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Live report – Pause Guitare 2023 (Shaka Ponk + QOTSA + Billy F Gibbons + Ange)

Les festivals d’été font de plus en plus la part belle à la musique et aux artistes en soif de scène. Des rendez-vous désormais incontournables pour un public estival grandissant et répondant à une offre tout aussi croissante. Il en va de même pour le festival Pause Guitare se tenant dans la commune d’Albi dans le Tarn, à quelques centaines de mètres de son imposante cathédrale. Pas le temps de vous en narrer son histoire puisque c’est du côté de la base de loisirs de Pratgraussals que nous faisons halte ce soir, pour une pause, nous l’espérons, riche en guitares.

Surement le dernier passage de Ange à Pause Guitare …

Nous arrivons peu de temps avant la fin du set de Ange qui aura eu la tâche d’ouvrir la soirée. Fort de ses millions d’albums vendus et de ses 50 ans au compteur, le groupe de rock mené par Christian Décamps s’est lancé dans une tournée hexagonale qui sera ponctuée par une date en janvier 2025 à l’Olympia de Paris. Nous apprenons par la même occasion que cette même date Parisienne servira d’épitaphe scénique à son chanteur. Si rien n’est encore écrit concernant la suite du célèbre groupe de rock progressif, une page est indéniablement en train de se tourner sous nos yeux ce soir.

Après un rapide tour des lieux et une bière fraiche en main, nous nous dirigeons vers le second évènement de la soirée : Billy Gibbons feat John Douglas & Austin Hanks. Nous n’avions pas revu Billy Gibbons jouer en France depuis la tournée des 50 ans de ZZ Top à l’été 2019 avec le regretté Dusty Hill. Comme à l’accoutumée c’est Got Me Under Pressure qui débute le concert. Le trio se compose du road-batteur d’Aérosmith John Douglas et du guitariste Austin Hanks. Point de bassiste me direz-vous, et oui, effectivement, la basse va se retrouver automatiquement générée par des micros présents sur les deux guitares comme l’expliquait récemment Gibbons au magazine Rolling Stone. Les trois musiciens donnent volontiers de la voix tour à tour sur More‐More‐More. La tonalité rocailleuse de Gibbons est parfois un peu moins audible mais le personnage, affublé d’un chapeau de cowboy et d’un veste portant l’écusson de la ville d’Albi, donne tout sur scène, à la rythmique comme aux solos.

Véritable chef d’orchestre, il communique beaucoup avec ses comparses et tous les trois prennent manifestement grand plaisir à jouer. Beer Drinkers & Hell Raisers puis Gimme All Your Lovin’ viennent un peu plus chauffer le public après la reprise tout en rapidité Rollin’ and Tumblin’ du bluesman Hambone Willie Newbern. On notera sur scène la présence de skateboards et de quelques bouteilles de Berlue, bière locale certainement glanée par Gibbons lors de sa visite d’Albi. « Bière » c’est d’ailleurs le petit mot doux qu’il a décidé d’inscrire derrière sa guitare et qu’il nous montre fièrement sur Sharp Dressed Man : Gibbons fait alors le show, twistant ses rotules à souhait et rappelant, par la qualité de l’interprétation de son solo, qu’il est un guitariste phénoménal. Il ne pouvait pas nous laisser sans l’ultra-classique La Grange qui finit de ravir tout le public.

Troisième évènement de la soirée, la présence des Queens Of The Stone Age. Venant défendre leur nouvel album intitulé In Times New Roman… la bande de Josh Homme et son rock alternatif débarque la nuit tombée sur la scène de Pratgraussals. Après une courte intro les américains embarquent la foule sur No One Knows. Titre idéal pour mettre en jambe la fosse dont les slameurs ne tardent pas à arriver. Viens ensuite The Lost Art of Keeping a Secret après un petit bonjour du frontman. La scène et ses effets visuels donnants dans le rouge et blanc accompagnent bien le groupe, avec une sorte de dynamisme assez subtil. Toujours aussi polyvalent dans l’utilisation des instruments à sa disposition, le guitariste Troy Van Leeuwen sort les maracas pour l’introduction de My God Is the Sun. Côté basse Michael Shuman n’est pas en reste et donne de sa personne aux chœurs notamment mais aussi niveau headbangue car là, on a un bon client. Josh Homme profite d’un interlude pour évoquer sa fierté de fouler la même scène qu’un des plus grands guitaristes de notre temps, Billy Gibbons.

Focus sur l’écran géant du festival (pas d’accréditation photo pour QOTSA).

Place aux nouveaux titres : Carnavoyeur est assez riche musicalement. Le chanteur et ses chœurs tentent des notes bien haut perché avec un bon rendu. Les instruments s’effacent petit à petit à la fin ne laissant place qu’à la voix du chanteur. Un bel effet. « Are you ready to dance ? » The Way You Used to Do souffle un vent de fraicheur groovy. La foule swingue et claque des doigts en rythme tout comme sur I Sat by the Ocean, plus tranquille et tout aussi efficace. Quel plaisir de voir ce groupe live, piochant un peu partout dans sa discographie aux sonorités parfois éclectiques. Le batteur Jon Philip Theodore, ancien Mars Volta est le parfait métronome dont Queens of the Stone Age a besoin. Le tubesque Make It Wit Chu voit débarqué un jeune garçon sur scène, le petit Wolf Dillon Reece Homme, fils du chanteur. Il dansera sur le devant de la scène tout le temps de la chanson, vivant là, on l’imagine, un beau moment entre son père et le public. Et puis côté musique, le solo se voit agrémenté du riff de Miss You des Rolling Stones.

La fosse est en ébullition pour QOTSA !

Que demander de plus ? Un très bon moment sur un de leur meilleur titre. Après ce vent de fraicheur, Emotion Sickness ramène un peu de lourdeur dans les guitares avec son gros riff accrocheur et sa mélodie imparable. La fin du concert semble poindre mais c’est sans compter sur une déferlante de vieux morceaux avec l’excellent Little Sister et le combo Go With the Flow et Song For The Dead. Autant dire que la fosse est dans l’hystérie la plus totale, sautant, chantant, slammant et pogotant sur ces classiques bien énervés du groupe. Homme termine le concert en jouant le dernier solo sur le devant de la scène, avant d’accrocher sa guitare autour d’un caméraman pour pouvoir aller remercier chaudement le public.

Quatrième évènement de la soirée, la tournée d’adieu de Shaka Ponk. Présents pour la troisième fois à Pause Guitare, le groupe, qui a récemment publié un album éponyme, a été absent de la scène depuis septembre 2019. Crise sanitaire oblige et profonde remise en question de leurs aspirations réelles, en tant qu’artiste, musicien, mais aussi en tant qu’être humain. Si vous n’avez pas encore écouté leur dernier album, foncez car le message y est limpide. Le groupe arrive ensemble tranquillement sur scène, lumières allumées, prenant le temps de dire bonjour et de remercier tout le monde d’être là. Frah taquine déjà la foule en gradin, car en effet il y a « du monde au balcon ».

Steve lance les hostilités en faisant la grosse voix dans son micro et lance l’intro. Le son est puissant, la batterie d’Ion claque fort, de quoi faire sauter nos petits culs musclés comme dirait Frah. L’ambiance est plantée, tout comme le décor : les musiciens sont au cœur d’une sorte de bibliothèque aux dimensions délirantes. Lampe, livres et canapé jonchent les pupitres de chacun. Nous parlions d’aspiration et il en est déjà question avec Je m’avance, premier extrait tiré de leur dernier album. Entièrement en français – à quelques mots près – le titre est taillé pour le live. Sam vient sur le devant de la scène sur le break pour nous faire bouger avant que n’apparaisse en arrière-plan 16 choristes répartis en hauteur de chaque côté de la scène. Tous de blanc vêtus, leurs longs habits nous donnent l’impression qu’ils flottent dans les airs.

Pas là pour faire de la figuration, la chorale entame une chorégraphie version esprits un peu flippants sur Wanna Get Free. Pendant ce temps-là Mandris le bassiste headbangue comme nul autre (et comme à son habitude). Si l’on avait un bon client un peu plus tôt avec Michael Shuman des QOTSA, là on est sur le niveau expert. Cervicales défaillantes s’abstenir. « On ne suit pas le mouv, ni le gouv, on est Twisted Minda ». Seul représentant de Bad Porn Movie Trax, Shaka remonte le temps pour nous asséner ce titre bien bourrin. L’occasion de parler de l’écran en fond de scène : sur cette chanson, une énorme tête animée rappelle le visage de Sam telle Méduse. Cet écran qui était tout petit jadis et désormais un élément de décor et d’expression minutieusement développé pour la scène. Les fans y retrouvent beaucoup d’easter egg et de références à toute l’histoire du groupe et de ses membres. J’aime pas les gens est encore l’occasion de faire passer quelques messages.

L’infatigable Frah

Le pit se transforme en dancefloor géant pendant que CC nous claque un bon solo sur l’avancé de scène. Il part ensuite se poser sur le canapé pour nous jouer une belle mélopée sur sa 8 cordes. Manière douce d’introduire Tout le monde danse et ses paroles sans équivoque. Les images du clip défilent sur l’écran du groupe et ne manquent pas de faire réagir le public. Plus léger c’est I’m Picky de The Geeks and the Jerkin’ Socks qui suit, toujours aussi puissant en live, on aperçoit Goz sur l’écran du groupe qui chante en même temps que Frah. En mal de contact avec la foule, ce dernier décide de venir gouter un petit peu de la fosse et d’y instruire, autour de lui, la construction d’un circle pit. Les gens sont chauds et s’exécutent avec plaisir. De quoi bien se dégourdir les jambes avant un passage plus calme avec la reprise de Smells Like Teen Spirit de Nirvana. Là aussi des images du clip se mêlent à la pochette de l’album The Evol.

Pause Guitare chante en chœur ce classique jusqu’à l’explosion à la fin du titre. Frah toujours dans la fosse n’en perd pas une miette et profite du retour pour boire le fond d’un pichet de bière (ou de bave selon Sam). Elle est loin la Berlue de Billy Gibbons. La chorale disparait pour réapparaitre sur scène pour Sex Ball. Comme tout au long du concert, Shaka Ponk aide à faire passer un message d’inclusion et d’engagement en toute circonstance, notamment sur cette chanson ultra rythmée. Dad’Algorhythm vient conclure le chapitre du nouvel album puis c’est Rusty Fonky qui clôture la soirée dans une folie totale côté public. Bon nombre d’entre nous auront les genoux un peu endoloris le lendemain. Shaka Ponk a la réputation de faire d’énormes concerts et ce fût le cas ce soir. Ils le disent eux même, ils ne reviendront pas, c’était leur dernier concert à Albi ce soir. Mais cette tournée d’adieu ne fait que commencer !

Textes : Criket
Photos : Matt (Instagram : heavy.matt_pics / Facebook : heavy.matt.all)

Galerie complète ci-dessous :

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