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Un conseil : marquez Slurp à la culotte.

Interview sans dessus mais avec dessous du groupe Slurp. Comme un coup de langue, comme un coup de tête dans la face : slurp c’est le nouveau synonyme du Badass. Un entretien qui fait du bien en plein backlash confiné. Vite, vite, on retourne lécher.

@emilie mauger

Laissez-moi vous présenter Slurp ! Angie à la batterie, Margot au chant et à la guitare, Manon à la basse et aux chœurs. Trois nanas qui font du bien et à la bonne humeur partageuse, voire tapageuse (vous avez vu ? Je fais des rimes !). Le coup de cœur de l’année. Que dis je ! Le coup de foudre. Du coup je les ai contactées pour un entretien, qui a dégénéré en une bière, puis une autre, puis…. Bref. Voilà à la suite le récit réjouissant de nos discussions pleines de bulles. SLURP (entraînez-vous à le dire, plaisir garanti).

Bon alors ! Me voilà devant une des interviews les plus compliquées à faire… D’abord parce que j’adore le groupe. Et puis parce qu’en relisant mes questions hier soir, à la fin de ma préparation pour l’interview, je me suis rendu compte qu’il y en avait pas mal qui tournaient autour du féminisme ou plus simplement du fait que vous êtes un groupe de femmes… Et je me suis dit que c’était des questions qu’on vous a déjà trop posées, un brin essentialisantes, et que vous en avez sans doute marre de répondre à tout ça. En même temps, sur notre Webzine, c’est la première fois que vous apparaissez. Donc voilà. Grand flou. On va faire au mieux du coup : vous choisissez ! Si une question vous gonfle eh bah tant pis pour moi et on passe à la suivante. Ça vous va ?

Margot, Angie et Manon : C’est parfait !

Margot : Non mais tu dis ça… mais si tu savais. On nous pose toujours ces questions là. Souvent j’ai juste envie de dire : vous savez en fait, on est normale, on a juste des vagins.

Bah je comprends bien mais bon… ça fait du clic ! Et puis c’est dans l’actu, ne serait-ce que par le bouquin de Alice Coffin ou de Pauline Harmange ! Je reste un tout petit peu journaliste tout de même… dans l’idée. Bon en fait non pas du tout c’est juste un petit Webzine et on fait ça pour le kiff ! Mais quand même !

Manon : vous imaginez l’article ? Pourquoi Slurp déteste les hommes (NDLR : c’est le titre un brin provocateur et sûrement vrai du livre de Pauline Harmange, tapez pas trop sur la rédac’, on l’a pas encore lu !)

Chiche ! Je mettrai peut-être ça comme titre d’article ! Risky. Je risque d’avoir la moitié de mes potes pour me tomber dessus si je fais ça (dédicace à Marion et Léa !) ! Bon en attendant commençons cette interview avec la fameuse question rituelle : comment ça va ? Surtout avec la période…

Margot : ça va et toi ?

Manon : bah écoute ça va, on fait avec comme tout le monde !

Et le premier confinement, ça allait ? Vous arrivez à jouer de la musique quand même avec tout ça (on sait que la période est particulièrement dure pour le spectacle vivant, dont la musique est partie intégrante).

Manon : ouais… On a pu jouer de la musique. Mais pas en groupe. Margot et moi on était confinées ensemble, du coup il manquait Angie pour qu’on puisse vraiment répéter.

Angie : moi j’ai pas pu faire de musique du tout… Pendant deux mois. Pas évident.

@alexandrinesnd

Et alors la reprise ? ça va, ça se passe bien ?

Angie : franchement. Ça tire un peu. Ça colle un peu dans la chie. Enfin ça chie un peu dans la colle quoi.

Et du coup, vous vous êtes dit, tiens confinement, on ne peut pas jouer de musique, et bah PAF, on va sortir un titre ! Qu’est ce que ça fait de sortir un morceau en plein confinement ?

Angie : franchement ? Que du bon, et de bons retours. Je trouvais, perso, que les médias répondaient plus parce que justement il n’y avait que de la promo à faire, de nouveaux sons. Y’a plus de live reports, de concerts, donc ça allait. Y’avait que ça à foutre de trainer sur le net de toutes façons.

Manon: honnêtement ça allait.  Même si, bon, on a eu la super idée de sortir notre nouveau single le même jour que le nouvel album des Strokes !

Angie : Oui enfin c’est pas le même public hein ! Youhou les Strokes (rires)

Manon: non mais je veux dire, c’est déjà compliqué sur le net, il y a une telle masse d’informations qu’obtenir un partage c’est déjà pas mal. Alors si en plus ce jour là tout le monde est en train de sortir des trucs… Et en vrai, on disait que les gens avaient que ça a faire d’être sur le net et d’écouter de la musique. Mais c’est pas si sûr. Pendant le confinement on a eu un call avec un mec avec qui on bosse, et il nous a dit que les écoutes sur Spotify, Deezer et autre, que tout cela était en train de chuter. Les écoutes je veux dire. Pendant le confinement.

Angie : ouais. En fait les gens ils écoutent de la musique sur leur trajet le matin pour aller au boulot. Dans le métro, quand ils marchent, à la salle… Et tous ces moments là pendant le confinement ils avaient disparus, donc les écoutes ont chuté.

Et vous avez fait comment pour votre morceau et le clip ? Vous avez tout enregistré avant ?

Margot : C’était prêt avant. On devait le sortir à une date qui est du coup, tombée en plein milieu du confinement. C’était prêt depuis un moment. Single et la live Session qui allait à côté. Et on avait envie de le sortir, confinement ou pas. Pour nous c’était important, le dernier EP commençait à dater, et on voulait présenter cette nouvelle texture de son sur laquelle on travaillait et qu’on aimait mieux. On avait cette envie de voir quelque chose qui nous ressemble mieux sur les plateformes plutôt que des sons qui nous semblaient plus anciens, enfin à nos yeux. Donc on s’est dit : on y va. On sort le single.

Aucun regret ?

Margot : aucun regret. Le seul problème c’est qu’on a pas pu faire de concerts ou de live pour appuyer le fait qu’on avait une sortie. Et du coup pas spécialement de presse. Mais en terme de retombées d’écoute et de partages c’était très correct.

Bon parlons un peu de ce morceau alors « Louise »… Question évidente : qui est Louise ?

Manon : Bonne question ! (rire)

Margot : Ahh…. Louise c’est un peu toi, c’est un peu moi, c’est un peu tout le monde !

Manon : Oui voilà c’est une juste une histoire d’amour comme ça.

Mais qui a écrit le texte ?

Manon : Margot et Moi

Margot : Manon et moi

Angie : elles se rejettent la faute ! N’importe quoi (rires)

Manon : Le refrain on l’avait depuis longtemps, la mélodie nous trottait dans la tête. C’était juste un bout de chanson… Et pendant longtemps ! Parce qu’en fait : on voulait changer le prénom dans le titre, et on trouvait pas, donc on n’allait pas plus loin que ce bout là. Et puis au bout d’un moment on s’est rendu à l’évidence : c’est le seul qui marche et il fallait le garder. Donc on l’a gardé. Et Margot à écrit les couplets.

Margot : je voulais une chanson d’amour un peu épique, dire que peu importe ce qu’il se passe, j’irai rejoindre Louise. C’est une ode à l’amour.

Ah merde je pensais que c’était une réponse au morceau  « Louis Louis » ! Bon du coup si on ne sait pas qui est Louise, est-ce qu’on peut savoir qui est Slurp ?

Manon : Alors Slurp, c’est Margot, Angie et moi. On met tout nos cerveaux ensemble et puis on fait du rock.

Margot : trois cerveaux ? Moi je pense qu’à trois on atteint à peine le cerveau et demi.

Vous vous appeliez Dragon’s Daughters avant ! Pourquoi ce changement ?

Manon : c’était hyper logique. Avec Margot on fait de la musique ensemble depuis longtemps. Mais c’était autre chose. Angie est arrivée, et avec elle c’était autre chose qui commençait. Le son a changé. Et l’ambition aussi. En passant de Dragon’s Daughters à Slurp, on se dit à nous même voilà, la musique ça va plus être le en plus, mais le principal de nos journées. Voilà. C’est quasiment un nouveau groupe, donc un nouveau nom !

Margot : Angie c’est la petite dernière. Mais la plus vieille. Et voilà, c’est le dernier légo de la pièce !

A trois : la fraise sur le gâteau (Margot seule : ouiiii, l’étoile de Noël sur le sapin, et Angie de lui répondre : oh mais j’aime trop cette comparaison ! Manon : une étoile brillante et piquante)

Manon qui continue sérieusement : voilà, c’était pour dire on n’est plus le groupe du lycée du coin. Là on change de dimension.

Bon et alors : Slurp ça se prononce comment ? On met du Z dans le S, on roule le mot un peu ?

Margot : on dit SLURP (meilleur moment d’interview de ma mince carrière : trois nanas qui font des slurp et qui m’explique que c’est plutôt court, qu’il faut pas trop que ça roule et que c’est un vrai bon S qu’il faut dire !)

Faites moi vos plus beaux Slurp du coup

Margot, Manon & Angie se lancent dans un concours d’avalage de spaghetti, ça aspire du S de la manière la plus rock qui soit. Ou alors fond de paille dans le sirop qui va chercher les dernières gouttes de nectar au fond du verre.

Ah oui on est sur de l’onomatopée tout de même ! Du coup en concert vous faites quoi ? « Salut ! On est (bruit de paille qui aspire le fond du verre) sllllurrrrrp ».

Rires. Non mais en vrai on dit « salut, c’est Slurp »

NDLR : on se motive pour faire de Slurp le nouveau « c’est cool » argotique ? Exemple : Tu as vu le dernier film de bidule ? Ouais c’est carrément Slurp. Bananas n’a qu’à bien se tenir.

Et du coup le Slurp c’est quoi ? La glace qu’on lèche ? Un truc un peu plus sexe ?

Manon : c’est carrément tout ça ! Un peu ce que tu veux. Slurp.

Non parce que vous avez quand même fait des culottes avec le logo du groupe et le Slurp dessus quoi. La culotte Slurp.

Angie : C’est toute la finesse de la vanne !!

Comment on se dit : tient, on va vendre des culottes à un concert ?

Manon : de base on voulait faire des masques genre pour le Covid, on se disait que ça pouvait être une jolie idée de Goodies.

Vannes lourdes : Slurp ça peut être que en Haut ou en bas !

Manon : exactement. Mais comme on a fait les masques nous mêmes avec papier transfert et tout, il restait du transfert donc on a pensé à faire les culottes. Et c’est de la bonne qualité : 100 % coton s’il vous plait ! Et on a fait ça la veille du concert.

Margot : huit heures de transferts culottes et masques, juste pour l’amour des fans et de la musique. Et on ne pouvait même pas inviter les copains on n’avait qu’un seul fer à repasser !

Manon : puis ça nous a rapproché quoi.

Margot : bah oui nous qui ne nous connaissons pas très bien ! (rires)

Manon : après il y avait aussi une question éthique. La boîte qu’on utilise normalement pour nos T-shirts a fait faillite… C’était une boîte familiale, locale… Ils n’ont pas résisté au Covid. Du coup on a dû le faire nous pour être sûres de ne pas prendre n’importe quoi le temps de trouver un nouveau partenaire pour le merch. C’est mieux que de commander des trucs pas chers sur le net et que ça soit fait à l’autre bout du monde par des gens payés au lance-pierres. Et ça a super bien marché d’ailleurs, on a quasiment tout vendu. Et tant mieux parce qu’il fallait rentrer un peu des fonds.

Et alors putain : pourquoi pas de caleçons ?

Margot : en fait, en 100 % coton, les slips et caleçons étaient trop chers. On aurait dû les revendre trop chers. Donc là on cherche quelque chose pour que ça soit sur un prix proche des culottes. Mais de toutes façons on est en plein travail là-dessus pour proposer des slips et culottes de toutes les tailles, qui vont à tout le monde, dans lesquels on se sent bien.

Et du coup là vous me parlez de Merch, de boîte et tout… Mais vous, en tant que groupe là, pour non pas faire vivre la musique mais vivre de la musique, ça se passe comment en ce moment, vous tenez le coup ?

Margot : on a eu la chance d’avoir une subvention des Hauts-de-Seine. Via un parcours d’accompagnement à la professionnalisation des artistes, quelque chose du genre (Angie souffle des artistiquesssssss comme ça en embêtant sa chanteuse, pas bien holalala), ça donne PAPA en acronyme (les deux autres derrières : le PAPA SI SI QUOI). Donc ça nous a permis d’investir dans le Merch, de bien nous lancer. Et on a de quoi investir dans le groupe. Franchement ça va.

Puis vous avez eu Yarol Poupaud tout de même sur le premier EP, c’est pas rien !

Margot : En fait, on s’est retrouvées à faire la première partie de son groupe, Black Minou, au Bus Palladium. Et ça a vraiment bien matché, salle comble, super soirée. Et il nous a recontactées, il est revenu nous chercher et tout, et il nous a amené en studio. Super moment. Super pro. Hyper bienveillant, et ça s’est fait vite, 6 titres en deux jours.

Donc EP, puis là single, et la suite… Album ?

Margot : Non. Là on a besoin de repartir sur un enregistrement. Maintenant qu’on a grandi (Angie : tu n’as pas grandi d’un centimètre, fais pas genre tu dépasses le mètre 60 !), on veut encore affiner notre son, et puis là on a notre cher Hugo Cechosz, qu’on a rencontré, et qui nous suit et nous sert un peu de « réal » disons, sur la suite, on avance vraiment sur le son là. Donc là on travaille des morceaux, notamment un prochain single qui sortira sans doute en Janvier.

Manon : on attend le prochain album des Strokes pour le sortir du coup !

Surtout que là le single a un super son quoi.

Manon : Merci Hugo quoi ! Il nous a enregistré un truc super. Mais ça fait longtemps qu’on le connait, c’est lui qui avait fait nos premières démos au tout début. Et là maintenant qu’il bosse pour un meilleur studio… Puis y’a eu un genre de nouveau coup de foudre. Hugo c’est la mifa. On arrive en studio, on lui dit on veut tel son, et il nous sort quelque chose de parfait. Et puis… On a été en studio avec des mecs ultra condescendants, donc là, arriver en studio avec quelqu’un qui est juste passionné, et qui ne voit que la musique, qui est bienveillant, toujours à fond. La pépite quoi. On a une super équipe.

Rien à voir mais, vous êtes le premier concert que j’ai fait après le confinement ! Un des trucs les plus bizarres que j’ai fait dans le monde de la musique…. Pogo dans la fosse mais avec le masque quoi. WTF. Donc vous, en tant qu’artiste, ça fait quoi de se retrouver dans cette situation ?

Margot : Honnêtement c’était une des meilleures situations possibles vu les conditions actuelles parce que les gens étaient quand même debout, proches les uns des autres, ils dansaient énormément, ça respirait la bonne humeur même si on ne pouvait pas voir les sourires parce que quand même ils portaient les masques, ce qui est quand même en soi plutôt bien.

Manon : c’est bizarre de voir que les yeux mais on s’attendait tellement à ce que les prochains concerts soient avec des gens assis à deux mètres les uns des autres avec nous très très loin, là les gens se sont jeté de la bière, ça dansait quand même et ça faisait tellement du bien donc en fait heureusement que c’est arrivé parce que sinon on serait enterrées dans une déprime profonde.

Parce que là vous êtes vraiment en manque de concerts du coup…

En chœur : ah oui mais grave, nous on reste un groupe live

@sebastian Ervi

Vous avez une chanson qui s’appelle « Pocket Pussy »….

Margot : les questions sur le féminisme attention 3,2,1 c’est parti !

Encore une fois sur ces questions là si vous me dites « next », y a pas de souci. Ce qui me fait marrer c’est qu’à chaque fois à cette chanson, Manon prend le micro, et tu « dis si y en a qui sont pas d’accord, avec notre message féministe, ils sortent ». Est-ce qu’il y a des gens qui sont déjà sortis ? Est-ce que tu aimerais qu’un jour quelqu’un fasse ah moi je n’écoute pas ça et sorte ?

Manon : justement c’est un moment où on dit aux gens ici c’est un safe space pour tout le monde si t’es pas capable de faire ça tant pis pour toi et casse toi.

Moi j’avoue que ça fait deux fois que je vous vois et à chaque fois je peux pas m’empêcher de regarder la sortie en mode est-ce qu’il y a un gros fasciste qui va sortir ? (rires)

Manon : je ne pense pas qu’il sortirait. Moi ça m’est déjà arrivé après des concerts quand on joue « Pocket Pussy » généralement on fait toujours ce discours avant et ça m’est déjà arrivé plusieurs fois qu’il y ait des hommes qui viennent me voir à la fin du concert pour en discuter avec moi en mode vénère.

Sérieux ?

Margot : en mode genre c’est pas inclusif, c’est pas sympa de faire ça.

Manon : ils ne connaissent pas le mot inclusif de toutes façons.

Margot : moi si, on me l’a déjà dit ça, quelqu’un qui en plus est même genre en soi du même côté que nous dans la bataille et par contre est en mode « il ne faut pas exclure des gens ». Mais frère quand un connard te chopera le cul pendant un de nos concerts et qu’on essaiera de le virer, me dis pas que tu ne seras pas content qu’il se casse.

Manon : quelqu’un sur scène qui dit « toi espèce de grosse merde, la sortie elle est là-bas »

Moi cette phrase là je l’adore. Je sais pas si c’est un rituel mais elle est trop bien cette phrase : « si t’es pas content casse toi quoi ! »

Manon : moi ça m’est déjà arrivé qu’après un concert un mec vienne me dire « ah j’ai kiffé la musique mais j’ai pas kiffé le moment où t’as dit que tu détestais tous les hommes. Et je réponds que j’ai jamais dit ça et qu’il déforme ce que j’ai dit et je lui dit si tu veux on en parle.

Est ce que tous les hommes devraient s’acheter une pocket pussy ?

Manon : s’ils le souhaitent oui, s’ils le souhaitent pas non.

Est ce qu’ils seraient moins cons ?

Margot : non en fait le truc c’est qu’on est personne pour décider de la façon de penser de tout le monde mais c’est notre concert et on a droit de parler de ce qu’on veut et nous on a envie que tout le monde se sente le mieux possible dans le respect de chacun et de tous alors on pose nos limites.

Manon : en fait je trouve ça ouf, genre ça m’est arrivé peu de fois d’aller à un concert où y a quelqu’un sur scène qui dit je rappelle qu’ici tout le monde est accepté, que si t’as un problème il faut nous le dire. Tu vois genre créer un truc où tout le monde est à l’aise, rarement. Alors que la personne qui est sur scène elle a littéralement tout le pouvoir du monde entre ses mains au moment où elle est sur la scène.

@Non2non

Vous vous revendiqueriez comme militantes ou pas du tout ?

Angie : non c’est comme tout, tu parles dans tes chansons des trucs auxquels t’es confronté dans la vie de manière générale mais ça peut être ça comme un truc plus général, comme une histoire d’amour et c’est pas une position de militante c’est une position normale et logique en fait.

Margot : après je pense que c’est perçu comme militant par la plupart des gens parce qu’on est encore au stade où, dès que tu parles d’un truc que tu vis, que tu ressens, ça peut pas être juste normal pour les gens. Et puis,  pour nous c’est tellement naturel, normal de parler de ça qu’on ne se rend même pas compte.

Manon : dans nos conversations, quand on est ensemble ou avec nos potes, c’est des trucs dont on parle tout le temps, des trucs qui nous intéressent, pour moi c’est aberrant de me dire que j’ai les moyens de pouvoir en parler, de pouvoir faire réfléchir les gens dessus et de ne pas le faire. Même si tu peux ne pas en parler dans ta chanson mais en parler sur les réseaux sociaux. Si t’en n’a pas rien à foutre, fais ! ça prend deux secondes et demi de partager un truc dans ta story instagram et ça prend deux secondes sur scène de dire « ici si t ‘as un problème avec quelqu’un qui est un énorme connard avec toi, si c’est un énorme connard on le sort », ça prend deux secondes, zéro effort.

Par rapport à ce que vous m’avez dit, sur la réaction de certains mecs à vos concerts, c’est plus difficile aujourd’hui que dans les années 80 d’être un groupe de filles selon vous ?

Margot : en fait ils essaient de retourner la situation contre toi en mode c’est toi le problème, t’es pas une bonne féministe, il ou elle d’ailleurs hein ! ça arrive aussi que ce soit des filles, y a pas de sexe pour être con !

Manon : ça nous est arrivé aussi que des meufs sortent de notre concert parce qu’elles n’aimaient pas ce qu’on disait.

Quand on dit « not all men » les gens ramènent ça à leur propre personne mais ce n’est pas individuel c’est structurel. Et c’est trop cool cette phrase de bienveillance sur scène dans un contexte très compliqué et ce concert là c’est une petite bulle de bonheur. Et j’ai l’impression que c’est sincère et tant mieux ça me ferait chier que ce soit juste une posture même presque militante.

Margot : on ne fait même pas « exprès ». Pour te dire à quel point on ne fait pas exprès, c’est que quand on a commencé à faire de la musique, il y a 5 ans, on était aussi trois filles, c’était juste pas Angie à la batterie, et je pense que c’est jusqu’à ce qu’on fasse notre premier concert qu’on s’est rendu compte qu’on était un groupe de meufs, on s’en était même pas rendu compte avant.

Manon : c’est pour ça qu’on essaie de faire que des trucs qu’on a envie de faire. Des fois on fait des trucs et on nous dit qu’on joue grave sur le fait qu’on est des meufs mais en fait non. On est un groupe de copines qui font de la musique ensemble et en fait ta gueule quoi !

Angie : après les gens sont tellement cons qu’on en joue tu vois. A la Boule Noire on avait pris en photo nos culs en mode « venez voir nos boules blancs à la boule noire »

Manon : c’est d’ailleurs à ce jour notre photo la plus populaire sur internet et c’était trop marrant. Faut le prendre comme une bonne blague.

Margot : la plupart des trucs on les fait parce que c’est drôle… C’est drôle ou alors ça nous fait plaisir au niveau de la musique

Angie : c’est ironique, y a jamais un seul moment où on se dit là on va être en mode provocantes.

Manon : mon ancien collègue m’avait dit « vous jouez grave sur le fait que vous êtes des meufs, quand vous vous habillez pour les concerts, vous mettez des jupes, des robes ». Il voulait qu’on vienne en sacs ? Quand t’es une femme dans notre société j’ai l’impression que tes choix sont plus remis en question que pour des mecs qui feraient la même chose que toi. C’est con mais si nous on vient en mode pyjama sur scène ça sera « tu aurais pu faire un effort » et si on vient en nuisette, ça sera « vous jouez grave là dessus ».

Margot : y a pas de bonne réponse de toute manière. Quand les gens sont cons de toutes manières peu importe ce que tu fais.

Vous n’êtes pas militantes mais de fait, bien obligées.

Manon : je pense que c’était pas une arrière pensée au moment où on a commencé le groupe.

De toute façon vous faites un peu du punk quand même. Est ce qu’on peut faire du punk sans message derrière ?

Manon : moi je ne pense pas.

Est-ce qu’être punk ce n’est pas nécessairement être féministe aujourd’hui ?

Margot : j’espère et j’espère que tous les gens qui font du punk et on un semblant de militantisme vont dans la direction du féminisme. Qui au final n’est juste que de l’humanisme.

Manon : je pense que le punk aujourd’hui est en train de s’adapter et il est super intéressant de nos jours.

Vous vous dites punks ?

Manon : moi je ne pense pas. Certaines de nos chansons le sont mais individuellement je ne pense pas qu’on soit des punks.

Y a quand même écrit « looking for trouble » sur ton tee-shirt !

Manon : qui est un tee-shirt SORRY, un groupe de Punk justement, qui est justement sur comment le punk évolue maintenant, je pense que SORRY quand on les écoute on se dit que c’est grave punk mais c’est pas du punk dans les codes, c’est pas des Sex Pistols, pas des Ramones, c’est tout doux c’est hyper nice mais c’est le punk de 2020.

Il me reste deux questions pour boucler la partie féministe. La première, quel est le pire truc qu’un homme vous ait sorti dans le monde de la musique ?

En chœur : vous faites du rock ou du rock féminin ? (rires)

Angie : c’était un journaliste pour la sortie du premier Ep. On n’a pas répondu à la question, on a juste répondu oui. Et la personne a enlevé la question de l’interview !

Margot : un truc qui m’a marquée c’est le tout premier concert qu’on a fait. La semaine d’après, dans le lieu où on répète à Sèvres y a un mec qui nous a reconnues du concert, c’était la première fois.

Manon : tu te sens comme une putain de star…. Bon pas quand tu auras la suite…. Genre t’as 16 ans, tu viens de faire ton premier concert, t’es power et tout et là y a un type qui vient et et dit « hé mais je vous ai vues je crois en concert la semaine dernière, mon pote m’a dit que vous aviez des super gros seins » ! Il a dit quelque chose sur la musique ? Non non, il a dit que vous aviez des hyper gros seins. Bon ben c’est ma première expérience en tant que personne qui fait de la musique et qui sans faire exprès est une meuf.

Margot : et c’est là que j’ai réalisé qu’on était un groupe avec des filles alors que ça faisait trois mois qu’on répétait dans le sous-sol de chez mes parents et je ne m’en étais pas rendue compte.

Manon : et le nombre de fois aussi où on nous a dit « vous faites de la musique de merde mais ça va parce que vous avez des gros seins ». Et c’est systématiquement des hommes qui disent ça.

Vous avez appris à jouer de la zic ensemble en mode dans la chambre ou dans la cave ?

En chœur : un peu ouais.

Margot : moi je faisais un peu de zic aussi avant. j’ai joué du violoncelle.

Manon : moi j’ai trop envie que tu joues du violoncelle sur des enregistrements ça pourrait être trop bien.

Angie : moi j’ai commencé en conservatoire… Puis j’ai arrêté, ça me faisait trop chier soyons honnête.

Là vous êtes au début de la belle aventure.

Manon : je pense qu’on a un gros avantage c’est d’avoir des gros seins (rires) non c’est d’être super copines.

Dernière question sur le féminisme. Y a un truc qui est connu dans l’histoire du rock français, c’est que les Stones répétaient au même endroit que Téléphone à Paris et Mick Jagger était en jam avec les membres du groupe et draguait Corine qui était, avant l’heure, un peu vénère sur le féminisme, et Mick Jagger la drague lourdement parce qu’il niquait tout ce qui bougeait et personne ne lui disait non et elle lui a mis un gros vent et lui, de rage, lui a dit «  de toutes façons le rock c’est pas fait pour les meufs » « there is no girl in rock n roll ». Bon Mick Jagger ne lira jamais cette interview mais…. qu’est ce que vous lui diriez ?

Manon : Qu’il est vraiment un gros débile. J’aime beaucoup les Rolling Stones et c’est tellement dommage quand t’es un putain de leader du genre et que tu dis des trucs comme ça. Et en fait il a raison aussi, parce que c’est aussi un fait. Et c’est peut-être le pire.

Angie : c’est un boomer !!

Et à l’inverse, vous diriez quoi à Corine qui s’est pris le machisme dans le rock 50 ans avant vous ?

Manon : je lui dirais merci…. mais moi je l’aurais pécho Jagger quand même (rires)

Vous écoutez un peu de metal ou pas ?

En choeur : Angie oui.

Pourquoi vous ne chantez pas en français au fait, vu qu’on parle de Téléphone ?

Margot : pour le style qu’on fait on trouve que l’anglais c’est plus cohérent, Manon est moitié irlandaise donc l’anglais ça va et moi j’ai grandi avec elle. Donc j’ai dû apprendre l’anglais.

Ah oui sœur ou presque quoi, vous deux (Manon et Margot) !

Margot : on s’est rencontrées on avait 9 ans et on s’est vues tous les jours depuis. Le maximum qu’on ait du faire c’est trois semaines sans se voir.

Vous n’écrivez pas du tout en français ? Même pas de la poésie ?

Margot : si moi j’écris beaucoup en français pour moi mais je n’ai pas du tout envie de le mettre en musique. C’est un truc que j’ai envie de garder pour moi.

« Les feuilles mortes », la chanson de Prévert, je suis dégoûté que vous ne la fassiez plus en live. Pourquoi d’ailleurs avoir choisi celle de Gainsbourg et pas celle de Montand ?

Manon : celle de Gainsbourg on l’a jouée en live. En fait pendant longtemps on a fait une reprise de l’amant de Saint-Jean et les gens nous demandaient pourquoi on ne faisait pas de chansons en français et on s’est dit que si on mettait une reprise en français dans notre set, tout le monde serait content. On n’a pas besoin d’écrire une chanson en français parce qu’on n’a pas envie de le faire et en même temps on fait plaisir aux gens qui ont envie d’entendre Margot chanter en français. On a donc fait l’amant de Saint-Jean pendant longtemps, on a décidé de la changer et on a fait la chanson de Prévert.

Margot : quand on a enregistré, on est arrivées avec deux chansons. Deux singles. Et on en avait un troisième au cas où. Et nos chansons étaient tellement courtes et efficaces, qu’on a eu plus de temps et on s’est retrouvées à enregistrer trois chansons en plus que ce qu’on avait prévu. Du coup on s’est dit on fait un Ep. Et la dernière qu’on a enregistrée c’était  la chanson de Prévert, c’était une reprise qu’on faisait sur scène. C’était la fin de l’enregistrement, on était grave détendues du stress d’être en studio, de faire les choses bien et c’est pas notre chanson, c’est peut-être pour ça que c’est fun. Et on l’a gardée pour l’Ep parce qu’on la trouvait cool.

Manon : récemment on a écrit pas mal de chansons engagées, dont une sur le consentement et une sur le viol, on les as jouées en live au Trabendo et c’est pas du tout un truc où on prend le temps d’en parler avant et d’expliquer « salut les gars, comment vous allez ? cette chanson parle de viol, préparez-vous».

Angie : putain ces féministes qui cassent l’ambiance en soirée (rires).

Margot : ouais c’est ça et d’écrire en anglais ça met une barrière en plus, t’as pas tout le vocabulaire que t’as en français, toutes les expressions que tu peux utiliser. Nous on écoute toutes de la musique anglophone et généralement si t’aimes la chanson tu lis les paroles sur internet. Je pense qu’on écrit ce qu’on a envie d’écrire. Ce qui est le plus naturel pour nous et ce qu’on aime le plus faire c’est écrire en anglais. Peut-être qu’un jour on écrira en français, en espagnol ou en portugais, qui sait.

Angie : oh oui ! claro qué si ! vamos a escribir en espanol !

Le temps passe, déjà plus d’une heure que cette interview a débuté ! je vais vous demander un mot de la fin chacune.

Margot : ouais ouais ouais ouais ouaiaiaiaiaisaisais (vocalises)

Manon (en chantant) : moi je le fais mieux qu’elle, salut les amis ! Salut les amisssss

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