De «simple terrain de jeu pour les voix dans ma tête» (dixit James Maynard Keenan), le projet Puscifer est devenu un projet musical dans sa globalité, incluant clips, albums et tournée. Si les opus précédents incluaient beaucoup d’arrangements et d’orchestrations, Maynard a cette fois-ci délégué certaines rythmiques à des invités prestigieux qui ne peuvent qu’enrichir son univers déjà bien abouti: Gil Sharone (ex-Dilinger Escape Plan) ou Tim Alexander (Primus) derrière les fûts, Matt Mc Junkins (A Perfect Circle) à la basse, Alessandro Cortini (Nine Inch Nails) et la chanteuse Carina Round… on pourrait dire qu’il ne manque que son ami Trent Reznor pour boucler une affiche déjà somptueuse…
Mais comme on dit souvent, les grands joueurs ne font pas forcément les grandes équipes (qui a dit Lulu?) et les pérégrinations légères et humoristiques des premières armes de James Maynard Keenan en solo avec Puscifer ne sauraient constituer à elles seules une carrière solo à la hauteur du talent du chanteur de Tool. C’est maintenant chose faite avec cet opus complet à tout point de vue, lorgnant vers bien des horizons musicaux différents, de l’Electro à la Country en passant par le Rock Alternatif et la ballade. Et on sait que Maynard a pris une dimension encore supérieure sans ses comparses de Tool dès les premières notes de «Tiny Monsters», voix mélodique inspirée comme jamais, faisant directement trembler l’audience comme dans les meilleures strates de Lateralus… L’apparente ballade folk «Green Valley» nous envoie sur la fausse piste d’un Maynard un peu triste dans son Ouest natal… avant de nous flanquer d’une grosse basse saturée à la Nine Inch Nails qui ravive tout de suite l’énergie initiale. Puscifer est avant tout un projet subversif, on va s’en rappeler dès «Telling Ghosts» et ses paroles peu feutrées sur une ambiance A Perfect Circle qui va en faire trembler plus d’un, ainsi que l’ambiance délétère de «Man Overboard»… tout comme la classe vocale de Maynard sur une sorte de break beat décadent («Horizons») ou l’OVNI musical «Toma», inclassable par son rythme et son chant génialement groovy.
Maynard peut se permettre des incursions Pop-Rock («Conditions Of My Parole»), elles sont tellement maîtrisées que même un fan acharné de Tool ne saurait lui en vouloir. Et s’il retourne dans le répertoire qu’il use plus habituellement («The Weaver»), il ne vous manquera plus que le coup de grâce «Tumbleweed» où la voix cristalline du sieur Keenan se mêle à celle, très appropriée ici, de Carina Round pour vous embarquer définitivement dans l’émotion la plus profonde, celle que vous avez un jour déjà ressenti en écoutant Tool ou A Perfect Circle pour la première fois. Pour les autres, c’est une porte d’entrée plus qu’accessible vers le monde merveilleux de James Maynard Keenan. Le plus dur, une fois de plus, sera de refermer la porte et de passer à autre chose. Pauvres de nous.
.: Tracklist :.
1. Tiny Monsters
2. Green Valley
3. Monsoons
4. Telling Ghosts
5. Horizons
6. Man Overboard
7. Toma
8. The Rapture (Fear Is a Mind Killa Mix)
9. Conditions of My Parole
10. The Weaver
11. Oceans
12. Tumbleweed