Les Tambours du Bronx travaillent le métal depuis plus de deux décennies. Le collectif ne s’était pour autant jamais véritablement frotté au genre. D’une approche « pure percus », le groupe a su faire évoluer sa proposition initiale afin d’éviter les redondances, lorgnant sur les deux dernières sorties en date vers des sonorités électroniques / indus en phase avec l’aspect tribal des premières heures. Weapons of Mass Percussion permet aux Tambours d’expérimenter encore davantage, ces derniers s’orientant ici vers une « réinvention » de leur son en élargissant le line-up.
Bruit, fureur et sueur. L’esprit « Tambours » ne pouvait trouver qu’une répercussion logique dans la sphère metal, vers laquelle le collectif de Nivernais s’engage aujourd’hui tête baissé. Le projet naît pourtant presque d’un hasard, d’un petit mot glissé dans une commande passée par Franky Costanza. Récemment séparé du rouleau compresseur marseillais Dagoba, le batteur se voit proposer une potentielle collaboration « s’il a un peu de temps, un de ces quatre ». Un message sympa qui se concrétise rapidement lorsque ce dernier prend contact avec les Tambours. L’idée évolue encore avec l’ajout de Reuno de Lofofora et Stéphane Buriez de Loudblast aux sessions de travail. Certains membres des Tambours lâchent dès lors les percus pour empoigner guitare et basse. Un cast’ bien lourd qui débouche inévitablement un disque puissant et bouillonnant. Les Tambours nous avaient offerts un aperçu de leur potentiel de destruction massive à l’occasion de leurs récentes collaborations avec Sepultura, et poussent ici leurs aspirations nouvelles avec brio. W.O.M.P apporte en effet son lot d’éléments nouveaux sans jamais renier les racines du projet originel. L’ensemble est extrêmement martial et articulé autour de la rythmique, qui privilégie plus volontiers la puissance et l’effet de « masse » à une quelconque débauche de technique. Le groupe bastonne sec et ensemble, en meute, Franky Costanza se fondant parfaitement dans le maelström. Le groupe conserve par ailleurs l’utilisation du métronome / clic en fil rouge et greffe de ci et là les excellents samples industriels qui avaient récemment apportés un nouveau souffle à leur musique. Ces derniers se placent malgré tout légèrement en retrait afin de laisser les coudées libres aux riffs de gratte ainsi qu’aux vocaux.
La principale révolution de ce disque des Tambours réside en effet dans l’ajout de voix sur la quasi-totalité des morceaux. Une première qui déstabilise clairement, le groupe étant dès lors « contraint » de rentrer dans des schémas musicaux plus traditionnels que par le passé ainsi que d’envisager la rythmique comme un support au chant plutôt que comme l’élément véritablement prédominant – bien qu’il reste moteur –. Si Stéphane Buriez livre ici d’excellentes prestations, difficile de ne pas voir le spectre de Lofo planer sur ce W.O.M.P. Reuno participe en effet à une écrasante majorité de compos et impose comme à son habitude un ton ultra-grave bien personnel. Le charisme du bonhomme prend involontairement de la place, et ceux que Lofofora rebutent pourraient rester sur le carreau. Les autres se régaleront assurément, tant les morceaux déroulent de façon intelligente et percutante une puissance de feu rare sur un disque de metal. Il est à noter que la prod’ se montre de très bonne facture et parvient à trouver un équilibre judicieux entre les martèlements furieux des percussionnistes et tout le reste. Un sacré défi.
Weapons of Mass Percussion est un disque nécessaire, aussi bien pour le groupe que pour son public. Les Tambours étaient probablement arrivés à la fin d’un cycle discographique avec Corros, un très bon album qui poussait un peu plus loin la formule de MMIX sans la revoir en profondeur. Avec W.O.M.P., ces derniers s’engagent dans une nouvelle ère et le font avec classe… et surtout fureur.
.: Tracklist :.
- Delirium Demain
- Desert Night Road
- Never Dead
- Jour de Colère
- Le Mal
- Dunes of Ashes
- Mirage Eternel
- Tainted with Anger
- Noir
- Wolf Smile Back
- Pray
- Le Festin
- Shaking Heat
- Divine Disease
- The Day is my enemy
- New Day
- The Seven Organs of Revelation
- Requiem pour un con
- Nos Blessures
- L’un des nôtres