Certains n'attendent pas l'heure des bilans pour viser le podium. Quelques semaines après l'habituelle prolifération dans les médias spécialisés des classements encensant le haut du panier musical, en l'occurence celui de 2008, les américains d'Animal Collective lancent un pavé dans la mare encore calme et en gestation de 2009, sous la forme d'un album, répondant au doux nom de Merriweather Post Pavilion. Connaissant la propension du quatuor (depuis devenu trio) à nous proposer des pièces musicales qui nous disent d'oublier les étiquettes, tout en étant de haute volée, on peut s'attendre à du très bon. Alors, Animal Collective, à garder au chaud pour un top 10 2009 ?
Qu'on se le dise d'entrée : pour tous ceux pour qui la musique est plus qu'un divertissement, et pour qui la curiosité n'est pas un défaut, cet album devrait trouver crédit à leurs yeux sans problème. La carrière déjà diablement fascinante du combo vient de trouver une suite digne de son héritage, et qui le hisse même vers le haut, que ceux qui doutaient que cela soit encore possible se repentent. Merriweather Post Pavilion est un de ces disques qui se savourent dans leur intégralité, composé comme une oeuvre à part entière, et non comme un amas de chansons sans rapport distinct. Que ceux qui avaiant adoré Strawberry Jam et leurs prédécesseurs soient prévenus : Le penchant déjà plus que perceptible sur l'avant-dernier album vers une électronisation rampante prend ici la forme d'un virage à 90°. Pouvait-il en être autrement, au vu de la discographie aussi fournie que bigarrée du combo (cherchez un rapport stylistique entre entre Spirit They’ve Gone, Sung Tongs, Feels ou Strawberry Jam) ? Animal Collective adore agripper notre système auditif pour traîner le cerveau qui y est rattaché dans des endroits inconnus et personnels, sans se reposer sur une espèce de recette ou de concept, si ce n'est celui de n'en faire qu'à leur tête. Avey Tare, Panda Bear et Geologist deviennent ici les maîtres d'orchestre d'une nébuleuse pop-aquatico-onirique et dansante, composée de synthés en tout genre, de machins-trucs expérimentaux et d'harmonies vocales qui nous feront ressortir l'influence Beach Boys, que le groupe ne revendique pourtant pas vraiment.
Car il s'agit ici bien de pop, mais d'une pop qui ne sait pas encore ce qu'elle deviendra, elle en prendra conscience d'ici 200 ans. "My Girls" (dont le squelette a déjà été entendu en live lors de la tournée précédente, mais retravaillée ici) nous touche au plus profond, avec son synthé un peu rêveur et psychédélique, sa basse ronde et ses voix entremêlées. "Summertime Clothes" aurait pu être une chanson de pop innocente et joyeuse, mais elle est bien plus que cela, grâve au travail de trois cerveaux aussi dérangés que géniaux. Et que dire de la beauté amniotique de "No More Runnin", suivie d'une clôture d'album (l'épique "Brothersport") ,véritable hymne à la danse, et acessoirement, un des meilleus morceaux jamais écrits par le groupe ? Quelque part entre freak folk à la moulinette électro, expérimentations scientifiques et remontées d'acide appelant à la transe, la Musique d'Animal Collective se paye le luxe de rendre tout ça aussi cohérent qu'addictif, avec en prime le pouvoir de nous faire dodeliner de la tête ou de mouvoir les hanches un peu malgré soi. Mais est-ce vraiment dérangeant ?
En fait, la pochette résume assez bien ce que cet album représente. Merriweather Post Pavilion est un kaléidoscope, un vrai, un jeu de couleurs et de luminosité magnifique dont on a envie de reprendre une part une fois terminé. Animal Collective a effectivement réitéré le tour de force de se renouveler et de poposer un album plus fort que le précédent (Strawberry Jam était pourtant une sacrée barre à franchir), en se plaçant une fois encore en visionnaire de la musique. On attendait beaucoup d'eux, ils nous ont donné encore plus. Sur ce, une très bonne année 2057.
.: Tracklist :.
1. In the Flowers
2. My Girls
3. Also Frightened
4. Summertime Clothes
5. Daily Routine
6. Bluish
7. Guys Eyes
8 .Taste
9. Lion in a Coma
10 No More Runnin
11. Brothersport
