La soirée s'annonce meilleure que prévue : après s'être fait goalé pour excès de vitesse (5 pauvres km/h !!!) par quelques gendarmes de sortie et plus d'une heure de bouchons, nous voici dans les loges du Nouveau Casino avec Juju, un des deux bassistes de JMPZ. Super accueil et rigolade totale alors que les loges du Nouveau Casino sont minuscules ! Les vannes entre Lutin Bleu et JMPZ fusent et nousen profitons pour nous mêler au jeu tout en plaçant quelques questions dans un autre registre … {multithumb thumb_width=500 thumb_height=350}
Cap'tain Planet : JMPZ possède-t-il une démarche artistique particulière dans sa manière de composer ?
Juju : (rires) Ca y est il commence déjà avec des questions de sauvage ! Alors attends que je comprenne déjà la question… On essaye de tout faire à l'instinct. C'est totalement instinctif dans notre démarche artistique. On se lance, on fait notre truc, on ne se met pas de barrières. Il n'y a pas de postulat de départ. On garde ce qui nous plait et le reste on jette.
C : Avez-vous une recherche esthétique propre sur scène ?
J : Il y a une recherche esthétique effectivement. Sur scène on reprend le visuel de notre logo. Il y a donc l'œil du squelette sur scène. A part ça il n'y a pas grand-chose : nous on arrive avec nos fringues de ville (propres ou sales, on s'en fout !). C'est très rock'n'roll !
Léni : Y a-t-il une raison à cela ?
J : Le symbole est venu d'une rencontre avec un graphiste qui travaillait au « Confort Moderne » de Poitiers. Il faisait la communication de la salle et dans son pressbook on l'a regardé, on est tombé sur ce p'tit squilette et on dit « hop ça c'est pour nouuuus ! » (rires). Du coup on a commencé à faire de la comm' là-dessus et ça marche bien. Il y a encore matière à faire …
C : Pouvez-vous nous décrire comment se passe un live de JMPZ pour ceux qui ne vous ont jamais vu ?
J : Tout en sueur ! En général ça se passe bien (rires … puis d'un air désinvolte), on essaye de se faire plaisir sur scène, les gens en face (la plupart du temps) sont contents … Enfin non, ils sont TOUT LE TEMPS contents ! (rires). On y va vraiment à l'énergie. On est là pour se faire plaisir et de transpirer.
C : Vous finissez souvent les concerts en frappant sur les planches, pourquoi cela ?
J : De moins en moins mais effectivement ça a été le cas pendant un bout de temps. La raison particulière c'est parce que c'est joué en acoustique. On trouvait ça marrant dans un concert de musique amplifiée de finir par un morceau acoustique. Au départ on faisait ça dans des petits bars, ça permettait de sortir de l'espace de scène et de se mettre à une table au milieu des gens. C'était rigolo. On fait ça encore de temps en temps. C'est une question de feeling. On l'a déjà fait dans des gros festivals : on a réussi à faire asseoir 2000 personnes devant les baguettes. On en était fiers ! (rires). En plus c'est une manière très conviviale d'être sur scène avec les gens, etc…
(Ben arrive dans les loges et regarde ce que nous faisons, Juju réagi) Ah merde pardon : on est le meilleur groupe du monde, les autres on les enc*** !!!!! (rires).
C : Quelle relation entretenez-vous avec votre public durant le concert ?
(les membres de Lutin Bleu, groupe de première partie ce soir là sont en train de se changer)
J : Bien mieux qu'avec les groupes de première partie !!! (rires). Non sans déconner, ça se passe super bien, on dialogue beaucoup. On est des gens très accessibles… surtout pour les demoiselles ! Ca tu mettras que c'est quelqu'un d'autre qui te l'a dit dans l'interview … (rires)
Guyom : Ne t'inquiète pas ça ne sera pas marqué dans l'interview mais par contre quelqu'un l'appellera …
L : Ouais en plus si tu te caches, tu risques de ne pas avoir les retours …
J : Oui mais ma copine n'aimerai pas voir ça sur Internet !
C : Surtout que ça va être énormément diffusé !
J : Sait-on jamais, il suffit qu'elle tombe dessus ! (rires)
G : …….. par pur hasard d'un mail qu'on lui aura envoyé ! (rires)
C : Quelle réaction cherchez-vous à provoquer chez l'auditeur ?
J : Je ne crois pas qu'on cherche réellement au départ à susciter une réaction du public. Après coup, je dirais que même si ça n'est pas voulu, si on peut susciter une sorte d'ouverture d'esprit musical le travail est rempli. Tu connais notre musique c'est très ouvert : parfois c'est dub, parfois rock, métal, techno, etc …
(L'un des membres de Lutin Bleu nous interrompt) : A-t-on avis, je met mon tee-shirt grenouille éventrée ?
J : C'est jaune ? argh … ça va se manger avec les lumières. Merde, qu'est ce qu'ils t'ont appris sur M6 ?!
(on reprend)
J : Ouais si ça peut susciter une ouverture d'esprit c'est bien. Si quelqu'un qui écoute uniquement du dub peut se mettre à apprécier du métal est inversement, on aura rempli notre mission. L'important c'est que le public et nous aussi passions du bon temps. (visant Lutin Bleu) Enfin c'est quelque chose que certaines personnes ne connaissent pas ! (rires) Hein ?! Vous avez déjà joué devant un public ?! (rires)
C : Pour vous est-ce que la musique est un art populaire ou est ce que c'est une matière à travailler pendant des années avant d'obtenir réellement quelque chose ?
J : J'ai le droit de dire : un mélange des deux ?
C : Oui bien sûr, ça n'est pas incompatible …
J : Quoiqu'il arrive la musique, ça se travaille. Certaines musiques restent des arts populaires …
Lutin Bleu : (murmure) Comme certains groupes de première partie … Faut que je la ressorte celle-là : « vous faites quoi comme musique ? », de l'art populaire !
J : Il faut travailler pendant plusieurs années sa musique pour la faire mûrir. Même si tu as un don, si tu ne travailles pas tu ne pourras pas l'exploiter à bon escient.
C : Proposer une musique sans paroles ou alors avec des voix presque inaudibles, est ce que c'est pour vous un moyen de proposer une musique universelle ?
J : On a des textes en japonais donc forcément ça n'aide pas à la compréhension. Après les textes en anglais sont normalement compréhensibles, sur « freakstyle » il y a effectivement un disto qui cache un peu la voix …
Djins : Faire passer un message de musique universelle, il ne faut pas aller si loin. Les textes sont dans la continuité des voyages que j'ai réalisé. J'ai eu la chance de vivre longtemps à l'étranger, ce sont mes souvenirs mis en texte.
C : Vous proposez une musique très riche sur album (au niveau des samples, du traitement du son, etc…), comment réussissez-vous à retranscrire cela sur scène ?
J : Certains morceaux sont reproduits à l'identique, d'autres sont réarrangés pour la scène. Ca dépend car certains morceaux sont très chargés sur album et ont besoin d'être épurés pour la scène.
D : On peut dire qu'ils sont réappropriés pour la scène.
J : C'est du travail car on a quand même passé 15 jours en résidence au Florida à Agen avant d'attaquer la tournée. Pendant ces 15 jours là, il y a eu matière à travailler pour que ça tourne bien sur scène surtout qu'avant on avait un DJ qui n'est plus avec nous maintenant. Il est parti avant qu'on attaque la tournée. On s'est servi de séquences qu'on a allégé. Pour que les parties gagnent en incisivité il est préférable d'épurer certaines parties.
L : Vous n'avez pas travaillé avec un metteur en scène ?
J : On en a parlé mais pour des raisons financières et de connexion, ça ne s'est pas fait. C'est vrai que c'est un plus pour travailler la scène, pour occuper l'espace par exemple … Il y a tellement de choses à voir. C'est un petit plus qu'on a malheureusement pas pu s'offrir.
D : Lorsqu'on était au Florida, on s'est filmé sur scène et on a constaté qu'il fallait que ça bouge un peu plus. En filmant, on s'est aperçu qu'il fallait changer d'attitude et après coup c'était vachement mieux … On encourage les groupes qui sont dans cette période de recherche scénique à se filmer. Il faut aussi un bon jeu de lumières, de l'énergie, des gestes, des regards, etc… Le metteur en scène s'est bien quand il connaît le groupe et qu'il le comprend. Comme ça il va pouvoir capter les personnalités et les exagérer un petit peu aussi bien dans l'intraversion que l'extraversion. Par contre il ne faut pas faire appel à un metteur en scène dès le début de ton projet. Il vaut mieux appeler un pote qui te connait depuis longtemps, il te conseillera mieux.
C : Voici une belle question détournée : on ne peut pas vous coller une étiquette sur le dos mais si tu devais imaginer un monde correspondant à la musique de JMPZ, à quoi ressemblerait-il ?
J : … un espèce de melting pot quoi … hop, question suivante ! (rires)
C : Damned, il m'a eu ! (rires)
C : Question plus personnelle, qui vous a donné goût pour la musique ?
J : C'est Steeve Harris pour moi, le bassiste d'Iron Maiden …
C : Comment est né JMPZ ? Dans quelle ambiance ?
J : … dans une ambiance de merde ! (rires). (D'un air hautain…) Alors moi déjà, je suis né le 22 novembre 1973 …. (rires). Non sans déconner, au départ on était quatre : deux basses, deux batteries. On jouait tous dans des groupes différents et puis ils ont splittés. On s'est retrouvé à deux batteurs et deux bassistes à ne plus avoir de groupe. Dans un premier temps on ne voulait pas de guitaristes car on avait tous eu de mauvaises expériences avec. Pareil pour le chant, on ne voulait surtout pas de chanteur. Très vite on a recherché d'autres personnes et Djins est arrivé. JMPZ s'est formé par hasard, on faisait des beufs. Résultat, 8 ans plus tard on est là.
C : Qui vous impressionne à l'heure actuelle en matière de musique ?
D : On est difficilement impressionnable à l'heure actuelle mais quand on l'est, c'est génial. Qu'est ce qui nous a impressionné dernièrement ? Je vais faire allusion aux groupes qu'on croise et pour qui on organise des premières parties (ou inversement) sont géniaux. C'est rare mais ça arrive, par exemple Domb, Freezebee, Docteur Israel, etc…
J : Tool aussi …
D : Mais c'était y a 6 ans Juju !!!!! (rires) Non mais les Svinkels par exemple j'aime bien
J : Pas moi … je ne comprends pas …
C : C'est parce que t'aime pas la bière ça …. (rires)
D : Y a aussi Mei Tei Sho … Lutin bleu, n'en parlons pas ! (rires)
C : Enfin, la dernière question pour l'humour : préfèreriez-vous que les jeunes filles du premier rang pleurent ou s'évanouissent en vous voyant ?
J : Qu'elles pleurent comme ça on peut encore faire des trucs avec ! (rires) … Quoique si elles s'évanouissent c'est encore plus simple !!! (rires)
Un très grand merci à l'ensemble du groupe JMPZ et à Lutin Bleu …deux groupes très accueillants pour lesquels on n'hésitera pas une seule seconde à aller voir à nouveau en concert !!!