniques qui ne reflètent pas forcément l’aspect « Moléculien » d’un album, mais qui sont là pour envoyer, faire réagir, faire participer le public. On réussit à dégager une réelle énergie, parfois des aspects « rock ». Ce sont deux approches différentes qui se rejoignent au final : deux formules pour un même projet. Je suis musicien à l’origine, donc même si je suis passionné par les machines et le travail en studio, j’aime jouer. Je tenais donc absolument à m’entourer de musiciens chevronnés. C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’être sur scène comme un vrai groupe. Molecule, c’est un projet hybride. On navigue toujours entre des eaux différentes.
Votre son fait appel à plusieurs styles musicaux : le hip-hop, le dub, l’électro…
On n’est pas vraiment hip-hop, pas vraiment dub ni électro. C’est très difficile de nous mettre dans des cases et je crois que c’est ce qui fait l’originalité du projet. Notre identité musicale est assez unique, notamment dans le paysage sonore actuel qui est très branché « électro-rock ». Du coup, on a le sentiment d’être à la pointe de quelque chose, mais qui n’est pas la chose du moment.
Que penses-tu de l’étiquette « électro-dub» à laquelle vous êtes parfois rattachés ?
On n’a pas grand-chose à voir avec la scène « électro-dub » française. High Tone, Zenzile : ce sont des groupes que je respecte et que j’écoute depuis longtemps. On a d’ailleurs joué avec eux au cours de l’année. Ce qui me fait plaisir, c’est que tous les gens qui font partie de cette famille « électro-dub » sont des gens bien, des gens créatifs. L’étiquette ne me dérange donc pas, même si notre son peut difficilement y être rattaché.
Les textures sonores qui se dégagent à l’écoute de Part of You et In Dub V1.0 me font souvent penser à celles de Rythm and Sound : c’est une référence pour toi ?
Clairement. La référence à Rythm and Sound est évidente. Il y a aussi le label Basic Channel, qui pour moi est vraiment à la pointe dans ce qui se fait en termes de son et de production. Cette affiliation, je la revendique.
Est-ce que tu peux me citer d’autres sources d’inspiration ?
Il y en a beaucoup. J’ai été frappé par Massive Attack, notamment l’album Mezzanine qui a été une grosse claque pour moi. Le premier Daft Punk également, Homework, que j’ai trouvé très fort. Tricky aussi.
Il a joué hier soir à Rock en Seine, tu as eu l’occasion de le voir ?
Non, je l’ai raté. Je croyais qu’il passait aujourd’hui !
Sur un grand nombre de morceaux, tu as collaboré avec différents chanteurs et MCs : Zig Zag, MC Runniga, Leeroy, Nemo, Charlélie Couture pour ne citer qu’eux. C’est important pour toi d’incarner ta musique à travers des voix ?
Les voix sont très importantes pour moi. Elles sont mêmes fondamentales. L’origine de mon investissement dans la musique prend sens à travers mes collaborations, que ce soit pour les rencontres, les échanges ou encore une certaine remise en question. Ceux qui chantent sur mes morceaux n’ont rien à voir les uns avec les autres et apportent chacun une touche singulière. Généralement, il y a un véritable travail de production, de ping-pong, entre l’intervenant vocal et moi. Ils m’aident à transformer ce que je fais. Je pense cependant que l’un de mes prochains projets sera tourné vers l’instrumental.
Il y a des artistes avec qui tu souhaiterais travailler ?
Martina Topley-Bird est super. C’est une collaboration que j’aimerai bien faire à l’avenir.
Workshop a été un projet ambitieux. Je me disais qu’à l’ère du numérique, ce maxi allait exister en lui-même. Ca n’a pas vraiment été le cas au niveau des médias. Comme il n’existait pas physiquement, il n’a pas eu beaucoup d’impact si ce n’est dans la sphère des gens qui ont adhéré au projet et qui nous suivent. Je fais cet aparté pour répondre à ta question : c’est un maxi qui présente le prochain album, car les morceaux avec Charlélie Couture et Promoe de Looptroop y seront inclus. Il y aura également Leeroy, Zig Zag, Webbafield. Quant au son, il sera difficile à catégoriser, mais restera très identifiable.
Pour quand ce nouvel album est-il prévu ?
Il est prévu pour fin janvier, début février On est en train de le finaliser. A priori le mastering se fera fin octobre.
Tu as d’autres projets en vue ?
Je travaille en général pour d’autres musiciens. Je fais aussi des arrangements, des sessions studio pour des maisons de disques. Récemment j’ai travaillé avec Manu Chao ou encore Arielle Dombasle. Finalement, je suis caché derrière des projets divers et variés.
Un grand merci à Molecule pour avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, mais aussi à l’équipe de LC Les Filles et Tonyox pour l’organisation de l’interview.