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« La musique, c’est une énergie, c’est hors norme, ça peut soigner ! » – Inüit

Pour cette édition 2017 de Rock en Seine, une seule interview au programme, mais quelle interview ! Rencontre avec trois des six membres de Inüit, formation nantaise qui monte.

Malheureusement, étant arrivé tardivement sur le site le vendredi, je n’ai pas pu assister à leur concert. Quel dommage, tant cette rencontre fut joyeuse, passionnante et pleine de maturité et d’envie de discuter quelques heures de plus !

Au passage, merci au groupe d’avoir joué le jeu et envoyé une photo maison d’eux six 🙂 !

Alors, c’était bien ce premier concert à Rock en Seine ?

Alexis Delong : oui c’était très cool, on a passé un bon moment !

Coline Coutand : on avait peur qu’il n’y ait pas grand monde au vu du temps et de l’horaire et puis non, les gens étaient là ! Ça nous a bien mis en confiance de voir tous ces visages, en plus, il y avait des amis et de la famille.

Pablo Charbonnier : Quand on joue tôt, en ouverture de festival, comme ça, ça fait toujours plaisir de voir des gens qui arrivent, nous écoutent et qui restent. Le public qui grandit devant toi, dans un concert, ça te met forcément en confiance. Ça fait plaisir !

L’idée de faire un clip dans une piscine, c’était pour jouer à fond la « hype » ?

Alexis Delong : on s’est pas trop posé la question, en fait. Ça a plus relevé du sensible. Lola, notre manager, savait qu’une piscine en travaux était à côté de son taff et elle nous a demandé si ça nous branchait de tourner un clip là. C’est vrai qu’on a un peu dit oui sans trop savoir que ça allait donner quelque chose d’aussi intéressant d’un point de vue esthétique. Au final, on se retrouve avec un univers un peu californien, ambiance coucher de soleil, été indien à Los Angeles. On est hyper content du résultat, mais on n’avait pas pour projet de partir sur un délire urbex à la base.

Ce n’est pas trop dur d’émerger en région (le groupe vient de Nantes ndlr), ou est-ce plutôt une chance par rapport à Paris ?

Pablo Charbonnier : je pense que c’est plutôt une chance, pas forcément pour se démarquer mais surtout pour être tranquille à composer chez soi. Quand on est arrivé à Paris et qu’il nous est arrivé toutes ces belles choses – signer sur le label 5-7, rencontrer les Shoes, etc. – quand on rentrait chez nous, c’était beaucoup plus calme, beaucoup plus serein et au final ça aide à apprivoiser la composition à six de bonne manière.

Alexis Delong : y a un truc aussi un peu économique. Quand tu es un groupe à Paris et que tu veux faire que ça de ta vie, c’est plus difficile que nous, la vie est forcément moins cher à Nantes. On peut s’y adonner plus facilement à temps plein, même s’il ne s’agit que de quelques concerts. Bon, nous, on a de la chance de tous être intermittents du spectacle et de revendiquer cette activité comme notre travail, mais je pense que si on avait été à Paris, on aurait pu plus difficilement le faire. On aurait galéré à trouver des locaux de répétition, on se serait noyé dans le fait qu’il faut travailler. On aurait consacré moins de temps à la musique !

Votre EP s’appelle « Always kevin ». D’une part, on a le « Kevin », une figure des internets, peu apprécié en général. De l’autre, on a votre expression, qualifiée par les Inrocks de « titre Eric Judor »… (explosion de rires général).

Alexis Delong : c’est plutôt cool comme critique !

Pablo Charbonnier : ouais ça fait plaisir.

 

Qu’est-ce qui a amené ce titre ?

Alexis Delong : le truc d’Always Kevin, c’est un peu l’histoire du projet au début. Quand on a commencé Inüit, on réécoutait toutes les maquettes qu’on avait faites avec Coline et Pierre et à un moment, elle baragouinait un truc qui ressemblait à « Always Kevin ». On s’était dit « tiens si on sort un truc un jour, on l’appellera comme ça ». Entre temps, c’était un peu sorti de nos têtes. En cherchant un nom pour l’EP, on s’est retrouvé avec un visuel très propre, très esthétisé, à savoir l’oiseau qui est présent sur la pochette et on s’est dit « tiens, faudrait trouver un truc pour casser ça ». On a été chercher dans l’absurde et on s’est rappelé de cette promesse. On a pensé que ça marchait bien de jouer sur ces deux tableaux.

Tu disais que vous étiez tous intermittents, ça me fait penser que dans une précédente interview, on vous avait demandé quels étaient vos rêves pros étant plus jeune. Certains voulaient être avocat, d’autres fonctionnaire, Coline, toi, tu voulais déjà être intermittente. Et si demain tout s’arrête avec Inüit, vous feriez quoi ?

Coline Coutand : moi je m’arrête pas. C’est un besoin. Je peux pas faire autrement. C’est pas grave s’il n’y a pu l’argent derrière – bon c’est facile de dire ça, parce que là, je ne me rends pas forcément compte – mais je pourrais pas m’arrêter de faire de la musique. Je pense qu’on est un peu tous pareil là-dessus.

Pablo Charbonnier : moi je m’arrêterais pas d’écrire de la musique, c’est sûr. Après, qu’est ce que je ferais pour vivre ? j’y penserai demain !

Alexis Delong : je pense que le fait qu’on soit là avec Inüit, qu’on fasse ces choses-là, faut s’en servir prendre ses marques pour le futur. Comme n’importe quel projet artistique, Inüit a vocation à s’éteindre un jour. L’intérêt dans l’art c’est de se renouveler tout le temps. Donc, il faut aussi faire en sorte d’apprendre pour ensuite tirer le parti de ce qu’on a découvert ensemble dans un nouveau projet. Après, je m’arrêterais jamais de faire de l’art, d’ailleurs, pas nécessairement que de la musique d’ailleurs. L’art c’est la base (rires).

Parlons influence, là encore vous en parliez dans une interview. Certains avaient des posters de Bob Marley, d’autres le Hellfest (d’autres encore c’était Ronaldinho, mais aeuhm. Passons). Y a-t-il des groupes ou artistes inavouables que vous ne pouvez/voulez pas partager avec les autres membres du groupe ?

Alexis Delong : je trouve qu’on a pas spécialement peur du ridicule entre nous.

Coline Coutand : on se fait tout écouter.

Alexis Delong : ouais moi en ce moment j’ai un truc qui me reste en tête, la chanson « comportement » de nakamura, ça fait « comportement, ben ouais, je dis comportement, ben ouais », j’arrive pas à me le sortir de la tête, c’est un peu honteux. Encore que c’est bien chaloupé (rires)

A quel moment avez-vous pensé, concernant Inüit, « tiens là ça y est ça décolle, il se passe quelque chose » ?

Coline Coutand : en terme de partenaires, je pense que c’est quand on a rencontré Benjamin Lebeau de The Shoes et qu’on a signé en édition avec eux. Moi ça m’a fait un truc, je me suis dit « tiens là ok il se passe quelque chose, on commence à être entourés, il va falloir être sérieux ». Dans la musique, quand on a vraiment décidé de faire un EP. C’était important et c’était un tournant.

Pablo Charbonnier / Alexis Delong : avis partagés !

En réécoutant par exemple votre prestation lorsque vous avez fait la première partie de Jabberwocky, vous vous êtes avoués déçus. Qu’est-ce qui après votre concert à Rock en Seine pourrait encore être amélioré selon vous ?  

Alexis Delong : chaque concert, à chaque fois, est un pari. Entre ce qu’on veut jouer et les différentes variables qui rentrent en compte, l’heure, le public, nous… moi j’aimerais qu’on continue à essayer de faire le mieux possible et que jamais on se relâche. Je veux pas qu’on se dise « tiens là ça y est on a atteint un certain rythme de croisière dans la qualité des lives ». C’est plus une demande que je formule sur la durée en fait, que des points précis. Aujourd’hui, objectivement, on joue à peu près bien nos morceaux, c’est plus dans l’inter-play, comment, en tant qu’humain, on peut communiquer comme il faut, trouver ce truc qui fait qu’à chaque fois en concert il se passe quelque chose. Mais ça c’est hyper dur.

Pablo Charbonnier : aucun de nos lives ne sera jamais parfait. Je crois que l’important c’est de ne pas refaire la même erreur vis-à-vis du live précédent. Dès que je sens quelque chose qui va pas dans le live, je le dis, et j’essaye de le gommer pour le live suivant. Bon, du coup, c’est un nouveau truc qui va pas, parce que c’est jamais parfait, mais l’idée c’est de continuer sur cette idée là pour ne pas rentrer dans une routine.

Coline Coutand : c’est une histoire d’être techniquement présente dans la justesse de la musique et énergiquement aussi. Vraiment pouvoir être là dans les deux et ne réfléchir ni à la technique, ni à la présence, mais simplement « être là »

D’autant que je lisais qu’en tant que chanteuse, tu trouves que tu as peu d’interactions avec les autres musiciens, en étant comme ça en devant de scène…

Coline Coutand : je me retourne pas mal, je bouge pour les regarder mais c’est vrai que je suis en lien direct avec le public, les voir discuter, ou partir, ça m’affecte pas directement dans le sens où je vais mal jouer ou me perdre, mais c’est un objet déclencheur qui peut me faire perdre la « présence ». Et ça, pour moi, c’est une chose hyper importante en musique, d’être là dans l’instant.

Question rituelle, ça représente quoi pour vous la musique ?

Coline Coutand : pour moi c’est presque médicinal. Le pouvoir de se faire du bien et faire du bien aux autres. C’est quelque chose d’incroyable. C’est presque même une énergie, c’est hors norme, ça peut soigner. Vraiment.

Pablo Charbonnier : moi c’est un moyen de m’apaiser ou de m’emmener vers une énergie que j’ai pas sur le moment – me motiver, me calmer – ou tout simplement accompagner ma journée. Je sais que j’ai des rythmes d’écoute qui varient en fonction de la journée, de mon état. La musique, c’est un compagnon.

Alexis Delong : moi y a un truc de contextualiser, j’aime trop mettre de la musique en y prêtant attention que d’une oreille et voir ce qui émerge. Genre là t’es en train de faire le ménage et d’un coup, bam, tu te prends un son dans la gueule. Ça veut dire que ça sort. En fait, plus jeune, ado, j’étais hyper religieux sur la musique, genre fallait écouter attentivement. Maintenant, y a un truc hyper contextuel, je trouve. Les meilleurs trucs c’est ceux que t’avais pas envie d’écouter, mais en fait t’y peux rien, ça t’a accroché. Je ne fonctionne plus que comme ça. De toute façon, il y a tellement de musique, que tu peux pas tout écouter. Cette méthode-là marche hyper bien. Je mets mon Spotify qui tourne tout seul et de temps en temps je playlist un titre.

Dans vos morceaux, vous parlez de la rupture, des violences conjugables. L’amour, c’est un problème ?

Coline Coutand : non l’amour c’est pas un problème, c’est juste la base. L’amour c’est partout et pour tout le monde. L’amour ça peut être ultra violent, c’est la base de tout, des guerres se déclenchent parce qu’il n’y a plus d’amour. Il faut en parler, on peut pas faire autrement parce que c’est notre quotidien.

Mon ultime question, un autre rituel : Beatles ou Rolling Stones ?

Les trois : Beatles

Alexis Delong : tout simplement parce qu’ils ont une intelligence d’écriture de ouf et de la pop song universelle. Le titre qui sort, si c’est un Beatles, tu l’entends direct. Ils ont écrit tellement de trucs de dingues.

Pablo Charbonnier : en plus, au-delà de ça, ils cherchaient cette chanson universelle mais ils ont eu la capacité et l’intelligence d’aller au-delà, de faire une vraie recherche sonore pour l’époque, qui des fois est pas corrélée avec l’idée de faire une pop song, une chanson qui marche. Cette recherche me manque parfois. Eux je les respecte immensément pour ça car ils ont aussi bossé l’enregistrement de leurs chansons.

Coline Coutand : moi les Beatles j’ai l’impression qu’ils font partie de ma famille, quand je les écoute, j’ai des souvenirs d’enfance. Faire ça, en musique, c’est trop bien, parce que tu rentres dans l’intime des gens. Les Beatles, ils peuvent carrément me faire pleurer.

 

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