Initialement guitariste pour le sieur Ozzy Osbourne, Zakk Wylde avait profité d'une pause de calendrier pour tenter une première échappée en solo. Un échec commercial, qui n'empêchera pas notre homme de réitérer l'expérience en 1999 lorsque le papy du metal lèvera légèrement le pied sur les concerts. Depuis, aucune année ne se sera écoulée sans voir atterrir nos magasins un album de Black Label Society. Après Mafia il y a une petite douzaine de mois, 2006 sera donc placée sous le signe de Shot To Hell.
Adulé pour ses talents de guitariste, il semble aujourd'hui presque inconcevable que Zakk Wylde livre un jour un mauvais disque, et ce n'est sûrement pas ce huitième opus qui changera la donne. Composé dans le même esprit que ses prédécesseurs, Shot To Hell transporte en quelques riffs vers le bar à whisky le plus malfamé du sud américain, endroit rock'n'roll par excellence ou les bikers moustachus arborent fièrement la veste de cuir cloutée et le chapeau de cow-boy. Wylde est un enfant du heavy rock à l'ancienne, élevé dès son plus jeune age avec les déflagrations sonores d'AC/DC ou de Black Sabbath, influences que l'on décèle aisément dans un jeu de guitare techniquement sans faille. Inutile de recourir à une tonne d'effets inutiles, le seul talent du frontman suffit à remplir chaque composition, celui-ci maniant la six-cordes comme malheureusement trop peu de musiciens actuels. Car chez Black Label Society, il n'est aucunement question de tout miser sur un chant envahissant reléguant les instrumentations à un vulgaire accompagnement à l'intérêt uniquement rythmique. La guitare vient de nouveau occuper le premier plan, l'ami Wylde livrant comme d'habitude une performance haute en couleurs, posant sur bandes treize compositions aussi passionnantes que vallonnées. Le riff redneck bien crade donne presque toujours suite à un solo endiablé et décoiffant exécuté d'une main de maître (le premier single « Concrete Jungle », le trépidant « Blacked Out World », « Faith Is Blind » et sa rythmique soutenue), de durée variable mais toujours disposé à point nommé.
Mais la grande force de ce Shot To Hell réside indiscutablement dans sa grande variété. Black Label Society possède un véritable don pour emmener son auditorium sur des terrains inattendus, sans pour autant rompre le fil conducteur de l'album. Occupant un bon tiers du disque, la ballade inspirée vient s'immiscer sans dérouter entre deux brûlots heavy, amenant des instruments rarement exploités dans le mouvement (le piano qui domine un mélancolique « The Last Goodbye », même si le solo vient néanmoins s'incruster dans la dernière minute, ou encore les chœurs gospels intégrés à « Sick Of It All »). Le chant également assuré par Zakk Wylde, lui aussi proche de formations hard-rock des années 80 par sa relative clarté et sa totale absence de hargne, s'adapte de plus parfaitement à toutes les différentes ambiances de Shot To Hell, rebondissant et entraînant sur les titres les plus énergiques (« Give Yourself To Me », « Hell Is High », « New Religion ») ou au contraire plus langoureux lorsque le tempo redescend d'un cran.
Avec Shot To Hell, Black Label Society signe donc une nouvelle réussite. Techniquement irréprochable, le groupe évite néanmoins de se perdre dans des enchaînements de démonstrations inutiles, couchant au contraire un album aussi diversifié que plaisant.
.: Tracklist :.
01. Concrete Jungle
02. Black Mass Reverends
03. Blacked Out World
04. The Last Goodbye
05. Give Yourself To Me
06. Nothing’s The Same
07. Hell Is High
08. New Religion
09. Sick Of It All
10. Faith Is Blind
11. Blood Is Thicker Than Water
12. Devil’s Dime
13. Lead Me To Your Door