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Interview du groupe Dusk of Delusion qui sort son 2e album, Watch your 6, aujourd’hui.

Le 26 février 2020, les lorrains de Dusk of Delusion étaient de passage au Black Dog (Paris) pour parler de leur nouvel album Watch your 6 dont la sortie est prévue pour le 20 mars.

Bonjour Julien, quelle est ta place dans le groupe ?
Je suis le chef ! (rires) Non je suis le bassiste et chef de bande on va dire. J’essaie de leur faire croire que je suis le chef, disons que c’est moi qui ait beaucoup donné à Dusk of Delusion son style et sa patte.

Vous avez fait une tournée de 35 dates pour le (F)unTour avec une première partie de Mass Hysteria en novembre 2019. Quand avez-vous trouvé le temps de composer ce nouvel album ?
Pendant la promo de (F)unFair, 4 titres de Watch your 6 étaient déjà composés donc après ça se compose petit à petit. Dans notre processus de composition, chacun amène sa proposition pré-finalisée sur laquelle chacun ensuite va apporter sa patte donc c’est assez facile d’amener des propositions rapidement. Si on compose un 3e album, on voudrait changer un petit peu. « Verdun » a été composée à trois et on aimerait que le prochain album soit plus dans cet esprit là.

Puisque tu me parles de « Verdun » c’est un titre qui dure presque dix minutes. Pourquoi ? En raison du thème ou bien parce que vous l’avez composé à 3 ?
Pour plusieurs raisons. « Verdun » est un morceau très atypique pour l’album parce que Mathieu et moi on fait partie de Alvarum, un groupe de metal prog et on s’était dit pourquoi ne pas faire un morceau un petit peu prog avec Dusk of Delusion, sans aller dans l’excès, pour changer un petit peu. Benoît nous a dit que le morceau qui pourrait s’y prêter c’est la bataille de Verdun parce que cette bataille c’est un roulement entre je monte au front, je retourne en arrière, je monte au front, ça se prêtait assez bien, en plus c’est une bataille qui a été assez longue. On a donc écrit la chanson en faisant varier ces émotions, le sentiment de bien être quand on est à l’arrière front et le sentiment de désespoir quand on est à l’avant. On a imaginé que, pour le soldat, chaque période devait être différente. Même quand il revenait deux fois à l’arrière front, ce n’était pas la même chose en fonction de ce qu’il avait vécu. On est donc partis sur quelque chose de prog en ne mettant jamais la même partie. Chaque riff est différent.

Claude (guitariste) nous rejoint.

Et les autres étaient d’accord pour du metal prog ?
Julien : pour un morceau à petite dose oui. Dusk of Delusion c’est un groupe démocratique mais c’est moi le chef (rires)
Claude : démocratique jusqu’à un certain point (rires).
Julien : C’est une démocratie influencée comme j’aime bien dire. On propose des idées, si la majorité est d’accord , on accepte l’idée.

« Plutôt que de raconter “la grande guerre”, on a raconté des petites histoires de la grande guerre. »

Puisqu’on parle de « Verdun », on va aborder le thème de l’abum. Dans le premier album, vous nous emmeniez dans une foire glauque et lugubre de la fin du XIXème siècle. Dans Watch Your 6 vous avez choisi d’aborder le thème de la première guerre mondiale. Ce n’est donc plus de la fiction mais la réalité. Pouvez-vous expliquer ce choix ? Y a-t-il eu un gros travail de documentation ?
Claude : il faut savoir que notre ami et chanteur Benoît est extrêmement passionné de cette période et professeur d’histoire/géo. On avait donc un gros fond de documentation grâce à lui qui nous a permis de vraiment faire une investigation, c’est lui qui a proposé ce thème et ça a été validé démocratiquement
Julien : le thème a été trouvé à la sortie de (F)unFair alors qu’on était en tournée. On était dans un bar à Paris, on se demandait quel thème choisir pour un 2e album et Benoît nous a dit qu’il aimerait bien faire un truc sur la première guerre mondiale. On lui a répondu, la première guerre mondiale c’est bien mais il faut que ce soit une espèce de concept. On est donc partis sur les émotions que les personnages ayant vécu cette guerre pouvaient ressentir au travers de petites histoires “historiques”.
Claude : même si la première guerre est un fil rouge factuel, plutôt que de faire un cours d’histoire sur un album, on a pris la direction de raconter des petites histoires, un peu comme on l’a fait dans (F)unFair, raconter la guerre vécue par des personnes à travers leur point de vue, leurs sentiments, leur ressenti, leur histoire et plutôt que de raconter “la grande guerre” comme elle est intitulée dans les livres, on a raconté des petites histoires de la grande guerre. Il y a une part de travail d’imagination et une part de recherche. Pour « Letters to C » par exemple, les correspondances de poilus ont été une grosse source d’inspiration factuelle et sur ce morceau là il y a eu un vrai travail de documentation. Par contre pour « Bo3jie Okha », le point de vue d’un homme du peuple qui voit la chute du tsarisme et la  montée du bolchévisme, son ressenti à lui est plus un travail de fiction qu’un travail de recherche documentée.

« La vie d’un soldat pendant la guerre est la même pour un français ou un allemand ».

Vous ne parlez pas que des français, c’est pour montrer l’universalité des sentiments ?
Julien : c’est tout à fait ça, les sentiments sont universels. On ne voulait pas qu’il y ait une espèce de parti pris. La vie d’un soldat pendant la guerre est la même pour un français ou un allemand. « The Messenger » parle d’un jeune soldat anglais. On a l’anglais, le russe, le serbe, l’allemand, le français.
Claude : dans les points factuels qu’on a voulu garder historiquement parlant on voulait que « Serbian’s gate » ouvre l’album car c’est le morceau qui raconte l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand et de sa femme, le casus belli qui a déclenché par la suite le début de la première guerre mondiale. On voulait ouvrir l’album avec ce titre tout comme cet incident a ouvert les portes à la guerre.

« Watch Your 6 signifie surveille tes arrières ».

Que signifie le titre de l’album Watch Your 6 ?
Julien : c’est une expression militaire qui a un rapport avec l’horloge. Ennemi à 12 heures, ennemi droit devant, ennemi à 6 heures, c’est dans le dos, les arrières, donc  Watch Your 6, surveille tes arrières.
Claude : c’est une expression militaire qui collait super bien. Quand le titre a été proposé il n’y a pas eu de débat, on est tous tombés d’accord, comme (F)unFair qui était passé comme une lettre à la poste.

Le 6 mars devrait sortir le premier clip de l’album tourné avec l’association des poilus de la Marne. Comment les avez-vous rencontrés ?
Julien : En tant que prof d’histoire, Benoît avait des contacts avec un des acteurs de cette association, qu’il avait croisé lors d’une sortie avec ses élèves. C’était exactement ce qu’il nous fallait pour avoir un rendu réaliste et ça s’est fait assez naturellement avec eux.
Claude : l’ambiance de tournage a vraiment été super, humainement ça a été un moment très enrichissant, en tout cas moi j’ai passé deux jours fantastiques sur le tournage. Ils sont extrêmement investis dans le travail de reconstitution historique.

Le clip sort le 6 mars mais je suppose qu’il est terminé. Vous l’avez vu ?
En choeur : oui ! On est extrêmement contents !
Claude : je suis assez avare en compliments mais visuellement il est très beau.
Julien : les poilus amènent tout un univers avec eux, ils sont venus avec l’uniforme, le paquetage, tous les accessoires qui vont avec. Ils ont remis à jour une tranchée qui existait et l’on refaite comme d’époque.
Claude : l’asso a conçu des espèces de murs de tranchées sur des panneaux transportables, ils ont juste à les poser dans les tranchées et ça refait le décor d’époque. C’est saisissant.

L’association des poilus, quand ils ont su que c’était un clip de metal extrême, n’ont eu aucune hésitation ?
Julien : on n’est pas très extrêmes non plus ! (rires) Et en discutant avec eux, on s’est aperçus qu’il y en a beaucoup qui écoutent du metal.
Claude : au contraire ils étaient très enthousiastes à l’idée de bosser avec nous, ça les amusait beaucoup de travailler dans ce cadre là.

Le choix du titre « Letters to C » pour le clip ?
Julien : musicalement c’est le plus facile d’approche, un single en puissance. Et on s’est dit aussi que c’était le plus facile à mettre en scène parce qu’on n’a pas besoin de faire des explosions, on reste dans le côté un peu intimiste, celui des lettres.

Parlez moi un peu de cette version piano de « Letters to C » ? Un album acoustique serait-il envisageable ?
Julien : on avait potentiellement un petit show acoustique à faire donc on avait commencé à travailler des morceaux acoustiques. Déjà à l’époque de (F)unFair on avait fait deux, trois morceaux acoustiques notamment à la release party pour une petite partie intimiste. On aime bien jouer donc même si en intimiste on est obligés de se retenir c’est super intéressant aussi, ça reste la même musique mais faite différemment. Tout est envisageable.

Pensez-vous que l’émotion pourrait être plus forte en acoustique ? Ou bien la violence du metal extrême est elle essentielle à cet album ?
Julien : plus forte je ne sais pas mais transmise différemment, ça c’est clair, je pense que ça pourrait être plus fort parce que la violence de la musique et le côté metal n’étant pas présents, c’est vraiment le texte et l’interprétation qui auront la part belle et ça pourrait être intéressant de faire une version acoustique de l’album.

« On est des gens cools dans la vie de tous les jours et le metal extrême permet de faire sortir tout ce qu’on a besoin de faire sortir ».

Pourquoi ce choix du metal extrême comme mode d’expression artistique ?
Claude : pour moi c’est un exutoire.
Julien : on est des gens cools dans la vie de tous les jours et ça permet de faire sortir tout ce qu’on a besoin de faire sortir.
Claude : Le studio je le fais par nécessité, parce qu’à un moment il faut travailler et enregistrer un album, mais je ne suis pas un musicien de studio c’est vraiment une corvée pour moi, ma maison c’est la scène.
Julien : moi je ne dirais pas que c’est une corvée, la partie enregistrement peut-être parce qu’il faut vraiment se concentrer et c’est l’instrument et la technique qui sont importants mais le côté arrangements, mixage, pour moi c’est là que tu crées vraiment ta chanson telle que tu l’idéalisais.

Quand on fait le choix du concept album avec un univers précis, ce n’est pas un peu compliqué ensuite sur scène de passer d’un univers à l’autre ?
Julien : je pense qu’on abandonne un peu le concept sur scène. On focalise vraiment sur l’énergie et le show. Les tenues qu’on a dans le clip on va les avoir sur scène parce qu’on va rester quand même dans le thème du 2e album vu qu’on est dans l’axe de sa promotion mais à part ça, sur scène on n’a pas de scénarisation particulière, pas de gros décor, de toutes façons on n’a pas le budget pour le gros décor !

« On a essayé de travailler pour que les contreparties soient les plus intéressantes possibles et assez personnalisées. Pour la petite anecdote, moi je kiffe tellement le tee-shirt blanc que j’ai auto commandé un pack avec mon argent personnel parce que je le voulais ! »

Puisqu’on parle d’argent, il y a deux ans vous m’aviez dit préférer ne pas passer par un système de financement participatif. Qu’est ce qui vous a fait changer d’avis ?
Claude : on a revu légèrement notre positionnement compte tenu de ce qu’on voulait faire. Décemment, avec nos revenus, on ne pouvait pas assurer un travail à la hauteur de nos attentes et on s’est résolus à passer par un financement participatif. Cependant, on a demandé quand même un palier de financement relativement modeste au regard du coût réel de l’album, c’est une question aussi de fierté personnelle, ça reste notre projet. Mon bébé je tiens à participer activement et financièrement à sa production.
Julien : pour le premier album, personne ne nous connaissait spécialement, on ne pouvait pas décemment demander à des gens qui ne nous ont jamais vus de participer au financement. C’était un peu déplacé pour un premier album. Pour un deuximèe, on a senti qu’à force de tourner pour le premier, il y avait du public très réceptif à ce qu’on faisait. On s’est dit qu’il fallait peut-être mettre la barre un peu plus haut au niveau de ce qu’on allait leur donner et ça veut dire sortir plus d’argent. Alors pourquoi ne pas les faire participer à ce projet ?
Claude : on a essayé de travailler pour que les contreparties soient les plus intéressantes possibles et assez personnalisées. Pour la petite anecdote, moi je kiffe tellement le tee-shirt blanc que j’ai auto commandé un pack avec mon argent personnel parce que je le voulais ! (rires)

« Cette pochette est sobre mais elle claque. »

C’était une évidence de faire appel de nouveau à Chromatorium pour l’artwork ?
Claude : oui, quand les gens autour de nous travaillent à la hauteur de nos attentes on ne voit pas pourquoi on en changerait, idem pour le mastering de l’album on a bossé avec la même personne également. Par contre on a voulu prendre une tangente par rapport au premier album puisque c’est la guerre, c’est austère, c’est le début du 20e siècle, c’est le marasme, c’est sombre et le noir et blanc c’est imposé. Cette pochette est sobre mais elle claque.

L’avenir du groupe comment vous l’envisagez ? Deux ans c’est peu entre deux albums, vous aimeriez rester sur ce rythme là ?
Julien : moi j’aimerais bien oui parce que la composition c’est quand même un plaisir qui fait aller de l’avant et c’est un besoin. Dès que je prends ma basse, une guitare ou un piano, je compose.

Pas d’angoisse de la page blanche donc !
Claude : moi je l’ai l’angoisse de la page blanche.
Julien : mais toi tu composes moins aussi.
Claude : je n’ai jamais eu la fibre d’un compositeur, j’aime bien arranger, j’aime bien qu’on me propose une base de travail et ensuite voir ce que je peux faire par dessus mais partir de la feuille blanche c’est très très dur pour moi.
Julien : tandis que pour moi c’est tellement immédiat que je me freine parce que les prochains on devrait les composer de manière collégiale.

Le mot de la fin ?
Claude : chaise (rires)
Julien : écoutez l’album !
Claude : j’ajouterais qu’on a pris un grand grand plaisir à travailler sur cet album, on en est très fiers et on espère qu’il plaira aux gens autant que ça nous a plu de travailler dessus.

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