Amis du ska-punk sans cuivre, votre nouveau groupe préféré arrive du Québec. Quelques années après avoir fait apparaître Coquettish (quelqu'un a de leurs nouvelles ?) en France, les avoir fait tourner dans des salles plus ou moins grandes (dont quand même l'Olympic et la Maroquinerie à titre d'exemples), Guerilla Asso a sorti en mars dernier l'album des Montréalais de Brixton Robbers.
Alors sont-ils encore plus forts, encore plus rapides que les japonais ? Ici aussi, cela joue bien, cela joue vite. Rocks And Cranes commence d'ailleurs à cent à l'heure, avec une teinte ska comme il faut à la guitare. Le chant, qui puise principalement dans les graves, très rauque donc, contre-balance en faveur d'un punk aux limites du hardcore. Il n'y a vraiment rien à reprocher à une telle entrée en matière. « Bright Light » a la puissance d'un tube. Bref, le ton est donné. Cet album va frapper fort.
La suite repose à peine les tympans. Le rythme cardiaque s'habitue tout juste, mais permet de respecter la règle numéro une : ce cardio qui fait tenir le rythme dans la longueur. Sur ce morceau, un des plus courts, c'est la fin qui est particulièrement réussie : entièrement instrumentale, son break est tout simplement dévastateur. La suite, c'est la deuxième règle et le refrain composé d'un « oh oh », autrement appelé le « double-coup ». Là encore, il n'y a pas d'hésitations. Brixton Robbers fait ça avec le plus grand naturel qui soit et pose les bases de tout l'album. En cinq minutes, tout est fait. Il ne reste aux Montréalais qu'à dérouler leur jeu.
Si le quatrième morceau passe un peu inaperçu (règle numéro trois : éviter les recoins où on est vulnérable), il faut dire qu'il se fait manger par l'énorme « Green Grass ». La saturation de la guitare fait frétiller les oreilles de plaisir. Le synthétiseur qui fait son entrée entraîne les zygomatiques dans la danse. Cela commence à suinter sérieusement le rock garage, et voilà une fraîcheur inattendue et bienvenue. Il y a comme une ambiance western-zombie qui prend le dessus (« Rock Lobster » en étant l'accomplissement en fin d'album). Autant dire que si Zombieland II recherche sa bande originale, elle est toute trouvée.
La force majeure des Brixton Robbers est tout de même son sens de la temporalité, son cardio, avec toute la maturité qui en découle. Impressionnante. Les couplets et refrains tombent sous le sens, suivent la respiration de son auditeur. Ce même auditeur peut alors piocher, à chaque étape, ce qui l'intéresse le plus entre l'aspect mélodique et ska, le rythme martelé par la batterie et le chant pouvant potentiellement être repris en choeur. Tout ce qui doit donner une prestation live mémorable, soit dit en passant.
Rocks And Cranes est sans aucun doute la plus jolie surprise de l'année punk. Et encore une fois, celle-ci arrive tout droit du Canada. Outre la maîtrise plus grande de l'anglais que certains groupes, il y a sûrement un peu plus de culot là-bas. Ils suivent parfaitement la règle numéro 4 : rompre tout lien social, sans oublier la ceinture de sécurité. Concrètement, les Brixton Robbers ne font donc pas un ressuscé de punk à l'ancienne, pour soit-disant puriste, ni même du Good Charlotte pour prendre plus proche de chez eux. Non. Ils piochent un peu à droite et à gauche (leur « ceinture », ce qui permet de les inscrire dans un héritage musical tout relatif) et en font du Brixton Robbers. Soit treize tubes en vingt-huit minutes.
.: Tracklist :.
01. Bright Light
02. O Street
03. The Pit
04. Meaningless
05. Green Grass
06. Pipe Bomb
07. Legal Drinking Age
08. Bashing And Hating
09. Half Awake
10. Rock Lobster
11. Walk Away
12. 20$ Chris
13. Fuck The Shit