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Entretien avec Mike de Clay and Friends à l’occasion de la sortie de l’Ep « Grouillades »

Coup de coeur de la rédactrice !!
Le 24 janvier, dans les locaux de l’agence Ephélide, le montréalais Mike Clay, leader de Clay and Friends, a répondu à quelques questions à l’occasion de la sortie de « Grouillades », premier Ep du groupe en français.
Ce groupe taillé pour la scène, adepte de l’improvisation, surfant sur sa double culture anglaise et française, groovy et poétique à souhait, est à (re)découvrir sans faute le 9 mars prochain à la Maroquinerie.
Un coup d’oeil aux clips s’impose, des petits bijoux réalisés par le talentueux Xavier MC.

Cover Ep Grouillades
Sortie le 31 janvier 2020

Comment s’est passé le concert à Nantes mercredi soir ? Vous aviez déjà joué en France ?
On a déjà joué en France. En 2016, 2017, on a fait deux tournées, j’ai envoyé peut-être 3 500 courriels puis on a fini par faire quelque chose comme 35 dates en 29 jours, c’était complètement absurde. On était 6 dans une voiture pour 5, on a beaucoup dormi par terre, il y a eu quelques festivals là-dedans et ces deux tournées nous ont permis de créer des liens vraiment organiques avec des personnes qui nous suivent toujours. On a tourné en Belgique, en Italie, en Allemagne un peu. Ce qui est fou c’est que ça a fait quelque chose dans l’imaginaire populaire pour nous, le fait qu’on soit un groupe montréalais indépendant, qu’on prenne l’avion pour un mois au complet, au début de la vingtaine, pour aller faire une tournée en Europe, ça a ouvert beaucoup de portes. Si ça ne parlait pas forcément de la qualité de notre musique à ce moment là, ça parlait définitivement de notre motivation. On revient en mars, on le voit dans nos écoutes Spotify, les villes où on a déjà joué, où on a déjà eu une présence, parce qu’il y a des villes où on est retournés puisqu’il y a eu deux tournées, c’est les endroits où les personnes nous écoutent le plus. En mars, quand on va faire notre première vraie tournée avec une structure, un tourneur, un agent, je sais déjà que les personnes vont connaître les chansons et vont être là pour nous. Donc c’était fou comme idée mais ça a fini par donner quelque chose de concret.

Vous partez à la conquête de la France en quelque sorte ?
Définitivement. Mais c’est une conquête du monde. Moi mon rêve c’est de jouer au Japon. En ce moment on sort un projet francophone. Le dernier Ep qu’on a sorti était en anglais et la majorité des écoutes venait des States, du Canada, là où on tourne le plus. Il faut connaître la cible de la musique qu’on fait. Je ne peux pas aller jouer à Brooklyn avec un projet en français. Et quel est le pays avec le plus d’auditeurs francophones ? C’est la France. C’est aussi une belle porte vers des pays comme la Belgique, la Suisse. Je pense que c’est le premier pas vers la prochaine étape qui est l’Europe.

Le concert à Nantes c’était dans quel cadre ?
C’était incroyable. C’était un échange Québec-France dans le cadre d’un événement, Le Côte à Côte, un jumelage d’artistes français et québécois avec une vitrine de 20 minutes à la fin. Tu vois on a fait 1 000 spectacles en quatre ans. On a tourné, tourné, tourné et on avait notre spectacle en pleine face, difficile d’avoir une perspective et puis on se dit on va continuer à se faire booker sur des scènes de plus en plus grosses, on fait bien ça. Et là on avait des coachs toute la semaine. Des personnes qui t’ont jamais vu avant et qui sont spécialisées scène, qui remarquent des détails auxquels nous on ne prête pas attention, ça a vraiment permis de tailler ce vingt minutes, parce qu’on a vingt minutes pour faire une vitrine, et de peaufiner ces petits détails. Par exemple, on m’a beaucoup parlé de ma prononciation en français, chose à laquelle je ne pensais jamais au Québec. Là j’ai dû y penser toute la semaine. Et la façon dont on bougeait sur scène, on bouge énormément, on saute partout, c’est comme un cours de hot yoga, c’est crazy. Et il a fallu essayer de peut-être se calmer un peu. Et on a un guitariste, Pops, qui est un peu  le chef d’orchestre et Adel qui fait du beat box et est aux machines et au niveau de notre scénographie on prend tout le temps quelque chose de très terre à terre, proche du public et là on a essayé quelque chose, on les a mis sur des risers, et de loin, d’avoir cette image, ça nous a fait paraître tellement plus gros, occuper la scène de façon tellement plus massive. Des expériences comme ça nous permettent d’essayer ces choses, de voir comment ça rebondit et de repartir avec si ça nous plait ou de laisser ça là.

« Je ne veux pas que qui que ce soit sorte de notre show en disant qu’il a déjà vu ça avant. »

Le public a réagi comment ? 
Très bien réagi. En fait avec nous c’est tout le temps partagé. Je vais être très transparent en disant que les têtes grises qui aiment peut-être plus la chanson accrochent moins parce qu’on fait quelque chose très orienté vers le groove, le fonk, le feal qui va pas sans dire que je fais attention à ce que j’écris. Mais je ne veux pas que qui que ce soit sorte de notre show en disant qu’il a déjà vu ça avant. Je veux que le public fasse « WOW » ou bien « c’est pas pour moi ». Après le show je faisais un DJ set juste en haut des escaliers, tous les gens qui sortaient me voyaient et j’ai dû mettre une chanson de 26 minutes parce qu’il y avait tellement de bons retours. C’est qui ton tourneur, comment on peut te contacter ?

Une présentation du groupe ?  
Clay and Friends c’est les ambassadeurs de la Musica Popular de Verdun. Ça fait cinq ans qu’on existe, quatre ans avec la formation présente. Le groupe a commencé j’étais sur scène je faisais un de mes premiers shows tout seul avec une guitare, Adel était dans la foule avec les pupilles très dilatées, m’a regardé, demandé s’il pouvait monter sur scène, j’ai répondu non, il est monté quand même, a commencé à faire du beatbox, j’étais devant 200 personnes, tout le monde a commencé à sauter, on a fini le show totalement improvisé à deux et la journée d’après on a commencé à enregistrer de la musique ensemble, on a vraiment trouvé notre son en jouant en live et à ce jour on compose énormément notre musique en direct devant le public. Je vais aller voir quelqu’un «  toi dis moi un mot n’importe lequel » toi dis moi un vibe, fonk ? ok cool. « Pops joue moi un truc fonk ». Je vais prendre ce mot et l’intégrer. 50 % du temps c’est cool en live et puis on l’oublie mais l’autre 50 % du temps ça devient quelque chose de concret qu’on va enregistrer. C’est le cas des cinq titres de Grouillade. La Musica Popular de Verdun, même chose.

Mais si c’est en live tout est enregistré ? Parce qu’il faut bien revenir sur ces phrases, les mémoriser etc
On a des machines à voice note là sur nos téléphones donc on fait juste  « yo c’est une bonne idée » et c’est parti et même si on capte une minute, l’idée, le truc le plus difficile est là, l’essence, le feel, le vibe est là, après nous tout ce qui est sur le disque c’est rejoué en live, c’est quelque chose qu’on n’a pas réussi à faire au début, transmettre cette énergie du live en disque. Mais là on commence à être meilleurs à comprendre.

T’as jamais eu un moment de solitude en faisant ça sur scène, que personne ne réponde, que ça ne rebondisse pas, qu’il y ait un temps mort ?
Not really, c’est sûr que quand on a tourné dans un pays comme l’Italie, où la dynamique des salles où on jouait à laquelle on était pas du tout habitués, c’était d’être comme de la musique de fond. Mais on s’est dit, parfait, ils veulent  pas nous écouter, on va jouer ce titre en disco parce que ça nous tente et personne n’écoute de toutes façons et non  seulement ça mais on va le jouer pendant 15 minutes et ça permet à chacun des musiciens d’essayer des trucs. C’est comme ça que les chansons se sont formées. On joue pour les personnes mais on est aussi dans notre salon tout le temps, j’ai jamais fait quelque chose sur scène que je ne voulais pas faire. Et puis je pense qu’on a un bon radar de ce qui fonctionne ou non donc si quelque chose ne fonctionne pas on est vite à rebondir sur autre chose.

C’est possible quel que soit le nombre de personnes dans le public ? En festival par exemple sur des scènes très hautes et éloignées du public c’est possible ?
Avec des micros sans fil, souvent ce que je fais au Québec, je commence dans la foule. Ils sont en train de jouer sur scène et je fais pardon, désolé, et tout le monde sort son téléphone et là c’est parti : « dis moi un mot » et ça met de la pression sur moi aussi, si quelqu’un me sort un mot comme australopithèque. Des fois ça me met dans des drôles de position mais j’aime ça, je déteste refaire le même spectacle, ça a été un des gros défi dans la vitrine à Nantes , on a joué le spectacle 12 fois pendant la semaine devant les coachs et il fallait faire le vrai spectacle. On n’a jamais fait ça, nous on pratique en live devant le public, c’était un défi et ça a rajouté une couche de professionnalisme.

Alors c’est quoi la Musica Popular de Verdun ?
Ce terme vient de la Musica Popular de Brazil, un mouvement au Brésil dans les années 60, 70. Il y avait une émission à la télévision où ils prenaient la musique populaire, que ça soit du fonk, du jazz , de la pop et le peuple votait par rapport à cette musique, c’était un concours. A ce jour, je suis allé au Brésil et tu peux chanter un mot de n’importe laquelle de ces chansons, n’importe qui autour de toi dans la rue connaît. J’avais jamais vu ça. Au Québec ça n’existe pas. Il y a des artistes très connus qui ont traversé le temps mais la culture n’est pas imprégnée à ce point là. Et quand j’ai vu ça au Brésil, j’ai dit moi je veux faire la Musica Popular de Verdun, c’est l’endroit où je vis à Montréal, c’est mon quartier, c’est là qu’on enregistre. Si t’as écouté tu vois que c’est éclectique un peu. De la soul, de la pop, c’est un peu le best of, le palmares, de ce que nous on aime comme musique. La Musica Popular de Verdun c’est la face A et Grouillade c’est la face B. Donc anglais/français ça représente Montréal c’est de là qu’on vient, on parle français et anglais tous les jours. Voilà c’est un peu ça l’univers de Clay and Friends.

Les deux Ep vont devenir un album ou bien vont-ils rester distincts ?
Je pense que subconsciemment c’est un album même si ça n’a pas été pensé à l’avance. On risque de le sortir en vinyle sur un album mais pour l’instant c’est deux projets séparés. Et puis ça dépend de notre distributeur français, devenir un ou rester deux ça reste à voir.

« Gainsbourg avait compris la viralité avant que l’internet existe ».

Qu’est ce qui a été plus facile à composer ? L’Ep en anglais ou en français ?
C’est pareil. En grandissant j’ai consommé très peu de musique en français. Ma découverte de Gainsbourg et Léo Ferré c’est tout récent, des deux dernières années. Je parle français, je lis en français, je regarde des films en français et je ne connais aucune musique en français.  Je me suis dit qu’il devait y avoir un héritage quelque part. J’ai fouillé et cherché un Anderson Paak ou un Mac Miller français et je n’ai pas trouvé. Le côté anglais/français vient beaucoup de ce que je consomme. J’ai consommé beaucoup de musique du Brésil en anglais, la musica popular est venue de là et pour Grouillade j’ai consommé beaucoup en français. J’ai beaucoup lu en français. J’ai pu découvrir Serge Gainsbourg, j’avais entendu parler de lui, de son mythe, j’ai lu des bandes dessinées, des livres sur lui, j’ai regardé un film et j’avais pas réalisé à quel point il avait traversé le temps. Il jouait avec tellement de styles de musique différents et puis il était un peu un bandit, il avait une espèce de dégaine et j’ai trouvé ça vraiment inspirant un artiste qui réussit à se renouveler. Il s’est auto-détruit à la fin et c’est pas ce que je souhaite à personne mais ça m’a vraiment ouvert les yeux. C’est une vraie personnalité pour le meilleur et pour le pire. J’ai vu beaucoup de moments de lui qui sont pas trop glorieux, j’en prends et j’en laisse, mais définitivement inspirant. Quand je l’ai découvert et que j’ai consommé des entrevues et puis le film, je me suis dit que Gainsbourg avait compris la viralité avant que l’internet existe. Si je regarde les figures dominantes du hip hop en ce moment elles suivent le même cycle que lui. Ils vont à la télévision, ils sont explosés, ils essaient de dire le truc le plus choquant possible juste pour faire un gros titre. Et découvrir Gainsbourg c’est comme un océan, c’est pas comme si y avait qu’un album à découvrir

Ton inspiration principale c’est les histoires d’amour, les séparations, les choses de la vie ?
Le voyage aussi énormément. Ce qui ne me touche pas c’est quelqu’un qui pointe les choses du doigt. Autant avec les figures d’autorité que dans la vie. ça m’a tout le temps fait réfléchir plus quelqu’un qui prenait une histoire d’amour et réussissait à faire un commentaire social en même temps mais sans dire « voici un commentaire social, voici ce que je pense ». Si on écoute bien, si on prend les textes sans musique, il y a ces moments là. C’est peut être pas le point central mais il y a des flèches ici et là et des doubles sens où mes opinions passent. Comme James Brown, une figure à la Gainsbourg, qui était tout un personnage et a changé le cours de la musique populaire. Il a réussi, au moment où il sentait que c’était approprié, où une cause est venu l’interpeller,  à intégrer ce message là à sa groove à lui. Il n’a pas commencé à faire du slam, il a continué à être fonky, king of soul, mais en ayant ce message derrière. Donc si ça m’arrive, ça va être de façon authentique et organique.

Les musiciens qui t’accompagnent sont aussi très ouverts au chant en français ?
Pops a un héritage extrêmement riche de la langue francophone, son père, Mario Légaré, est une figure musicale connue au Québec, un bassiste qui joue avec tous les grands groupes du Québec autant en Europe qu’aux States. Je sais que ça lui tient à cœur de faire partie de cette culture francophone québécoise. Quand j’écris en français il comprend mieux et je vois une fierté en lui d’aspirer à faire  partie de cet héritage un jour donc pour certains ça tient à cœur d’autres moins. Je pense que le plus important c’est que quand j’écris « it’s me », je n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre.

Quand vous jouez à Montréal, vous ne jouez que les titres en anglais ?
Non ! et sur scène je m’exprime en français comme en anglais et même des fois en portugais. Montréal c’est un peu un microcosme au Québec. Dès que tu sors de Montréal, si tu t’exprimes en anglais, la réponse est nulle, horrible, c’est presque un affront de parler anglais. Pour moi c’est correct je peux parler français no problem mais c’est sûr que pour d’autres artistes internationaux ça met un peu une barrière. Ils viennent au Canada, jouent à Toronto, Montreal et puis ils volent sur la côte ouest . Ici à Nantes, si j’avais parlé en anglais, personne n’aurait rien compris. C’est donc vraiment une corde à mon arc, merci Montréal !

Pour écrire les textes, tu es tout le temps à l’affut d’une phrase, dans la rue, autour de toi ?
Oui, je suis un noteur compulsif, j’ai comme un google doc de 250 pages mais ça peut être «  la plante est verte », ça ne veut rien dire mais à c’est juste à ce moment là, j’ai vu ça, c’est cool. Une des chansons de Grouillades, « OK », c’est 100 % des phrases que j’ai entendues à une soirée, une fête où il y avait beaucoup d’acteurs, du monde de la scène à Montréal, d’autres musiciens et la chanson s’est écrite en l’espace de 20 minutes, je me suis promené avec mon téléphone, personne s’en rendait compte et ça a donné un truc de toute beauté.

« La grouillade est un état de laisser aller complet ».

On peut revenir sur le mot Grouillade ?  
C’est un mot qui vient du patois haïtien. La grouillade est un état de laisser aller complet. Dans ma vie, j’ai été en quête constante de ces moments là, que ça soit dans un livre, dans un dîner, en pliant un morceau de papier, en prenant un billet d’avion, peu importe, c’est une quête éternelle et ça devient des moments clés dans ma vie auxquels je repense tout le temps pour me sentir en vie. La grouillade c’est aussi un moment de proximité au sens premier, tu grouilles avec quelqu’un d’autre, tu danses avec un inconnu dans une fête par exemple. Pour moi c’est des moments éphémères qui existent et qui partent, qui peuvent être significatifs mais peuvent aussi ne vouloir rien dire 15 minutes plus tard mais c’est des moments tellement forts, où il y a une intimité avec un inconnu et où tu peux être toi même, t’abandonner. Pour moi c’est ça la grouillade, c’est vraiment ça que j’ai essayé de capturer et ça touche un peu ce que je te disais tout à l’heure de vouloir faire ça en français, de me laisser aller dans ces moments là mais d’essayer de le faire de façon claire, concise, qui donne dans la gueule, excuse moi de le dire comme ça mais c’est un challenge c’est quelque chose que je suis en train d’apprendre à faire. Grouillades c’était la première opportunité de pouvoir faire ça.

Vos clips sont somptueux. Comment réussissez-vous à sortir des clips de cette qualité alors que vous n’avez pas encore la notoriété des grands groupes ?
Merci ! j’ai rencontré un gars qui s’appelle Xavier MC et j’ai jamais vraiment rencontré quelqu’un d’autre comme lui dans le visuel. Il t’écoute parler, ne note rien, fait juste ok, cool, parfait et cinq jours plus tard il revient avec ce que j’ai dit mais formaté dans le cadre d’un clip. Il a aussi une tellement bonne capacité à rebondir sur ce que je dis, puis faire « bon l’hélicoptère en feu ça va pas être possible mais peut-être qu’on peut le faire avec une figurine ». Il est incroyable à adapter ça à la vraie vie. C’est devenu un ami très proche, quelqu’un qui a pris le projet à cœur et réussit à réaliser nos clips avec des budgets minuscules. Il pourrait choisir d’engager quinze personnes, il fait des gros plateaux, des pubs, il est très aisé, mais il va accepter un petit budget et faire tout lui même. C’est un choix qu’il fait de donner ce budget là au clip. On en a déjà parlé, moi j’étais choqué, je lui ai demandé « what do you want man ? » « pourquoi tu fais ça ? » Il m’a répondu « ça va péter pour vous et si on continue à se respecter comme ça, vous allez m’emmener et je vais faire le tour du monde avec vous ». C’est quelqu’un qui croit en nous. Ça fait un an que ça a explosé, même pas, depuis cet été, et ma vie a changé, à cause d’une chanson et tout le reste de l’Ep  a commencé à être écouté en masse, les radios nous ont ramassé, les articles, on est allé à la télé. On attendait ça depuis trois ans. Et c’est bien d’avoir un joueur comme ça qui entre et qui est là pour les bonnes raisons. On avait signé avec une major pour le premier album « Coformopolis », en 2017, et c’est une des pires erreurs. J’avais 19 ans , j’étais « waow quelqu’un m’aime ! il va me donner un peu d’argent ? incroyable j’ai réussi » et en fait c’était horrible ils n’en avaient rien à foutre du projet. Après quand on a réussi à avoir notre indépendance financière on s’est entouré uniquement de personnes qui étaient là pour des raisons similaires aux nôtres. Notre management, nos RP, autant ici qu’au Québec, s’il y a une bonne vibe ça va et pour compléter cette pensée on a un peu formé notre propre structure avec la distribution, puis c’est ce qu’on compte faire ici en Europe, rien ne nous a jamais été servi sur un plateau, on n’a pas été découverts quand on était jeunes, on n’est pas allés à la télé, jamais un truc viral. J’ai joué dans la rue pendant trois mois avec Adel puis je le prends jamais pour acquis. C’est notre rêve aux trois on est vraiment sur la même page à vouloir continuer sur cette lancée. Xavier, celui qui fait les clips, qui a d’ailleurs travaillé pour des grosses pointures françaises, Lomepal , Jeanjass et Caba , c’est une perle. Il est conscient que si on met 20 000 euros dans le clip il va avoir un euro de promotion. Et ça va rendre service ni à lui ni à nous. Il veut nous suivre, il veut être au Japon avec nous.

C’est vraiment votre rêve le japon ?
Oui c’est mon rêve, j’ai pas d’explication à ça mais j’ai toujours aimé la culture japonaise, le fait que c’est loin, moi j’ai appris à jouer de la musique en Australie parce que j’étais pas sensé être musicien et j’ai été accepté en droit à l’université, je devais partir un mois et je suis parti pendant deux ans. Je pense que le fait d’être loin, d’être complètement confronté à l’inconnu, devant des personnes qui parlent très peu français et anglais, si on réussit à remplir des salles là-bas et que les personnes dansent, ça reflètera l’universalité de ce qu’on fait. Je veux qu’on puisse transmettre cette vibe là et c’est un peu une métaphore le Japon. J’aimerais vraiment prendre ce vol trop long et arriver là bas.

Tu as déjà des pistes pour réaliser ce rêve ? Tu as contacté des gens là-bas ?
Tu veux rire ? J’ai fait un projet jazz avec les hautes pointures du jazz à Montréal, un projet sorti en 300 exemplaires et presque 70 pour cent des commandes sont allées au Japon. J’ai commencé à écrire aux personnes donc là j’ai 15, 20 amis au japon qui ont découvert un projet jazz complètement différent de Clay and friends mais ça m’a permis d’établir un lien humain avec certaines personnes. Et toutes mes agences de booking, au  Québec comme en Europe sont très au courant de ce rêve.

Une anecdote sur le clip de Gainsbourg ?
La poupée me représentant est une référence au vaudou haïtien. A Haïti, tu peux aller voir un chamane, un prêtre vaudou et si une personne t’a fait du mal, lui demander de confectionner une poupée et il va réussir à manipuler la personne. Le clip est une référence à ça. La fille  a réussi à obtenir une poupée de moi et je suis sa marionnette.

C’est autobiographique ? (rires)
Yeah mais c’est drôle parce qu’il y a plein de gens qui n’écoutent pas les paroles et dansent, heureux. C’est parfait, c’est exactement ce que je veux parce que après, à la huitième, dixième écoute, ils comprennent et réalisent que c’est assez sombre ! (rires).

Ta rencontre avec Ephélide ?
J’ai rencontré cinq, six agences et j’ai eu le meilleur vibe avec Nathalie, elle me regardait dans les yeux, m’a dit ce qu’elle aimait ou pas dans le projet. Toutes les autres agences disaient « c’est super, tout est vraiment bon » mais c’est la seule qui a eu une réserve, sur Joséphine notamment qui est plus pop, plus grand public, mais cette chanson pour nous c’est un gag, c’est un titre qu’on nous demande tout le temps en live, en studio elle est plus difficile à capter.

Le mot de la fin ?
Longue vie à La musica popular de Verdun !

Clay and Friends sera en France au mois de mars pour deux concerts, le 9 à La maroquinerie (Paris) et le 14 au Silo (Marseille).

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