Même si les productions issues de la scène Norvégienne ne touchent que rarement un public aussi large que les formations américaines souvent aseptisées, la contrée nordique reste l'un des pays les plus productifs en ce qui concerne les sphères musicales les plus brutales. L'exemple nous est une nouvelle fois donné avec Ansur, un quatuor qui livre aujourd'hui son tout premier essai.
Six mois de travail dans le studio personnel du groupe auront été nécessaires à l'élaboration de Axiom, un disque qui prend d'avantage la forme d'un EP (six titres au compteur) que d'un véritable album, mais qui présente néanmoins une durée totale proche des quarante-cinq minutes. Avant même d'en avoir lancé l'écoute, on peut donc aisément deviner qu' Axiom sort du moule traditionnel, et nécessitera certainement plusieurs écoutes afin de clairement s'engager dans les tranchées creusées par ses quatre musiciens. Car si par certains aspects Ansur se rattache aux mouvements black-metal ou hardcore, les quatre musiciens possèdent au niveau de ses instrumentations plus d'un atout qui risquent fort de faire la différence. Le schéma conventionnel est donc (sauvagement) mis de côté, au profit de structures peut-être relativement moins abordables, mais autrement plus passionnantes. La brutalité amenée par une série de gros riffs bien tranchants accompagnés d'un jeu de batterie dominé par la présence de la double ainsi que les ambiances ténébreuses sont fort heureusement au rendez-vous (« Earth Erasure », accompagné d'orgues d'outre-tombe), mais Ansur n'hésite à aucun moment à étirer ses compositions à l'infini, quitte à perdre les auditeurs les moins courageux en cours de route. Pas moins de quatre titre se placent donc au delà de la barre sept minutes. Afin de ne pas s'engouffrer dans la morosité, risque qui va souvent crescendo avec l'allongement des morceaux dans le temps, les quatre musiciens se devaient d'incorporer à leur musique des éléments originaux et bien souvent délaissés de leurs confrères. Les tirades acoustiques (« Interloper », l'excellent « Sowers Of Discord » et son introduction malsaine) ou encore les échappées de guitares lancées dans le but de faire exploser un solo épique (« Post-Apocalyptic Wastelands ») viennent donc à quelques occasions se greffer à l'ensemble, sans pour autant nuire à l'atmosphère générale (le surprenant « The Axiom Depicted » qui combine en onze minutes toutes les différentes facettes).
Un véritable tour de force qui fait de la section instrumentale la principale qualité de la formation. Peu présente, la voix reste quant à elle nettement plus dans les clous, bien que non désagréable et viscéralement prenante. Les morceaux semblent avant tout calibrés avec comme objectif la mise en avant de la technique de chaque musicien, et le chant hurlé en intégralité vient presque se présenter comme un accompagnement, à l'image de ce que pourrait être les incursions de claviers dans un disque de black, laissant vierge de sa présence de longues étendues propices à toutes les expérimentations instrumentales, tout particulièrement sur la seconde moitié de l'album.
Original et incroyablement bien pensé, Axiom reste difficile à ranger sous la bannière d'une quelconque catégorie. Mais il est souvent si bon de sortir des sentiers battus…
.: Tracklist :.
01. Earth Erasure
02. Post-Apocalyptic Wastelands
03. Interloper
04. Desert Messiah
05. Sowers Of Discord
06. The Axiom Depicted