En 1999, NoFX sort son morceau de bravoure : The Decline, ou les 18 minutes les plus longues du punk, pour dresser le constat de leur société. Deux décennies plus tard, la France entre à son tour en ré/sécession. Mon Autre Groupe, side-project pour l’intégralité de ses membres comme son nom l’indique (pour une fois que cela fonctionne), écrit en quelques heures un texte, Le Déclin, puis enregistre la musique pour l’accompagner. L’hommage est net et assumé. Le résultat est moins long, 10 minutes, mais tout aussi haletant.
Le Déclin est avant tout chose un texte, voire un poème. En quelques lignes, tous les défis qui tiennent à coeur au groupe et font vibrer en général la scène punk sont de sortie : individualisme, religion, sentiments imposés, soit en un seul mot l’ignorance. Pour l’exprimer, les auteurs se servent de nombreux principes littéraires et utilisent tout un panel de registres, d’interpellations, de métaphores.
Tout passe à la moulinette du déclin. Mon Autre Groupe s’exerce à montrer ce qui fait passer d’un côté à l’autre de la barrière. Les symboles religieux sont subtilement mélés au jeu pierre-feuille-ciseaux. Egaux et inégaux, l’un pouvant tout autant perdre que gagner, mais avec une seule conséquence : la peur de tomber sur le mauvais symbole en face, celui qui fera perdre. La peur de se retrouver, successivement, face à Al-Quaïda ou à la NRA.
La principale critique, qui se présente insidieusement dans la suite de ce manifeste, est la soumission. Le fait « d’avaler ». Laisser faire. Se laisser faire. Le laissez-faire. Ne pas connaître le prénom de son voisin. Pire, s’en foutre. Voir quelqu’un se détruire sans rien dire. Se contenter d’émotions convenues, attendues. Voire exagérées. En « tir[ant] sur son yo-yo émotionnel ». Sans réflexion aucune. Sans retour sur soi. Uniquement pour soi.
Finalement, Le Déclin se présente comme le constat d’une pression extérieure qui va pourrir tout, plus exactement soi, qui va opérer cette « puanteur », mis en exergue par la citation de milieu de parcours : « Votre manière de pourrir est la plus belle chose que j’ai jamais vue ». La société, est d’ailleurs présent sous le couvert d’une métaphore peu flatteuse : « mille milliards de fusils sur ma tempe ». La violence de la pensée est palpable, mais reflète bien l’état d’esprit de Mon Autre Groupe. Le choix imposé, ou ressenti comme tel, étant fait comme les autres – intrégre toi – participe ou crève – n’existe plus. Sans concession aucune.
Le texte du déclin entraîne dans une atmosphère épique, avec la force d’un combat, que soulignent une musique volontairement proche du hardcore et le chant de Fikce. Les différents chapitres s’égrainent au fil des breaks, avant d’arriver à une conclusion qui se présente comme l’évidence même : la « sincérité » des différents maux présentées. Le Déclin, c’est la Maman et la Putain de Jean Eustache. C’est prenant, avec la même sympathie et la même violence, puis définitivement perturbant ; la lumière au bout en moins.
.: Tracklist :.
01. Le Déclin
